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« Quand te reverrai-je, pays merveilleux… »

A la veille du 69e Critérium de la première neige, Diane Doniol-Valcroze signe sa seconde chronique Piste aux écrans en évoquant un film culte : Les bronzés font du ski.
Retour sur les coulisses de ce monument du cinéma, tourné à Val d’Isère.

Une station, une troupe, un mythe

« Quand on associe les vacances au ski et au cinéma, Les bronzés font du ski est souvent le premier titre qui vient à l’esprit. Le 22 novembre 1979, le public français découvre cette comédie de Patrice Leconte, sans se douter qu’elle deviendrait culte.

Ce film constitue le deuxième volet d’une série mythique, succédant directement à « Les bronzés » sorti un an plus tôt. L’histoire se déroule dans la station de Val d’Isère, en Savoie, et suit les aventures loufoques d’un groupe de vacanciers. Porté par un casting d’exception composé de la troupe du Splendid – Josiane Balasko, Michel Blanc, Marie-Anne Chazel, Christian Clavier, Gérard Jugnot, Thierry Lhermitte et Dominique Lavanant -, le film entraîne le spectateur dans une série de situations désopilantes au cœur des Alpes.

La bande annonce des bronzés font du ski que le public français a découvert en 1979

Pourtant, l’idée d’un second volet n’a pas toujours fait l’unanimité. Coluche avait d’abord souhaité le réaliser, mais les membres du Splendid, peu convaincus, ont préféré continuer leur collaboration avec Patrice Leconte. 

Avec une musique signée Pierre Bachelet et des dialogues devenus cultes, Les Bronzés font du ski a marqué des générations, incarnant à lui seul l’esprit des vacances à la neige. »

Un tournage aussi épique que le scénario

« Le choix de Val d’Isère comme lieu de tournage ne s’est pas imposé d’emblée. Initialement prévu à Megève, il a finalement été déplacé vers la haute Tarentaise grâce à Stéphane Clavier, frère de Christian, qui travaillait comme moniteur de ski dans la station de Val d’Isère.

Malgré des moyens modestes, le tournage s’est révélé une véritable aventure. Pendant deux mois, entre mars et mai 1979, l’équipe s’installe dans la station savoyarde. Les conditions de tournage en montagne s’avèrent particulièrement éprouvantes. Tourner en montagne est toujours très compliqué. Les journées blanches sous la Grande Sassière, où le matériel est resté bloqué pendant trois jours, illustrent les nombreux défis logistiques rencontrés.

Les acteurs eux-mêmes ont découvert les joies – et les pièges – de la montagne. Lors de la fameuse sortie en héliski, une partie de l’équipe, peu habituée avec la neige, a dû affronter des conditions difficiles. Quant à la scène où Jean-Claude Dusse s’entraîne au fameux « planté de bâton », elle met en scène un véritable moniteur de ski, Fernand Bonnevie. Hilarante à l’écran, cette scène s’est aussi distinguée en coulisses : Fernand a terminé la journée en savourant un vin chaud, son bâton toujours « planté » dans le dos grâce à un dispositif de liège dissimulé sous sa combinaison. Son fils Serge a même rebaptisé le chalet familial « Le planté de bâton » en hommage à cette scène culte ».

Des répliques gravées dans la neige

« Lors de sa sortie en salles le 22 novembre 1979, Les Bronzés font du ski n’a pas immédiatement rencontré le succès attendu, enregistrant seulement 1,5 million d’entrées, contre 2,3 millions pour le premier opus. Cependant, le temps a fait son œuvre. Grâce à ses nombreuses rediffusions télévisées – notamment celle de décembre 2008, qui a attiré 10,4 millions de téléspectateurs –, le film a atteint le statut de culte.

« Quand te reverrai-je, pays merveilleux », « On sait jamais, sur un malentendu, ça peut marcher », « Je sens que je vais conclure » : ces répliques, parmi tant d’autres, illustrent l’humour décalé et parfois absurde du Splendid, qui parvient à transformer des scènes simples – une montée en télésiège ou un dîner au refuge – en moments d’anthologie.

