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Victor Muffat-Jeandet : «Une de mes saisons les plus enrichissantes et constructives»

Victor Muffat-Jeandet vient de boucler sa saison de ski aux championnats de France par un brillant triplé en Slalom, Géant et Combiné. Depuis Chatel, Victor nous livre ses impressions sur sa saison de Coupe du monde.

Copyright photo FFSTV

TopSkiNews : Que retiens-tu globalement de ta saison en Coupe du monde ?

VMJ : J’ai couru ma première course en Coupe du monde en 2009 et j’ai intégré le circuit au complet en 2013. Globalement, c’est difficile de trouver les mots justes pour décrire ma saison 2020/2021.

Je dirais que c’est une de mes saisons les plus enrichissantes et constructives. Mais elle n’a malheureusement pas eu assez de concret. Au niveau travail, elle a été plutôt bonne. Les bases ont été bien posées et il y a matière à aller beaucoup plus loin. C’est d’ailleurs pour cela qu’elle est presque un peu frustrante parce que tout ne s’est pas concrétisé par rapport à tout ce qui avait été mis en place.

TopSkiNews : Comment juges-tu ta saison en slalom ?

VMJ : J’ai énormément de satisfactions en slalom, surtout d’avoir réalisé ce premier podium. Je suis très content d’avoir réussi à cocher cette case. C’est l’aboutissement de tout le travail mis en place depuis plus d’un an avec mon équipementier Salomon et l’équipe de France et les coachs.

Mine de rien, cela représente quelque chose. J’ai réussi à faire des podiums dans trois disciplines : le géant, le slalom et le combiné. J’en suis très fier car cela montre ma polyvalence et on ne se rend pas toujours compte combien c’est difficile de réaliser cela.

Il y a eu de très belles choses en début de saison puisque je fais 5e dès la première course à Alta Badia. Ensuite, il y a eu des petites déconvenues. Je pense qu’il fallait passer par là, cela fait partie de l’apprentissage que d’arriver à être complétement libéré. J’ai notamment frôlé le podium à Madonna et à Adelboden. J’ai ensuite retrouvé les bons repères à partir de fin janvier.

Conclure avec ce podium à Kranjska Gora aura été une récompense et une grande satisfaction pour tout le monde et pour tout le travail qui a été réalisé.

TopSkiNews : Et en Géant ?

VMJ : Il y a eu autant de travail en géant qu’en slalom tant au niveau physique qu’au niveau technique. Malheureusement, je n’ai pas réussi à m’exprimer en géant. La discipline a énormément évolué en un an et je n’ai pas su anticiper ce virage. On était sur des distances entre portes de 27-28 m et on est passé à 25 m avec des tracés beaucoup plus tournants et serrés. J’étais très bien réglé au nveau technique et matériel sur des parcours où il y avait plus « d’air et de vie ».

La densité aussi a beaucoup évolué. En un an, je suis passé du mauvais côté du fil, et il est très fin. J’étais 10e mondial, je suis désormais 27e. Aujourd’hui il y a beaucoup plus de monde qui prend sa chance.

Pour autant, je n’ai rien lâché jusqu’au bout. Cela n’a pas été une partie de plaisir mais malgré tout j’ai essayé de donner le maximum en marquant des points et en restant dans les 30.

Ma saison en géant, je peux la résumer comme cela : Il y a eu beaucoup de travail mais zéro concret. C’est très frustrant, je ne pensais pas vivre cela !

Depuis Kranjska Gora, on a déjà travaillé pour la saison prochaine afin de trouver des petits réglages pour que je sois en meilleure harmonie avec cette discipline. Quand on les trouve, cela va tout de suite mieux comme par exemple dans mon géant aux championnats de France.

En ski, il faut prendre beaucoup de recul, garder la tête froide. On sait que cela peut aller très vite dans les deux sens. Je ne perds pas du tout espoir. Je vais continuer à travailler. J’ai encore de belles choses à réaliser, j’en suis certain.

TopSkiNews : Quel a été le meilleur moment de ta saison ?

VMJ : Sans hésiter, le podium en slalom à Kranjska Gora. Etre dans le combat dès la première manche, finir et voir du vert en bas, cela procure des émotions très fortes. En plus à Kranjska, tout était décuplé. Les conditions étaient tellement difficiles. Je me suis fait malmené par le tracé ! La surprise était d’autant plus incroyable d’arriver en bas et de voir que j’étais devant.

