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L’art du ski à la James Bond

Le froid piquant des cimes et les courses effrénées dans la neige ont une place de choix dans les films de James Bond. Dans sa cinquième chronique « Piste aux écrans » de l’hiver, Diane Doniol-Valcroze nous entraîne dans un univers où l’espion britannique se mesure à la poudreuse dans six séquences marquantes.

D’un saut spectaculaire à des poursuites à grande vitesse, préparez-vous à dévaler les pentes au rythme effréné de l’agent 007 dans des paysages enneigés inoubliables.

Le ski, c’est la vitesse, l’adrénaline, l’audace, mais aussi un certain goût du risque. Il faudra attendre 1969 et Au Service de Sa Majesté pour voir James Bond chausser des skis pour la première fois.

Au-delà du simple décor alpin, le ski s’est progressivement inscrit dans l’ADN de James Bond. Loin d’être un hasard, cet amour pour les montagnes a des racines personnelles : l’auteur des romans, a passé une partie de son enfance à Kitzbühel, en Autriche, une région qu’il appréciait particulièrement. Ainsi, les paysages alpins, entre nature sauvage et élégance, sont devenus des lieux incontournables pour les aventures de l’agent secret.
Parmi les vingt-cinq films de la saga, nous nous concentrerons ici sur six scènes mémorables de ski. D’un glacier suisse à une station de ski italienne, les montagnes ne sont pas qu’un décor, mais bien un protagoniste à part entière, où Bond se mesure à ses poursuivants dans des séquences toujours plus impressionnantes.

AU SERVICE SECRET DE SA MAJESTE : SPECTACULAIRE ET CREPUSCULAIRE

La plus spectaculaire scène de ski dans la Saga James Bond se trouve dans « Au Service de Sa Majesté ». Elle se déroule dans les Alpes suisses, avec une poursuite à ski qui incarne à la fois l’esprit de l’espion et l’action débridée qui a fait la réputation du personnage.

Là où l’on pourrait s’attendre à une explosion de gadgets ou à des fusillades effrénées, c’est la simplicité d’un combat à skis qui s’impose. La scène débute dans un cadre idyllique mais dangereux, un terrain enneigé où Bond (incarné par l’excellent George Lazenby dans son unique apparition en tant 007) et ses poursuivants rivalisent de vitesse et d’agilité.

C’est un vrai joyau avec cette atmosphère crépusculaire et un découpage hyper dynamique. C’est aussi un des films les plus réussis et le plus humain de toute la série.

Que dire également de la superbe séquence de poursuite à ski, d’abord dans la poudreuse puis au cœur d’une forêt, où Bond, sur un ski, fait preuve d’une maîtrise impressionnante. Une scène qui nous rappelle Bode Miller dévalant la descente de Bormio sur un seul ski en 2005 !

A la fin du film, James Bond utilise un mode de transport dés plus atypique pour pourchasser Blofeld : un bobsleigh. Cette spectaculaire poursuite a été tournée par deux caméramans, Willy Bogner Jr. assis à l’envers pendant toute la descente, et John Jordan, suspendu à un hélicoptère pour suivre le bobsleigh de près !

Le Schilthorn, sommet des pré-alpes suisses à 2970 m d’altitude près du village de Mürren, a servi de cadre à ce film. Accessible uniquement par téléphérique, ce site abrite aujourd’hui le restaurant Piz Gloria. En échange de l’autorisation de tourner, les producteurs ont construit une piste d’atterrissage pour hélicoptère et installé un mécanisme permettant au restaurant de tourner sur lui-même (un tour complet prend 55 minutes).

Le Piz Gloria propose aujourd’hui un musée Bond avec une exposition interactive sur le tournage du film. Les visiteurs peuvent y prendre une leçon de vol dans le simulateur d’hélicoptère ou regarder des extraits de films dans le cinéma de l’établissement.

Au service secret de sa majesté – 140 mn – Première mondiale en Grande Bretagne le 18 décembre 1969

L’ESPION QUI M’AIMAIT : L’INOUBLIABLE SAUT A SKI

Parmi les scènes les plus marquantes de la saga James Bond, celle qui ouvre L’Espion qui m’aimait est un incontournable pour les fans de l’agent secret. Si une grande partie des séquences hivernales a été tournée en Autriche, l’introduction de ce dixième opus a eu lieu à Saint-Moritz et dans la vallée de l’Engadine, en Suisse, des lieux emblématiques servant de toile de fond à cette scène d’action époustouflante.

