Dans la nuit finlandaise, Mikaela Shiffrin est allé chercher son 102e victoire en Coupe du monde. Surclassant dès la première manche toutes ses concurrentes, l’Américaine a ensuite fait parler son expérience sur la black de Levi. Lara Colturi et Emma Aicher complètent le podium de ce premier slalom de la saison.

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Première manche : Mikaela Shiffrin était bien à l’heure !

Proche du cercle polaire, Levi a encore offert un décor aussi magique que spectaculaire pour lancer la saison de slalom. Et dans cette lumière nordique particulière, Mikaela Shiffrin a vite rappelé pourquoi elle domine le slalom depuis tant d’années. Sur une piste extrêmement glacée, fidèle à la tradition finlandaise, et un tracé très direct sur le haut avant de devenir nettement plus tournant, l’Américaine a réalisé une première manche d’une densité rare.

Ce qui frappe, c’est sa mise en action : Shiffrin a imposé d’emblée un rythme impossible à suivre. Après vingt-cinq secondes seulement, elle comptait déjà plus d’une seconde d’avance sur Lena Duerr. Un départ canon, presque irréel, qui a tué le suspense dès les premiers intermédiaires. À ce stade, on ne pouvait que reconnaître le génie skié qui se déployait sous les yeux du public et des adversaires.

Derrière cette démonstration, une autre performance a retenu l’attention : celle de Lara Colturi. Le jour même de son 19e anniversaire, la skieuse albanaise a signé une manche pleine de fraîcheur, de relâchement et d’engagement. Elle termine à 1’’08 de Shiffrin, un écart notable mais qui souligne tout de même l’énorme qualité de sa prestation. À seulement 19 ans, Colturi confirme qu’elle est déjà prête à se mêler à la bataille pour les podiums.

Pour les Françaises, le bilan est plus nuancé. Grosse frustration d’abord pour Marie Lamure, qui signe une vraie contre-performance et ne parvient pas à décrocher sa qualification pour la seconde manche. Une déception d’autant plus grande qu’elle avait montré une belle montée en puissance pendant l’automne. Marion Chevrier, en revanche, réussit une première manche solide et propre qui la place au 13e rang provisoire : un très bon point de départ pour espérer une progression lors de la deuxième manche.

La principale éclaircie tricolore du matin se nomme Caitlin McFarlane. Partie loin, avec le dossard 44, la jeune skieuse a créé une très belle surprise en décrochant une place en seconde manche… mais pas seulement. Elle signe un remarquable 17e temps, une qualification d’autant plus savoureuse qu’elle n’avait cessée, ces dernières saisons, de buter précisément sur cette étape. Pour McFarlane, la qualification avait souvent été un mur : manque d’expérience, conditions difficiles, dossards élevés… À Levi, elle a non seulement brisé ce plafond, mais elle l’a fait avec la manière, en skiant juste, engagé, et avec une confiance retrouvée.

Les quatre autres Françaises, malheureusement, ne sont pas parvenues à se hisser en seconde manche, preuve que le fossé qui sépare la performance à l’entraînement et en course est grand !

Deuxième Manche : Shiffrin en démonstration

Tracée par l’entraîneur suisse, la deuxième manche promettait un tout autre défi : un tracé plus direct, plus rapide, presque taillé pour déstabiliser les skieuses trop en retenue. Un profil qui laissait espérer des bouleversements au classement… mais au sommet, rien n’a véritablement changé. Comme lors de la première manche, Mikaela Shiffrin a rappelé qu’elle restait la référence absolue du slalom mondial.

Dès les premières portes, l’Américaine a imposé un tempo ahurissant, avec cette capacité unique à transformer un tracé pourtant exigeant en une ligne fluide et évidente. Pas un accroc, pas un temps mort : Shiffrin a survolé la manche avec une maîtrise glacée, pour aller chercher la 102e victoire de sa carrière en Coupe du monde. Une démonstration totale, peut-être même l’une des courses les plus abouties de sa trajectoire déjà monumentale.

Décontractée mais lucide à l’arrivée, elle confiait au micro de la FIS : « Mon entraînement estival a payé. C’est important pour moi de pouvoir gagner aussi rapidement dans cette saison ». Comme si cette performance n’était que le premier jalon d’un hiver qu’elle veut encore dominer.

Derrière cette étoile filante, le reste du podium reflète une dynamique nouvelle dans le slalom féminin. Pour la première fois de sa jeune carrière, l’Allemande Emma Aicher s’invite sur la boîte. Troisième grâce à une seconde manche parfaitement gérée, elle confirme les promesses entrevues ces derniers mois : un ski solide, posé, qui commence à tenir la comparaison avec les toutes meilleures.

L’autre grande confirmation du jour vient de Lara Colturi. La jeune pépite albanaise s’offre un beau cadeau d’anniversaire signe un superbe résultat : une deuxième place d’une maturité impressionnante. Elle n’a rien lâché, pas même sous la pression d’une première demi-journée déjà exceptionnelle. Colturi prouve qu’elle ne compte plus seulement apprendre, mais bel et bien s’installer parmi les prétendantes régulières aux podiums.

Deux belles satisfactions tricolores

Cette deuxième manche a offert de véritables motifs de satisfaction. Marion Chevrier a été exemplaire : engagée, précise, elle réalise une seconde manche d’une grande propreté technique pour aller décrocher la 9e place finale. Dans un plateau où la moindre faute coûte cinq rangs, c’est une performance solide, encourageante, parfaitement construite.

Mais la lumière française du jour reste, une nouvelle fois, Caitlin McFarlane. Après sa belle première manche, elle enchaîne cette fois une prestation pleine de caractère pour terminer 13e, son meilleur résultat en Coupe du monde. Une montée en puissance qui valide tout le travail accompli ces derniers mois et qui, surtout, pourrait bien changer la suite de son hiver. L’assurance, désormais, est là : McFarlane peut jouer devant avec les meilleures.

Et au bout du compte, cette première course de slalom de la saison raconte une histoire simple : celle d’une Mikaela Shiffrin déjà impériale, d’une jeune garde ambitieuse qui se rapproche, et d’une équipe de France qui, grâce à Chevrier et McFarlane, trouve deux très belles raisons d’y croire.

Article rédigé par Merlin Meignan, étudiant à emlyon Business School et passionné de ski alpin. 

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