La tournée italienne de Coupe du monde de ski alpin s’est achevée par l’étape de Bormio et ses traditionnelles épreuves de vitesse disputées sur la Stelvio. Pourtant cette année les courses n’avaient rien de traditionnelles et le bilan humain est très lourd avec pas moins de cinq blessés dans les rangs français et suisses !
En arrivant à Bormio, les spécialistes de la vitesse pourtant habitués aux conditions extrêmes que peut offrir la Stelvio à la fin décembre ont découvert une piste bien plus extrême que d’habitude. L’image publiée à la Une de cet article et prise durant l’inspection du jury se passe de tout commentaire. C’est une patinoire fortement inclinée qui attend les athlètes et leurs skis !
Ce n’est plus une piste extrême comme je l’ai beaucoup lu dans les compte rendus médias à Bormio. C’est une piste dangereuse.
Dès les premiers entraînements, on va hélas le vérifier et plusieurs descendeurs vont payer cash cette folie humaine qui consiste à lancer une course sur un tel revêtement.
C’est d’abord Matthieu Bailet qui chute très violemment dans la partie haute du tracé et vient s’éclater dans les filets de protection. Evacué par hélicoptère à l’hôpital le plus proche, Matthieu souffre d’une importante commotion cérébrale. Après son rapatriement en France pour des examens complémentaires, le skieur niçois a communiqué ce vendredi sur son état de santé.
« Ayant tapé fort au niveau de la tête, en plus du genou et de la cheville gauche qui ont bien ramassé, plusieurs semaines sans ski se profilent pour moi. La suite de la saison est en suspens en attendant de voir comment ça évolue, mais mon envie et ma détermination de revenir au combat n’est que plus grande ! », commente notamment le skieur niçois.
Un message qui impose le respect d’autant que les images de sa chute, publiées par Matthieu, font froid dans le dos !
Matthieu va désormais suivre le protocole des commotions cérébrales mis en place par le service médical de la Fédération Française de Ski. Son retour à l’entraînement sera défini ultérieurement.
Victor Schuller a lui aussi été victime d’une chute sur ce même entraînement et souffre d’une fracture du poignet gauche. Rapatrié en France, il devra être opéré. La durée de son indisponibilité sur les skis sera définie ultérieurement. Victor a également communiqué sur son compte Instagram après sa chute : « J’ai chuté lors du premier entraînement et malheureusement mon radius gauche n’a pas aimé le choc…
Oui je sais, ENCORE ! Je n’ai pas les mots, je suis vraiment dégoûté d’être à nouveau sur la touche, mais c’est une nouvelle fois un challenge qui se présente à moi et je compte bien faire ce qu’il faut pour pouvoir revenir sur les skis et être présent sur les courses de fin de saison ».
Le skieur Suisse Yannick Chabloz a chuté mardi lors de la descente d’entraînement à Bormio. Rapatrié en Suisse, Yannick Chabloz devait y subir de nouveaux examens.
Au cours de la descente de jeudi, deux nouvelles chutes ont impacté le clan tricolore. C’est d’abord Johan Clarey qui est tombé sans gravité heureusement, puis Adrien Fresquet qui s’est sérieusement blessé.
Les images du ralenti de la chute d’Adrien montrent qu’il a traversé les 3 rangées de filets ce qui en Coupe du monde est assez incroyable. On peut aisément en déduire une faille de sécurité à cet endroit de la piste et espérer que les actions correctives seront appliquées sans délai par la FIS et les comités d’organisation des courses à venir.
Toujours est-il que suite à l’IRM faite à Albertville, Adrien Fresquet souffre d’une rupture du ligament croisé antérieur et lésion du ménisque interne sur le genou droit. Il sera opéré prochainement. Sa saison est malheureusement terminée.
» Saison terminée. Pas la meilleure façon de terminer l’année sur la “Stelvio”. Rupture du ligament croisé antérieur, fissure du ménisque et des bonnes contusions sur mon genou droit qui n’aura pas résisté face à la piste de Bormio ultra glacée et qui tapait beaucoup cette année. Forcément déçu de terminer la saison aussi tôt mais c’est le jeu et je l’accepte. Déjà déterminé à revenir le plus vite possible et au meilleur niveau », a commenté Adrien Fresquet sur son compte Instagram.
Enfin, jeudi matin lors du Super-G, Urs Kryenbühl s’est blessé au genou et les examens ont révélé une rupture du ligament croisé antérieur droit.. Cyprien Sarrazin a chuté également dans le Super-G sans gravité heureusement.
Les équipes de France et Suisse ont payer un lourd tribut en quelques heures sur cette Stelvio dont le seul qualificatif acceptable est sa dangerosité.
Je redis ici que ce n’est pas le ski qu’on aime que de voir des organisateurs lâcher des athlètes sur des pistes comme celle qu’ils ont skié à Bormio. « Un calvaire », « Un enfer » sont des mots qu’on a entendu dans la bouche des coureurs après la course.
On a vu des immenses champions comme Dominik Paris et Johan Clarey mettre le clignotan à quelques portes de l’arrivée du Super-G, et Aleksander Aamodt Kilde être en grande difficulté sur la glace de la dernière section de la Stelvio.
Après le slalom scandaleux de janvier à Zagreb (que tout le monde a déjà oublié), c’est donc un nouveau coup de semonce d’une grande gravité que peut semblent mesurer qui est adressé à l’éco-système de la Coupe du monde de ski alpin.
Souhaitons aussi à ceux qui contribuent à organiser l’étape de Bormio de bien mesurer ce qui s’est passé ces derniers jours sur la Stelvio. Et de ne plus se reposer sur l’histoire traditionnelle qui dit que Bormio est de toute façon extrême et qu’il faut donc mettre le curseur au plus haut de l’échelle du risque !
Côté sportif, Bormio aura été marqué par deux événements : la victoire de Marco Odermatt, qualifiée à juste titre de chef d’œuvre par le quotidien l’Equipe. Et bien sûr l’annonce surprise de la fin de carrière de l’immense champion autrichien Matthias Mayer. A ce titre, le regard de l’Autrichien sur la piste au moment de sa courte reco du Super-G en disait très long sur les conditions de ski sur la Stelvio…
Tous mes vœux de rétablissement aux athlètes blessés et très bonnes fêtes de fin d’année à toutes et à tous.