Dans cette séquence, James Bond, interprété par Roger Moore, porte une combinaison de ski jaune vif, une image devenue iconique. Ce choix vestimentaire, audacieux et marquant, est l’idée du cascadeur Rick Sylvester. « Je voulais qu’il ressemble à Franz Klammer, le plus grand skieur au monde », expliqua-t-il, rendant hommage à l’athlète autrichien. Bond, une nouvelle fois, échappe à ses poursuivants en dévalant les pentes enneigées, enchaînant sauts et pirouettes avec une grande maîtrise du ski.

Un autre moment marquant du film est le saut en parachute, une idée de Michael B. Wilson, beau-fils du producteur Albert Broccoli. Bien que l’action se déroule dans les Alpes autrichiennes, le réalisateur de la seconde équipe, John Glen, avait d’abord pensé à la vallée de Lauterbrunnen, en Suisse, où une scène de Au service secret de Sa Majesté avait été filmée. Cependant, le cascadeur Sylvester jugea le lieu trop bas et proposa un site plus spectaculaire : le Mont Asgard, en Terre de Baffin, au Canada, à plus de 2 000 mètres d’altitude. Ce saut unique coûta 30 000 dollars et ne demanda qu’une seule prise.

La scène de parachutisme, avec l’Union Jack qui flotte sous le vent, demeure un symbole d’excellence technique et artistique. La musique de Carly Simon, Nobody Does It Better, accompagne parfaitement ce moment suspendu dans le temps, créant une atmosphère inégalée. En outre, la scène faillit tourner au drame lorsqu’un des skis de Bond frôla les fils du parachute, mais heureusement l’incident ne gâcha pas la magie de l’instant.

Les scènes de ski furent supervisées par Willy Bogner, ancien skieur de haut niveau et expert en tournage d’action dans des conditions de neige extrêmes. Ayant déjà travaillé sur plusieurs films de Bond, il savait parfaitement capturer l’intensité des scènes avec un réalisme saisissant.


L’espion qui m’aimait – 125 mn – Première mondiale en Grande Bretagne le 7 juillet 1977

RIEN QUE POUR VOS YEUX : FOLIE DU SKI DANS LES DOLOMITES

Dans ce film de 1981, c’est la troisième fois qu’on voit Bond sur des skis, cette fois à Cortina d’Ampezzo en Italie. Roger Moore se livre à de folles poursuites à ski et à moto dans le décor parfait des Dolomites.

Les scènes de ski sont d’une grande fluidité et prennent en compte l’environnement naturel (forêt, pentes abruptes, etc.) pour renforcer l’impression de vitesse et de danger.

45 camions ont dû être utilisés pour apporter de la neige des montagnes voisines puisqu’il ne neigeait pas à Cortina au moment du tournage au début janvier 1981.

La piste de bobsleigh des Jeux Olympiques d’hiver de 1956 a également été utilisée pour le film, où Bond s’y lance juste derrière un bobsleigh, poursuivi par une moto. Tragiquement, le cascadeur italien Pablo Rigoni a perdu la vie lors du tournage de cette scène en raison d’un virage trop serré.

Rien que pour vos yeux – 127 mn – Première mondiale en Grande Bretagne le 24 juin 1981

LE MONDE NE SUFFIT PAS : ADRENALINE A CHAMONIX

C’est le troisième film où Pierce Brosnan incarne James Bond. Dans Le Monde ne Suffit Pas, l’action se déplace des montagnes du Caucase aux pentes enneigées de Chamonix, où James Bond (Pierce Brosnan) se livre à une spectaculaire course-poursuite à ski.

Pendant le tournage, la station de Chamonix a été frappée par une tragédie : une avalanche dévastatrice qui, le 9 février 1999, a englouti treize chalets et tuer onze personnes. Le tournage a dû été reporté de plusieurs jours et les équipes ont dû repenser leurs plans, attendant que les lieux soient déclarés sûrs par les assureurs et experts en sécurité. Ce retard a engendré des ajustements logistiques de dernière minute, alors que le budget du film frôlait déjà les 80 millions d’euros !  