Le film doit également beaucoup à ses seconds rôles, comme celui des agriculteurs savoyards dégustant de la liqueur de crapaud. Cette scène, tournée dans le hameau de La Gurraz, a nécessité vingt prises, tant le chef opérateur était pris de fou rire en voyant les grimaces de Gérard Jugnot et Michel Blanc.

La fameuse séquence de la liqueur de crapaud à consommer sans modération (de rires).

 Une séquence coupée du montage final, où les personnages perdus dans la montagne envisageaient le cannibalisme, témoigne aussi de l’audace du film, bien que jugé trop long par le réalisateur. Le montage final, réduit à 1h24 au lieu des 2h10 initiales, a permis de conserver un superbe rythme comique ».

Une très belle célébration des 40 ans en 2019

« Pour célébrer le 40e anniversaire en 2019, huit panneaux avaient été installés dans la station, immortalisant les répliques culte. Les visiteurs pouvaient ainsi revivre l’univers du film au télésiège Bellevarde Express, à la Grande Ourse ou encore à l’ancien magasin de sport, aujourd’hui restaurant Poya. Chaque lieu permettait de redécouvrir des scènes emblématiques, comme la fameuse crêperie tenue par Gigi, ou le chalet familial rebaptisé « Le planté de bâton ».

Les lieux de tournage, de la Daille au vallon des Fours, sont désormais inscrits dans le patrimoine culturel de Val d’Isère. La piste OK, où se déroulent les courses dames du Critérium de la Première Neige, reste un symbole de l’excellence du ski alpin. Elle rappelle aussi que le cinéma peut sublimer la montagne, transformant ses pentes enneigées en théâtre de comédie. »

Marie-Anne Chazel, Thierry Lhermitte, Gérard Jugnot et le réalisateur Patrice Leconte ont fêté le 40e anniversaire des Bronzés font du ski en 2019 à Val d’Isère – Photo Val d’Isère Tourisme

Une comédie intemporelle

« J’ai vu Les Bronzés font du Ski pour la première fois à la télévision dans les années 80. Pour moi, ce film restera un éternel de la comédie française, porté par un scénario très bien ficelé.

Le film capte avec une justesse et une dérision inégalée l’essence des vacances d’hiver. Son succès repose autant sur l’alchimie de la troupe que sur sa capacité à évoquer des souvenirs universels, où chacun peut se reconnaître.

Franchement, qui n’a jamais chanté « quand te reverrai-je, pays merveilleux ? « . Tout y est excessivement jouissif. La scène de la liqueur de crapaud, qu’il faut boire cul sec « sinon, ça vous brûle la langue » est une scène d’anthologie. Une scène d’une puissance comique inégalable. 

Derrière ses gags, Les Bronzés font du ski capture une époque où tout semblait plus simple, où les maladresses pouvaient devenir de grandes aventures.

Un chef-d’œuvre comique à redécouvrir sans modération ».

Fiche technique Les bronzés font du ski

Durée : 1h24

Réalisateur : Patrice Leconte

Acteurs : Josiane Balasko, Michel Blanc, Marie-Anne Chazel, Christian Clavier, Gérard Jugnot, Thierry Lhermitte, Dominique Lavanant, Bruno Moynot, Maurice Chevit, Guy Laporte

Sortie : 22 novembre 1979

Distribution : Tamasa Distribution

À propos de Diane Doniol-Valcroze

Diane Doniol-Valcroze est diplomée de l’Université de New York (Master of Fine Arts in Filmmaking). Depuis 2006, Diane est scénariste à Hollywood et membre de la Writers Guild of America. Elle a plusieurs années d’expérience comme Script Doctor à la Metro Goldwyn Mayer et, plus récemment, à Paramount Studios. Diane améliore les scénarios de film en leur réinjectant des idées neuves, originales et novatrices pour l’emmener à bon port, vers le tournage. Elle a travaillé sur bon nombre de films et de séries à succès.

Sa passion pour le ski vient essentiellement de sa famille Savoyarde. Son grand-père, Pierre Cot, a été député de la Savoie de 1928 à 1951. Diane porte le ski dans ses gênes, entre une carrière dans le cinéma et une passion intacte pour les pistes enneigées.