Header Ad

Categories

  • Aucune catégorie

Fier, enthousiasmé, reconnaissant et parfois surpris !

Les 47e mondiaux de ski alpin ont refermé le 19 février leurs portes et Courchevel Méribel 2023 a transmis le flambeau à la station autrichienne de Saalbach qui les organisera en février 2025.

Que faut-il retenir de la fête du ski alpin mondial ou plutôt qu’ai-je retenu ?

Fierté pour mon territoire, enthousiasme face aux exploits sportifs, respect pour nos athlètes tricolores, reconnaissance pour celles et ceux qui nous ont livré des pistes de cette qualité et qui se sont engagés bénévolement pour faire de ces Mondiaux un succès. Et aussi quelques surprises !

C’est ma revue des Mondiaux de ski alpin 2023.

Photo copyright Agence Zoom/Alexis Boichard

Fier pour mon territoire

Ce territoire, situé au cœur des 3 Vallées, j’y suis né. C’est donc avec un grand et fort « Yes » que j’avais accueilli le 17 mai 2018 le choix de Courchevel et Méribel pour l’organisation des Mondiaux. Celle et ceux qui ont organisé la capture de cet événement peuvent être fiers à jamais.

Je n’ai cessé ensuite de suivre la préparation de ces Mondiaux sur TopSkiNews, étant d’ailleurs l’un des premiers à publier un reportage vidéo pour faire découvrir en plein été la piste l’Eclipse encore en travaux.

Après les Finales de mars 2022 qui ont fait office de répétition, tout était en place pour que la grande fête mondiale du ski ait lieu. Après ces années COVID, c’était le bon moment pour vibrer et s’enthousiasmer à nouveau.

Ma fierté est allée grandissante jusqu’à ces Mondiaux qui jour après jour se rapprochaient. Quelle fierté en effet de se dire que son territoire va accueillir pendant deux semaines les meilleurs skieurs au monde, que plus de 800 journalistes seront présents quotidiennement pour résumer leurs exploits sportifs et décrire la beauté des lieux qui seront vus chaque jour par des millions de téléspectateurs ! Sur ces audiences Télé en particulier, il faudra attendre la publication de l’ensemble des chiffres mais d’ores et déjà on sait qu’en France, pour Francetv et Eurosport, les audiences ont été plus qu’excellentes. C’est tant mieux pour la notoriété du ski alpin.

La cérémonie d’ouverture de Courchevel Méribel 2023 s’est déroulée dans le village du Praz le dimanche 5 février – Photo copyright Agence Zoom/ Giovanni Auletta

Enthousiasmé par les exploits sportifs des athlètes

C’est un début en fanfare qui m’attendait, le tout avec une météo exceptionnellement belle. Dès lundi, Federica Brignone, la première athlète à m’avoir accordé une interview au lancement de TopSkiNews, réalisait une performance majuscule sur le Super-G du combiné alpin, déterminante pour lui offrir le titre mondial face à Mikaela Shiffrin qui partait à la faute à quelques piquets du sacre. Quel plaisir de tendre le micro en conférence de presse à Fede souriante comme jamais !

L’ambiance est ensuite montée crescendo avec dès mardi le titre de Champion du monde du combiné alpin remporté brillamment par Alexis Pinturault. Une médaille d’autant plus belle que pas forcément attendue au regard du début de saison parfois difficile d’Alexis. Lui, l’enfant du pays, fait taire d’entrée la petite musique qui montait depuis quelques semaines sur la possibilité d’un « zéro médaille » pour la France. Ce mardi, la liesse populaire s’est emparée de cette très belle infrastructure d’arrivée du Praz et de ces tribunes pas complétement remplies hélas.