Dans cette scène emblématique, les deux protagonistes sont attaqués par quatre parapentistes, déclenchant une série d’actions où 007 parvient à sauver Elektra, incarnée par Sophie Marceau. La spectaculaire course-poursuite à ski, en hors-piste, a été filmée à Burzier, en Haute-Savoie. Bond y esquive habilement ses assaillants, bondit d’un obstacle à l’autre, saute des bosses, slalome entre les pins et évite des grenades, tout en dévalant les pentes à toute vitesse. Cette scène est également magnifiée par l’intervention de Candice Gilg, la championne de ski acrobatique, qui a doublé Sophie Marceau.

Le monde ne suffit pas – 128 mn – Avant-première mondiale le 8 novembre 1999 à Los Angeles. 

TUER N’EST PAS JOUER : LA POURSUITE SUR GLACE EN VIOLONCELLE

Si vous êtes à la recherche d’une séquence de James Bond quelque peu éloignée des scènes typiques de ski tout en se déroulant sur la neige, c’est dans Tuer n’est pas jouer que vous la trouverez. L’action se déroule au nord de Hermagor, en Carinthie, dans les Alpes autrichiennes.

Sur le fond blanc de l’hiver, un lac gelé est le lieu idéal pour cette intense scène de poursuite. James Bond, interprété par Timothy Dalton à l’époque, est poursuivi par la police des frontières russe alors qu’il tente de franchir discrètement un col, accompagné de la séduisante Kara, incarnée par Maryam d’Abo.

Tout commence dans une Aston Martin équipée de gadgets en tout genre : laser, missiles, booster, et des skis rétractables permettant à 007 de s’échapper d’une situation périlleuse sur un lac gelé. La suite prend une tournure humoristique, lorsque Bond et Kara sont contraints d’abandonner leur Aston Martin coincée dans un tas de neige.

Toujours aussi inventif, Bond utilise alors un étui de violoncelle comme une luge improvisée pour dévaler une pente glacée. Ingénieusement conçu, cet étui était équipé de petits skis invisibles et d’une poignée de commande à l’intérieur permettant de le diriger. Pour rendre la scène encore plus réaliste, des pétards ont été installés pour simuler les tirs des poursuivants, ajoutant de l’intensité à cette fuite effrénée.

Tuer n’est pas joué – 130 mn – Première mondiale en Grande Bretagne le 29 juin 1987

DANGEREUSEMENT VOTRE : L’AUDACE SNOWBOARD EN ISLANDE

Les films de James Bond ont toujours su mêler action et innovations spectaculaires, et la séquence d’ouverture de Dangereusement Votre ne fait pas exception. Ce pré-générique, censé se dérouler dans les paysages polaires de Sibérie, a en réalité été tourné en Islande, sur le glacier de Vatnajökull, avec des prises de vues également réalisées sur la lagune glaciaire de Jökulsárlón.

Fait marquant : une course-poursuite débutant à ski, se poursuivant sur une motoneige, puis se concluant par Bond s’élançant sur un snowboard, le tout accompagné des rythmes des Beach Boys. Ce moment a joué un rôle clé dans la popularisation du snowboard à l’époque.

À noter que Roger Moore, contrairement à ses homologues, était le moins enthousiaste à l’idée de se risquer dans des cascades complexes. Sa doublure prenait donc en charge les scènes les plus périlleuses, notamment Tom Sims, un pionnier et champion américain de snowboard.

Dangereusement Votre – 131 mn – Première mondiale aux Etats Unis le 22 mai 1985

Pour conclure et pour le plaisir, 25 minutes d’images sur l’art du ski par James Bond.

À propos de Diane Doniol-Valcroze

Diane Doniol-Valcroze est diplomée de l’Université de New York (Master of Fine Arts in Filmmaking). Depuis 2006, Diane est scénariste à Hollywood et membre de la Writers Guild of America. Elle a plusieurs années d’expérience comme Script Doctor à la Metro Goldwyn Mayer et, plus récemment, à Paramount Studios. Diane améliore les scénarios de film en leur réinjectant des idées neuves, originales et novatrices pour l’emmener à bon port, vers le tournage. Elle a travaillé sur bon nombre de films et de séries à succès.

Sa passion pour le ski vient essentiellement de sa famille Savoyarde. Son grand-père, Pierre Cot, a été député de la Savoie de 1928 à 1951. Diane porte le ski dans ses gênes, entre une carrière dans le cinéma et une passion intacte pour les pistes enneigées.