Séance d’haltérophilie à Albertville, vol au-dessus de l’atlantique pour rejoindre Copper Montain, vol sur la Birds of Prey à Beaver Creek, chevilles douloureuses et perf à Bormio, podium de Yo à Garmisch,… Depuis le bout du lac d’Annecy où il est actuellement confiné, Matthieu Bailet nous emmène en voyage pour nous faire revivre les meilleurs moments de sa saison de ski alpin.
Bonjour Matthieu, quels ont été les meilleurs moments de ta saison de Coupe du monde…
Durant tes entraînements ?
J’aime beaucoup la période de préparation estivale de juillet et août pendant laquelle je prends du plaisir notamment en musculation. C’est une période que j’affectionne particulièrement et j’apprécie beaucoup l’haltérophilie.
C’est un travail de précision parce qu’il y a un panel de gestes assez restreint. C’est la recherche du détail et les exercices sont très complets et me permettent de travailler la force, l’explosivité, la coordination, un peu les bondissements.
Ce n’est pas uniquement pour me préparer pour le ski. J’aime transpirer, sentir l’évolution, me sentir toujours plus performant.
J’arrive à profiter de chaque séance. C’est une période où je m’épanouis, où je me développe et pendant laquelle je progresse.
C’est très plaisant et très prenant.
Pendant tes nombreux déplacements ?
Pour moi, le voyage le plus agréable a été celui qui nous a emmené vers Copper Mountain aux Etats Unis. C’était le marqueur du début de ma saison. On s’y rend pour démarrer la saison de vitesse avec beaucoup de motivation et une bonne forme physique, et après des mois d’entraînement pour remettre beaucoup de choses en place.
On était tous bien dans nos baskets, contents d’y aller. Ce voyage s’est très bien déroulé et on était tous contents.
Avec les autres athlètes de l’équipe de France ?
C’était le podium de Yo (Johan Clarey) à Garmisch. Dans notre groupe vitesse, nous avons un vrai esprit d’équipe. Pour ma part, j’étais dans une période compliquée, et ce qui est très beau, c’est d’arriver à se servir des résultats des autres pour se tirer vers le haut.
J’ai réussi à prendre du plaisir avec ce podium de Yo, à le fêter et à partager ce moment. Le ski est un sport individuel, on vit beaucoup en groupe, et c’est très important de se servir de ces moments pour avancer.
Quand on a des belles réussites comme ce podium, c’est important de les vivre pleinement et d’oublier nos moins-bien, nos coups durs, …
Pour être, l’espace d’un instant, très heureux pour notre collègue.
Sur une course en particulier ?
C’était sur la Birds of Prey, la descente à Beaver Creek. Cela n’a pas été mon meilleur résultat de la saison mais c’est le meilleur moment sur une course en raison de la ferveur du public et pour le type de ski que j’ai réussi à produire sur une neige de cinéma que j’affectionne beaucoup.
C’était un ski hyper engagé, un peu sur le fil, à la limite, mais qui génère des émotions intenses compte tenu du risque pris. J’ai vécu une grosse émotion technique (sur un des passages, Matthieu a effectué une figure digne d’un oiseau et un rétablissement incroyable…). Après cette figure limite, j’ai décidé de tenter le tout pour le tout.
En arrivant en bas, lorsque j’ai vu ma performance, j’étais satisfait. J’ai vu ensuite la ferveur du public américain qui adore toujours les choses un peu « border line », et quand j’ai retrouvé les autres athlètes sur la ligne, on a beaucoup rigolé.
C’était convivial, c’était beau car c’était un moment partagé !
Pour toute la saison ?
C’est bien entendu Bormio avec tout ce que cela signifiait cette année : une blessure une semaine avant, des examens avec l’incertitude de pouvoir s’aligner, une course sous inflammatoire avec des douleurs aux deux chevilles…
Je sais que la piste de Bormio me réussit d’instinct et il faut que je sois au départ. J’y suis donc allé avec cette optique. C’était la première fois que je skiais en pure introspection, en skiant sans savoir comment mon corps allait réagir aux conditions.
Et d’avoir réussi à performer sur cette piste, dans ces conditions-là, cela a été une grande fierté pour moi. Je commence à créer sur cette piste un peu mon histoire, par mes blessures ou mes réussites !
Depuis le début de cette période si particulière de confinement ?
Je suis actuellement confiné près d’Annecy. Je me suis bien organisé en ayant la possibilité de faire du sport notamment.
Mon meilleur moment dans cette période de confinement – que je vis plutôt bien – c’est d’avoir beaucoup de temps actuellement dans une vie souvent très organisée et remplie de programmation.
Me lever tôt et terminer tard, c’est un grand plaisir. Démarrer mon petit-déjeuner à 08h, dans le calme après quelques étirements dans le jardin sous le soleil (quand il fait beau), et le terminer à 10h par exemple !
C’est mon petit plaisir pour chacune de ces journées de confinement !