L’image qui résume cette belle journée du combiné alpin : Alexis Pinturault, Champion du monden, chez lui à la maison – Photo copyright Agence Zoom/Alexis Boichard

Deux jours après sa compatriote Federica, Marta Bassino décroche l’or mondial sur le Super-G dames. Les Italiennes marquent ce début de Championnats du monde mais une terrible nouvelle va assombrir la fête. Ce mercredi soir, la Fédération Italienne de Ski (FISI) annonce la disparition de l’ancienne skieuse italienne Elena Fanchini, soeur de Nadia et Sabrina. La vice-championne du monde de Bormio en descente (2005) s’est éteinte à l’âge de 37 ans, emportée par un cancer. C’est un immense choc pour bon nombre d’athlètes qui ont couru avec Elena. En janvier, sa compatriote Sofia Goggia lui avait dédié sa victoire à Cortina. En fin de Championnats du monde, la Championne Suisse Lara Gut-Behrami précisera en conférence de presse : « Le fait d’avoir perdu Elena le soir du super-G a tout bousculé. Son décès m’a suivie tous les championnats du monde ». Les hommages seront très nombreux venus de partout et la minute de silence organisée pendant les Mondiaux restera un grand moment d’émotion pour le monde du ski alpin. 

Jeudi place au Super-G hommes où le Canadien James Crawford va créer la sensation sur l’Eclipse en remportant la médaille d’or devant le Norvégien Kilde et Pinturault, de nouveau médaillé. Oui vous avez bien lu, pas de Marco Odermatt sur le podium de cette épreuve de vitesse !

Qui aurait misé ensuite sur la Suissesse Jasmine Flury pour le titre mondial en descente ? C’est la magie des Championnats du monde et de son lot d’incertitudes et de surprises, largement décrites d’ailleurs dans mon livre 12 jours.

Dimanche 12 février, une foule immense attend un exploit du skieur de Tignes Johan Clarey. Et va assister à la place au récital du Suisse Marco Odermatt qui remporte pour la première fois une descente dans sa carrière, le meilleur des jours, celui des Mondiaux.

Il y aura quelques minutes plus tard un pur moment de folie avec la course de Maxence Muzaton. Arrivé à Courchevel comme remplaçant, le skieur de la Plagne s’élance avec son dossard 24 et allume du vert aux deux premiers inters. La tribune s’enflamme à nouveau. Maxence cède du terrain sur le bas pour signer une fantastique 6e place autant improbable qu’inattendue.

On attendait un exploit de Yo, on a eu droit à un récital de Marco ! Photo copyright Agence Zoom/Alexis Boichard

Des épreuves parallèles, j’ai retenu le show Marie Lamure. Course après course, elle se qualifie, parfois contre des grandes favorites comme Marta Bassino, championne du monde en titre. Beaucoup de spectateurs ont découvert ce jour-là la fraicheur et l’enthousiasme de la jeune pépite du Club des Sports de Courchevel. Et ont vibré avec elle pour cette médaille en chocolat au gout si doux !

Marie…Marie…Marie… Marie Lamure a mis le feu dans la raquette d’arrivée de Méribel – Photo copyright Agence Zoom/Alain Grosclaude

Que dire ensuite de ce jeudi attendu par tout un peuple, notamment celui du Grand Bornand. Ce combat de géantes, après celui de mars 2022, restera l’un des moments forts de ces Mondiaux. Certes, le résultat n’a pas été comme on le rêvait mais on y a cru. Il a manqué que quelques secondes. Je revois encore Tessa dans le schuss d’arrivée qui a allumé du vert sur le haut. Je l’a voit déjà couper la ligne et la foule s’enthousiasmer comme jamais. Il y aura à la place la terrible chute, ce silence assourdissant, une immense déception, des larmes aussi…

Le lendemain, le triomphe du ski suisse qui place ces deux ténors, Odermatt et Meillard sur les deux plus hautes marches du podium en géant, est un autre joli moment de fête de ces Mondiaux. Avec notamment cette accolade de Marco et Loïc, magnifique moment de communion entre deux copains ensemble sur le toit du monde.

Moment de liesse pour le ski suisse avec le doublé Odermatt/Meillard en géant – Photo copyright Agence Zoom/Michel Cottin

Et puis il y a eu cette incroyable émotion que nous a apporté en fin de slalom dames à Méribel la Canadienne Laurence St Germain qui a renversé la table du ski mondial. Incroyable sensation que de voir la québécoise devenir championne du monde dans la discipline dominée par Mikaela Shiffrin. Incroyable moment vécu par ces fans Canadiens habitant la région Rhône Alpes et tous proches de moi en zone mixte, dont l’émotion immense ne pouvait plus être retenue lorsque l’hymne Canadien a retentit sur Méribel.