Il y a peu de fois où j’ai joué dans le « money time ». J’ai beaucoup apprécié cette sensation d’y être. C’est de l’expérience et un cap que j’ai passé cette année. 

TopSkiNews : Et ta plus grosse déception ?

VMJ : Le moment le plus dur, c’était à Bansko [Victor s’est classé 30e en première mache et 27e en final]. C’était juste après les mondiaux, on avait enchaîné et je n’avais pas pu me reposer. L’esprit et le corps était un peu fatigué et il y avait tout pour que je n’arrive pas à m’exprimer. Au-delà du résultat, c’est surtout la manière qui compte et de voir que tu n’arrives pas à faire ce que tu as envie de faire, c’est le plus frustrant !

TopSkiNews : Qu’est-ce que tu as appris tout au long de cette saison qui te seras utile dans l’avenir ?

VMJ : On apprend toujours. Aujourd’hui, j’ai 32 ans mais je pense que j’apprendrais durant toute ma vie.

J’ai beaucoup appris sur moi, comment je fonctionne, sur ce qui me va. On est tous différent en Coupe du monde. Y en a qui crie au départ, d’autres qui restent calmes. Cette année j’ai trouvé les réglages qui me vont et de voir que cela marche, cela m’a donné beaucoup de confiance et beaucoup d’expérience.

J’ai aussi appris à Adelboden où je me retrouve en seconde manche avec Clément à refermer le portillon… avant de sortir ! C’est aussi ce qui a fait qu’à Kranjska c’est passé du bon côté parce que j’avais appris de la situation d’Adelboden !

En résumé, ce que j’ai le plus appris, c’est me connaitre moi-même, me faire confiance, voir comment je fonctionne. Et c’est ce qui est le plus enrichissant pour la suite.

TopSkiNews : Tu es revenu dans tes interviews de fin de saison sur le départ à la retraite de JB (Grange) et Julien (Lizeroux). Qu’est-ce qu’ils représentent à tes yeux ?

VMJ : Samedi c’était très fort en émotion avec les derniers piquets de JB et Ju. C’est une page qui se tourne. J’ai eu la chance de côtoyer ces deux grands champions à différentes étapes de ma vie.

D’abord en étant un jeune coureur et en étant forcément inspiré. Ensuite, j’ai eu la chance de pouvoir m’entraîner avec eux et de vivre à leurs côtés les plus grandes compétitions qu’on rêve de faire en ski. On a passé beaucoup de temps ensemble et il y a eu de très bons moments.

Je suis assez fier d’avoir fait ce podium à Kranjska. Ma première coupe du monde c’était là-bas en 2009 avec JB et Ju. En 2009, c’était aussi le dernier doublé français en slalom à Kitz. Et à Kranjska faire ce doublé cette année avec Clément (Noël) devant les yeux de JB c’était vraiment symbolique.

Forcément, ils vont nous manquer. JB, je le considérais un peu comme mon grand frère. Il m’a beaucoup apporté que cela soit dans le ski ou dans la gestion extra sportive.

Au-delà des résultats, ce qui compte ce sont les moments qu’on vit ensemble, les voyages qu’on partage. Et c’était vraiment chouette !

Dernier départ pour JB et Julien aux championnats de France – Crédit images FFSTV – Montage TopSkiNews

TopSkiNews : Quelle est la première chose que tu as envie de faire en dehors du ski en cette fin de saison ?

VMJ : Skier [Sourire]. Pour moi, la saison se termine toujours trop rapidement. J’adore courir, les émotions des courses je ne les retrouve nulle part ailleurs. Pendant la saison, notamment en janvier, on a la tête sous l’eau. On enchaine les courses et on n’a pas vraiment le temps d’en profiter.

Puis d’un coup on s’arrête alors qu’il y a encore de superbes belles journées. Mon fantasme serait un circuit de compétition qui durerait toute l’année, comme au tennis par exemple. 

L’année dernière, on a été privé du ski de printemps à cause du COVID. Donc cette année j’espère qu’on va pouvoir en profiter pour s’entraîner et switcher déjà un peu vers la saison prochaine !