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Sur le tracé d’un parcours de géant

La saison de Coupe du monde démarre samedi prochain à Sölden avec le traditionnel géant dames. Comment sont désignés les entraîneurs qui tracent le parcours des manches ? quelles sont les règles à respecter et comment trace-t-on un parcours de géant ?

Les explications de Lionel Pellicier, Directeur de l’équipe de France de ski alpin dames, qui a notamment tracé la 2e manche du géant dames la saison dernière à Sölden.

Copyright photo Agence Zoom/Michel Cottin

Comment sont désignés les traceurs de parcours de géants en Coupe du Monde ?

C’est un responsable entraîneurs et le Race Director de la FIS qui coordonne la désignation des traceurs de parcours. Dans chaque discipline, le nombre d’athlètes par nation classés dans les 15 premiers attribuent des points. Ce total de points permet ensuite de déterminer le nombre de manches que chaque nation aura à tracer pendant la saison de Coupe du monde. Un tirage au sort permet ensuite d’affecter ces tracés aux différentes courses.

Pour cette nouvelle saison de géant, la France aura la responsabilité de tracer deux manches, une à Kranjska Gora et l’autre pour le dernier géant de la saison qui se déroulera aux Finales à Soldeu. Ce sont nos deux entraîneurs de géant, Vincent Blum et Jean-Noël Martin, qui traceront ces manches de géant, respectivement en Slovénie et en principauté d’Andorre.  

Quelles sont les règles que vous devez respecter ?

Nous devons respecter le règlement édicté par la FIS. Celui-ci spécifie que le nombre de portes en géant doit être compris entre 11% et 15% du dénivelé de la piste. À titre d’exemple, le dénivelé du géant dames à Sölden l’an passé était de 370 m. J’ai dû donc proposer un tracé compris entre 40 et 48 portes. (le tracé comportait 48 portes).

Autre règle à respecter : il ne doit pas y avoir d’espacement inférieur à 10 mètres entre chaque porte.

L’usage du télémètre ayant été interdit pour les courses hommes, comment faites-vous pour évaluer les distances entre les portes ?

C’est vraiment une affaire d’expérience. On trace très souvent à l’occasion de nos entraînements et on a l’œil !

Recevez-vous des recommandations liées à la sécurité des athlètes ou en lien avec la qualité de la neige ?

Le responsable de la FIS peut nous faire des recommandations s’il estime que des passages seront trop rapides ou positionnés trop prêts des filets de protection. Ces recommandations peuvent nous être adressées directement au moment où on trace ou ensuite, lorsque l’on fait un second passage sur le tracé.

Copyright photo Agence Zoom/Michel Cottin

Jusqu’à quel moment peut-on vous demander de faire des modifications sur votre tracé ?

Chaque matin de course, il y a une inspection du jury qui s’effectue avec les chefs d’équipe, le Race Director, le délégué technique FIS et le directeur d’épreuve. À ce moment, il peut y avoir des commentaires concernant le respect des règles ou liés à la sécurité. On peut alors nous demander de modifier le tracé.

Est-ce que l’état de la piste peut influer sur la façon dont vous allez faire votre tracé ?

Oui, bien sûr. Si une portion de la piste est en moins bon état, on décalera le tracé pour éviter que la piste se dégrade très rapidement. Sur une piste où la neige n’est pas très dure, on peut également faire un tracé permettant de contrôler la vitesse avec des appuis moins forts. Ou encore aller chercher d’autres sections où la qualité de la neige nous semble meilleure.

Combien de personnes sont nécessaires pour effectuer un tracé ? À quel moment tracez-vous et de combien de temps disposez-vous ?

Lorsque l’on nous confie un tracé, nous sommes généralement deux entraîneurs français, un qui détermine la position des portes et le second qui se positionne sur l’arrière en observateur et pour donner des conseils. L’équipe de l’organisation apporte les piquets et les met en place les portes (deux paires de piquets de slalom munis d’une banderole).

Si la météo est bonne, le tracé de la première manche se fait la veille. Si les conditions sont moins favorables, on trace le matin de la course, très tôt et souvent de nuit ! Il est alors très important de bien connaitre la piste car nous disposons de 30 à 45 mn pour effectuer le tracé.

Le tracé d’une seconde manche est plus tendu au niveau du timing mais reste très intéressant au niveau tactique, car on connait le résultat de la première manche !

Doit-on suivre une formation avant de pouvoir tracer un parcours de Coupe du monde ?

En France, nous sommes bien structurés sur ce sujet et avons à notre disposition deux formations, l’une pour un niveau de traceur régional et l’autre pour un niveau de traceur national. Mais il n’existe pas d’harmonisation au niveau mondial et il y a sans doute des traceurs d’autres nations qui n’ont pas de formation dans ce domaine.

Quel est le tracé dont vous êtes le plus fier ?

On est toujours content et fier lorsque les entraîneurs des autres nations et les responsables de la FIS nous remercient pour la qualité de nos tracés. À titre personnel, ce qui me plait le plus, c’est réussir un beau tracé de Super-G. C’est en effet une course où il y a pas mal de vitesse, sans manche d’entraînement et avec un règlement permettant de faire pas mal de choses en matière de tracé.  

Arriver à faire un tracé fluide, avec de la tactique et voir les athlètes se faire plaisir me rend vraiment très fier !