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Fabien Saguez : « On doit créer une envie, avec de beaux événements et des enchaînements moins soutenus »

Quelques jours après la publication du calendrier 2023/2024 de la saison de Coupe du monde, Fabien Saguez, Président de la Fédération Française de Ski, partage pour TopSkiNews ses principaux commentaires sur cette planification du ski alpin mondial.

Photo copyright Agence Zoom/Michel Cottin

La FIS a publié le calendrier des épreuves de Coupe du monde de ski alpin 2023/2024 à l’occasion de son récent Congrès. Quels sont vos commentaires ?

Mes commentaires sont assez simples. Du point de vue de la Fédération et également à titre personnel, je trouve qu’il y a trop de courses dans les deux calendriers femmes et hommes (*). Globalement, j’aurais préféré un calendrier un plus aéré.

On doit créer une envie, celle d’avoir de beaux événements et des enchaînements qui soient moins soutenus. On devrait aussi avoir des moments de break. Cela me paraît important si on regarde ce qui se passe autour de nous et si on se compare avec d’autres sports et leurs circuits mondiaux, comme par exemple la Formule 1, la moto GP… Je constate que dans ces sports qui ont une grande notoriété il y a des périodes dans lesquelles on fait des breaks.

Si on devait dimensionner votre souhait de moindre densité, quel serait-il ?

Un bon calendrier devrait comporter moins de 40 courses chez les hommes et chez les dames durant toute une saison. Avec 2 week-ends de libres dans l’hiver. Pour moi, ce serait un bon dimensionnement.

Cela permettrait aussi aux athlètes et à l’encadrement, parce qu’il faut aussi penser à tous ceux qui travaillent autour des athlètes, d’avoir des temps de break ou des temps de retour à l’entraînement qui pourraient être vraiment intéressants.

(*) : Le calendrier publié par la FIS comporte 43 courses chez les femmes et 46 chez les hommes.

Vous avez indiqué récemment sur France Bleu Pays de Savoie que vous ne cautionnez pas ce calendrier. Qu’aurait-il fallu changer pour qu’il devienne acceptable ?

Outre la densité que je viens d’évoquer, le calendrier devrait être construit sur la notion de groupement, de blocs de courses plutôt qu’un enchaînement effréné de compétitions, de fin novembre à fin mars.

Le début de saison est un moment très propice pour les États-Unis et le Canada et je pense que la tournée nord-américaine où on avait Lake Louise et Beaver Creek chez les hommes, Lake Louise et Killington chez les femmes respecte bien le « Tour ». Les Etats-Unis et le Canada ont très souvent de la neige très tôt en début de saison. Cela offre des possibilités d’entraînement pour tous les athlètes qui sont très bonnes.

Ce bloc qui se déroule fin novembre-début décembre me convient parfaitement. On peut imaginer y retourner dans l’hiver lors de grands événements internationaux comme les Mondiaux et les Jeux Olympiques.

Tout le monde a bien intégré que l’Amérique du Nord est un marché très important et il faut y être présent sur le plan mondial. De même que l’Asie d’ailleurs. Mais retourner en cours de saison une nouvelle fois en Amérique du Nord ne me semble pas très cohérent !

Il y a une notion de respect de l’environnement à prendre en compte. Le ski alpin est un sport à vision et à portée universelle et mondiale, mais il faut qu’on fasse attention à nos bilans carbone ! Il va falloir qu’on réfléchisse à une logistique qui serait moins impactante.

Je sais que cela n’est pas simple. Cela veut dire qu’il faut qu’on ait peut-être un calendrier bien équilibré en termes de nombre de courses par pays et en termes de respect des marchés. Je comprends tout à fait qu’il faille respecter les marchés du ski. Il y a des marchés plus importants que d’autres, mais je pense qu’il y a un équilibre à rétablir.

Il faudrait peut-être dimensionner le calendrier à un nombre limité de courses par pays.

Au congrès de la FIS, une proposition pour que l’on établisse ce calendrier de façon pluriannuel n’a pas été retenue. Etiez-vous en faveur de cette proposition ?

Je pense que la vision annuelle que l’on donne aujourd’hui aux calendriers de Coupe du monde est trop restreinte. On doit réfléchir à des calendriers sur des périodes de 4 ans. Avec une vision moyen et long-terme qui permettrait de se projeter vers un « Tour » respectant l’ensemble des pays, des parties prenantes représentatifs des marchés principaux et des marchés émergeants du ski.

La vision actuelle, il faut qu’on la fasse évoluer. Et quand je dis il faut, cela signifie qu’on est parti prenante au sein de la FIS sur ce sujet. Nous avons soutenu la proposition d’un calendrier sur 4 ans faite au Congrès de la FIS, qui n’a pas obtenu la majorité des votes (de très peu, 1,5% des votes).

Quelques mots sur les trois étapes françaises inscrites au calendrier avec Val d’Isère, Courchevel et Chamonix ?

Pour moi aujourd’hui, c’est un calendrier qui, à l’échelle de la France, de ce qu’on peut représenter, de ce qu’on est et ce qu’on doit peser, est un bon calendrier.

Autre annonce récente : les FIS Games 2028. Quel est votre avis sur ce projet ? La France pourrait-elle déposer une candidature ?

Ce projet avec une vision très large permettra peut-être de donner une nouvelle dimension à la FIS. En revanche, il faut un peu plus de détails avant d’imaginer qu’on puisse être candidat.

La première question à adresser pour ces FIS Games, c’est de rentrer un peu plus dans le détail en termes d’organisation. Ne serait-ce que pour connaitre le niveau des droits et le niveau des rémunérations mis en place pour être candidat et organiser une telle compétition !

J’ai lu avec attention les feuillets qui ont été mis en ligne sur le site de la FIS. Cela ne permet pas de déterminer la valeur qui va être donnée à cette compétition internationale. A ce jour, nous n’avons pas les informations concernant les rémunérations, les droits potentiels et nous ne savons pas dans quelles conditions cela peut se dérouler.

Donc aujourd’hui je n’ai pas de positionnement en particulier sur ce projet. Je pense qu’il faut aller chercher les informations, ce que je vais faire, mais pas forcément avec la motivation d’être candidat. Je ne suis pas sûr qu’on puisse être candidat aujourd’hui !