La victoire de Laurence St-Germain en slalom restera l’un des moments forts en émotion de ces Championnats du monde de ski alpin – Photo copyright Agence Zoom/Christophe Pallot

Dès le lendemain encore le suspense est à son comble. 16e à l’issue de la première manche, le Norvégien Henrik Kristoffersen signe la remontada de sa vie pour remporter l’or en slalom. Encore une fois, l’Autrichien Manuel Feller craque en seconde manche tandis que l’incroyable Grec AJ Ginnis, tout juste arrivé du pied du Mont-Blanc avec un premier podium en slalom, prend la médaille d’argent. Quant à Clément Noël, il rate le bronze pour 3 petits centièmes et doit se contenter du chocolat !

Reconnaissant

Reconnaissant, on peut l’être d’abord pour dame météo. Dans l’histoire des Mondiaux, il faut remonter à très loin pour retrouver une édition où le programme n’a pas été perturbé par la météo : pas un seul report, pas de départ abaissé, toute est parti à l’heure. Tellement loin que je n’ai pas réussi à trouver quelqu’un qui m’apporte la réponse (si quelqu’un connait la date, je suis preneur).

Reconnaissant, je le suis aussi pour tous les athlètes tricolores : ceux qui ont été sélectionnés, et ceux aussi qui ont vu leur saison s’arrêter brutalement en raison de blessures (Thibault, Matthieu et Victor avant les Mondiaux, Cyprien pendant la quinzaine). Certains diront que la performance sportive de nos Français est mitigée et qu’on espérait plus de médailles que les deux remportées par Alexis Pinturault. Ils ont raison.

Mais je voudrais partager une autre impression avec vous. Celle du terrain, celle de la zone mixte où j’ai pu décrypter pendant la quinzaine des regards et parfois des yeux rougis qui en disait long sur leurs envies de briller devant ce public français.

Ils ont tout essayé, tout tenter. C’est la loi du sport et le ski est un sport où les centièmes peuvent glisser d’un côté ou l’autre très rapidement, comme on l’a vu avec Clément Noël et Marie Lamure notamment.

Reconnaissant, on peut l’être aussi pour les deux responsables sports du Comité d’organisation dont les noms ont été assez peu cités. Il s’agit de Bruno Tuaire pour Courchevel et de Thierry Carroz pour Méribel. Bravo Bruno et Thierry, vous avez réussi avec votre expérience et vos équipes, à préparer deux pistes magnifiques qui font désormais office de modèles et qui nous sont enviées par le monde entier.

Les deux pistes l’Eclipse à Courchevel et le Roc de Fer à Méribel ont été superbement préparées par les Directions Sports de ces Mondiaux – Photo copyright Agence Zoom Christophe Pallot

On peut enfin exprimer une très grande reconnaissance aux 1200 bénévoles qui, sous le pilotage du Comité d’organisation, ont été souvent le premier visage de l’accueil de ces Mondiaux. Serviables, enthousiastes et toujours souriants, l’organisation vous doit beaucoup. A vous tous, 1200 bravos !

Reconnaissant, je le suis aussi pour les 142 athlètes qui ont interpellé de la plus belle des manières la Fédération Internationale de Ski et de Snowboard quelques heures après la descente hommes en publiant une lettre préparée par l’association Protect Our Winters. Cette lettre demande un aménagement du calendrier afin de supprimer certains déplacements intercontinentaux (le circuit Coupe du monde fait étape cette saison à deux moments différents aux Etats-Unis !) et de retarder la date des premières compétitions en début de saison. Les athlètes demandent également que l’engagement de la FIS pris en 2021 de réduire de moitié son empreinte carbone soit suivi d’un plan concret rendu public avant le début de la saison prochaine. Faudra-t-il un jour une rébellion de nos champions pour que cette Fédération mette plus d’intelligence dans ses décisions…

Quelques surprises…

Ma plus grande surprise a été de constater que les tribunes (2900 places à Courchevel, 3100 à Méribel) ont été parfois clairsemées en première semaine. Je restais en effet sur toute une série de messages « les feux sont au vert ». Le choc visuel de la quinzaine restera l’image de la tribune de Méribel à dix minutes du départ de la descente dames, épreuve reine du ski alpin. Cela se passe de tout commentaire…

Tribune gauche et tribune droite le samedi 11 février à 10 minutes du début de la descente dames à Méribel.

