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Matthieu Bailet : « Je suis serein et impatient de retrouver un portillon de départ »

Matthieu Bailet retrouve cette semaine le circuit de Coupe du monde après de longs mois d’absence dûs à une chute et une grave blessure contractée sur la descente de Bormio en décembre dernier.

Pour TopSkiNews, le skieur niçois nous décrit son état d’esprit avant le premier portillon de départ samedi, revient sur sa préparation, nous parle de son rapport avec la peur, de la Gran Becca qu’il va découvrir cette semaine et de ses objectifs.

Photo copyright @ Audi Nice Mougins

Tu reviens en Coupe du monde après une grave blessure contractée à Bormio en décembre 2022. Dans quel état d’esprit te trouves tu ?

Aujourd’hui, je me sens serein et en même temps impatient. Je ne suis pas stressé et je n’ai pas d’énormes attentes. Je suis dans une situation dans laquelle je ne me suis jamais trouvé depuis le début de ma carrière. Mes objectifs sont toujours là bien entendu mais il y a une certaine forme d’indulgence qui s’est installé dans mon état d’esprit.

J’ai hâte d’y être, de prendre mon premier départ d’entraînement et ensuite de me retrouver samedi devant mon premier portillon de départ de la saison.

Je suis impatient de voir comment je vais aborder ces courses. Comment vais-je réagir mentalement pendant la reco et lorsque je serais dans le portillon de départ ? Comment va réagir mon genou en course ?

Je vais découvrir tout cela cette semaine car je n’ai pas eu l’occasion jusqu’à aujourd’hui dans ma préparation de skier deux minutes aussi dure et aussi compliquée que ce que je vais trouver à Zermatt/Cervinia !

Quel est le niveau de ta préparation au moment où tu t’apprêtes à lancer ta saison de vitesse ?

Au niveau physique, je suis vraiment bien. Habituellement, je démarrais ma préparation physique en juin. Cette année, compte tenu de ma blessure, je l’ai commencé en février. Même si je pars de plus loin, cela fait des mois et des mois que je travaille physiquement beaucoup plus que je ne l’ai jamais fait. Je suis très satisfait du travail accompli, de la mise en place et de l’accompagnement dont j’ai bénéficié.

Je me sens très bien et confiant. J’ai un seul doute : je n’ai que 5 manches de descente à Zermatt d’une minute au compteur ! Je suis donc incapable de dire comment mon genou va réagir sur des manches de plus de 2 minutes avec des tirages, des compressions, des sauts…

C’est pour cette raison que je reste calme. Tout va bien mais je suis encore dans une phase de retour de blessure.

Tu coures dans des disciplines de vitesse, descente et Super-G, où le risque est omniprésent. Quel est ton rapport avec la peur ?

La peur, c’est ce qui fait que je pratique la descente. Si la descente n’était pas dangereuse, je ne ferais pas de descente. Si je n’avais pas cette peur, je ferais du slalom !

C’est ce qui me fait en sortir vivant, qui me fait vivre des émotions extraordinaires avant la ligne d’arrivée. Ce qui est beau à vivre, c’est les émotions de réussite. Et aussi, les émotions qu’on ressent au départ avant de se jeter dans la pente.

Je vis mieux avec cette peur. Au fond de moi, je sais que si un jour je vis moins bien cette peur, c’est que le jour où je devrais arrêter sera peut-être venu !

Image impressionnante de Matthieu Bailet en course (et en vol !) sur la descente de Val Gardena – Photo copyright Agence Zoom / Alexis Boichard

Qu’est-ce que tu sais de la piste Gran Becca qui sera le théâtre de la « Speed Opening » samedi et dimanche à Zermatt-Cervinia ?

Elle s’élance de très haut en altitude et elle arrive haut en altitude. Cela risque d’être long, cela sera très dur physiquement. Je n’ai jamais skié sur des portions de la Gran Becca. Cette piste, ce sera une complète découverte, comme une première année de Coupe du monde et comme un petit jeune qui arrive sur le circuit [Rire] !

Cette nouvelle piste du circuit tracée en haute altitude a fait beaucoup parler. Quel est ton avis sur les critiques récentes ?

Comme tout le monde, j’au été surpris et les images sont choquantes. J’ai découvert un peu comme tout le monde ce qui se passait sur le glacier. J’étais dans la bulle de ma préparation après un retour de blessure. Je ne n’ai pas suivi dans le détail toutes ces polémiques car mon objectif était d’être performant sur cette descente. Des Suisses et des Italiens ont décidé de tout mettre en place pour réaliser cette étape de Coupe du monde. Il y avait surement moyen de le faire de façon beaucoup plus intelligente !

La santé de la planète, le réchauffement climatique, le futur de nos montagnes sont des sujets qui me touchent particulièrement et qui sont importants. On se rend clairement compte que la montagne et les glaciers à cette période de l’année sont l’image et la représentation de ce réchauffement climatique. On le constate pleinement ces dernières années car il est de plus en plus compliqué de s’entraîner en été.

Aujourd’hui, on voit clairement – notamment dans nos stations des Alpes du Sud – que le début de saison est de plus en plus compliqué en raison de l’enneigement. Notre calendrier de courses se termine à mi-mars alors qu’on observe qu’il y a encore des stations dans lesquelles l’enneigement est très bon. Il y a plein d’idées à trouver pour skier jusqu’à mi-avril et donc de modifier le calendrier de Coupe du monde.

Je suis également très favorable au projet destiné à faire évoluer notre sport, de trouver de nouveaux endroits, de nouvelles courses pour ne pas stagner comme on le fait depuis des années. A nous de le faire de manière intelligente.

Quels sont tes objectifs pour cette saison ?

Ils ont un peu évolué par rapport aux années précédentes. Aujourd’hui, ils sont très simples et d’ailleurs très agréables mentalement. Ce qui m’anime, ce pourquoi je me lève le matin pour aller prendre des départs, c’est aller chercher des podiums en Coupe du monde, en descente et en Super-G.

Ce qui ne veut pas dire que je serais toujours présent dans un Top 10, Top 20… Lorsque j’étais sur mon lit d’hôpital sans pouvoir bouger avec ma jambe « en l’air », j’aurais bien aimé être sur les skis et faire 20/25e en Coupe du monde !

J’ai pu prendre un peu de recul et cela m’a permis de remettre les choses en perspective. L’analyse que je serais amené à faire après mes courses me dira si je suis content ou déçu de mes places en ayant toujours en mémoire que je reviens de blessure.

J’espère respecter cette approche cette saison, au niveau de mes émotions.

7 mars 2021 : Sur le Super-G de Saalbach, Matthieu Bailet signe une superbe deuxième place derrière Marco Odermatt et monte pour la première fois sur un podium de Coupe du monde – Photo copyright Agence Zoom / Hans Bezard