Cela dit, il faut retenir le chiffre de fréquentation communiqué par les organisateurs, soit 120 000 spectateurs sur la durée de ces Mondiaux. Quelques chiffres de détail ont été communiqués durant la quinzaine aux médias : plus de 13 000 personnes le dimanche 12 février, 8000 personnes pour le géant dames et 58 000 personnes en première semaine ! « Le ski n’a pas la place en France qu’il a en Suisse ou en Autriche, où il est sport national », a tenu à rappeler Perrine Pelen, Directrice Générale de Courchevel Méribel 2023. A titre de comparaison, la descente de Kitzbühel en Autriche a rassemblé en janvier dernier près de 45 000 fans un samedi où la météo était loin d’être au beau fixe.

120 000 : c’est le nombre de personnes selon les organisateurs qui ont assisté aux courses durant la quinzaine de de Courchevel Méribel 2023

Plus qu’une surprise, le plan transport me laisse sur plusieurs incompréhensions. Pour un projet lancé il y a quelques années, pourquoi le volet transport n’était-il pas prêt au moment du lancement de la billetterie intervenu en juillet 2022 ? De plus, le prix unique du billet de transport fixé à 10 euros (que vous veniez de Lyon, Grenoble, Chambéry ou de Bozel, Moutiers, La Léchère !!) était-il un choix équitable ? Pas sûr qu’il ait été bien perçu par les habitants de ma vallée, tous potentiels spectateurs de ces mondiaux qui on l’a vu, ont fait parfois défaut en première semaine !

Toujours sur le plan du transport, on se serait bien passé des commentaires divers et variés sur le rodage des navettes durant les premiers jours. A titre personnel, j’ai vécu une série de sketches transport en utilisant chaque jour matin et soir les navettes médias. Une simple question permet de résumer mon vécu : vous-est-il arrivé une seule fois dans votre vie en prenant un transport en commun de devoir guider le chauffeur pour qu’il vous emmène au point d’arrivée ?

Bref, quand on organise un événement, c’est bien connu, le diable est dans les détails. Surtout quand ils sont observés par des médias venus du monde entier…

Des indicateurs importants non encore communiqués

Le premier d’entre eux porte sur la tenue du budget de cet événement qui a été qualifié par l’Etat comme « Grand Evénement Sportif International ». Interviewée sur France Bleu Pays de Savoie au lendemain de la clôture de Courchevel Méribel 2023, Perrine Pelen, Directrice Générale de Courchevel Méribel 2023, a évoqué un dépassement budgétaire. « Nous allons faire un point dans les quelques semaines qui vont venir. Ce qu’on peut dire, c’est que la projection sur les tarifs négociés pour l’hébergement n’a pas pu être tenue parce que les hôteliers avaient besoin de se refaire pendant ces périodes de vacances scolaires. C’est un de postes qui justifient le dépassement du budget du comité d’organisation ». 

Ensuite, nous devrions connaitre au mois d’avril le bilan carbone de ces Championnats du monde de ski alpin. Ayons en mémoire l’objectif très ambitieux que s’est fixé le Comité d’organisation qui a été certifié ISO20121 pendant la quinzaine : réduire de 20% le bilan carbone par rapport à celui des finales de Coupe du monde de mars 2022.

Enfin, il y aura l’héritage que laissera le Comité d’organisation à notre territoire. Au-delà des deux pistes, l’Eclipse et le Roc de Fer, qui ont fait l’objet d’investissements significatifs, quels seront les autres éléments matériels et immatériels qui seront laissés aux habitants de la Vallée de Méribel et de Courchevel ?

Réponses à tous ces points d’ici quelques semaines.