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Adrien Théaux : « L’envie de revenir au plus haut niveau »

Dix mois après sa grave blessure contractée à l’entraînement, Adrien Théaux a rechaussé les skis le 20 octobre aux 2 Alpes. Le skieur de Val Thorens nous décrit le long chemin déjà parcouru et son envie de revenir au plus haut niveau pour aborder dans les meilleures conditions la séquence des descentes emblématiques de janvier et les mondiaux de Cortina en février.

Bonjour Adri, quelles ont été les grandes séquences de ton retour vers le haut niveau depuis ta blessure le 9 janvier 2020 à Orcières-Merlette ?

Après ma blessure au genou droit, il y a eu une longue période d’attente – quasiment un mois et demi – avec rien de particulier à faire si ce n’est d’attendre que mon genou se consolide au mieux.

J’ai été opéré le 18 février avant d’attaquer ma rééducation qui a été un peu compliquée car elle a démarré la veille du premier confinement ! J’ai donc du faire de l’auto rééducation à la maison.

J’ai bénéficié pleinement de l’expertise de la cellule de réathlétisation de la Fédération. Au départ on fait 90% de rééducation et 10% de réathlétisation avec un peu de travail musculaire, et petit à petit, on inverse la courbe. Pour arriver à la fin à faire quasiment que de la préparation physique.

Cela a été mon programme au printemps et durant tout l’été, jusqu’à aujourd’hui.

Comment se prend une telle décision, celle de rechausser les skis après une grave blessure ?

Ce n’est pas moi qui décide même si j’ai émis un avis sur le sujet. C’est une décision collective partagée par la cellule de réathlétisation, le médecin et le chirurgien. Et cela se fait au regard de ce qu’on a observé en réathlétisation et en tenant compte du résultat de tests musculaires, d’appuis, …

Il faut être à un certain niveau. Si on n’y est pas, on a aucune chance d’aller skier. Si le curseur n’est pas du bon côté, on ne sera pas assez fort musculairement, on sera pas apte à aller skier et on peut risquer de se blesser à nouveau.

On a tous envie de retourner skier le plus tôt possible parce que cela nous manque, parce qu’on a envie d’être avec le Groupe, parce que c’est ce qu’on sait faire de mieux.

Sauf qu’il n’y a pas que l’envie prime sur la raison. On doit respecter certaines choses et on s’en aperçoit assez rapidement.

En situation normale, quand on reprend le ski au début de l’été, on a mal partout alors que l’on est pas blessé ! Alors, quand on revient de blessure, c’est encore plus compliqué !

Tu nous racontes ton retour sur les skis…

Mon retour sur les skis s’est fait aux 2 Alpes le 20 octobre avec la Groupe vitesse Coupe du monde. Les conditions étaient bonnes et la séance a duré environ 2h30.

Au départ, on essaye de retrouver des sensations. Cela permet aussi de souffler un peu parce que bosser tous les jours sur la même jambe – celle qui a été blessée – depuis des semaines et des semaines en salle de muscu, cela apporte un peu de lassitude. J’ai pu ainsi ressentir de nouvelles sensations sur mon genou et observer comment il réagit.

Cette reprise sur les skis est aussi un moyen de faire sauter quelques verrous, notamment au niveau mental. Il faut se vider la tête, rechausser les skis cela fait énormément de bien au niveau mental.

Je suis très content de mon retour sur les skis. J’ai envie que cela aille plus vite que la réalité que je vis actuellement. Il faut prendre patience et ne pas bruler les étapes. Je m’attendais à certains moments que cela se passe plus mal : Il faut arriver à jongler avec les jours avec et les jours sans.

« Cela m’a fait énormément de bien de skier à nouveau. C’est la première fois depuis mes 13 ans que je passe autant de temps à ne pas skier. Cela me manquait. »

Adrien Théaux

Quel est le programme qui t’attend dans les prochaines semaines ?

C’est à la fois encore du physique et beaucoup de kms sur les skis. Je dois encore peaufiner ma préparation physique, je dois continuer à bosser dans ce domaine.
Il y aura beaucoup de skis et le physique associé. Parce qu’il n’y a pas mieux que le travail spécifique que nous faisons sur les skis. 

Mon objectif, c’est de skier le plus possible dans les semaines qui viennent et cela dépendra beaucoup de la situation sanitaire. Nous ne pouvons pas skier actuellement en France. Il est prévu que nous retournions la semaine prochaine en Italie à Cervinia.

Après on verra !

Tu penses déjà à Val d’Isère ?

J’espère de tout cœur être au départ à Val d’Isère pour le weekend d’ouverture de la vitesse. C’est bien de se fixer un but.

Je sais très bien que je ne serais pas à 100% à ce moment là. Si je ne suis pas apte à faire un résultat positif, je ne prendrais pas le départ. On en discutera avec les entraineurs le moment venu.

Mon objectif, c’est monter en puissance pour arriver en pleine possession de mes moyens en janvier. C’est le mois des courses magnifiques, Wengen et Kitzbuhel notamment. Et ensuite de pouvoir enchaîner et arriver en grande forme aux championnats du monde de Cortina en février.

Mais il y a encore beaucoup de chemin à parcourir avant tout cela.

Pour pouvoir vivre pleinement sa passion, un skieur de haut niveau est accompagné par des sponsors. Y a-t-il des changements pour toi ?

Le principal changement pour moi, c’est que je suis à la recherche d’un sponsor casque pour cette nouvelle saison. J’en ai besoin car c’est très important pour arriver à bien gérer une saison de Coupe du monde.

Mon projet, c’est de partager avec un futur sponsor ma passion du sport de haut niveau et les valeurs du ski. Je m’attacherais à mettre en lumière sa marque et de l’accompagner dans la promotion de ses activités.

Je suis à l’écoute de toutes les propositions, dans tous les domaines d’activité de l’industrie, du commerce, de la High-Tech, du numérique…

La plupart des courses cette saison vont se dérouler à huis clos. Qu’est-ce que cela change pour toi ?

J’avoue que ce qui me préoccupe le plus pour le moment, c’est revenir au plus haut niveau. Cela dit j’y ait réfléchi. Cela n’est pas anodin, Cela sera étrange. Cela va nous changer, il faudra nous y habituer.

Le public, il nous fait vibrer. Quand on est à Wengen ou à Kitzbühel, il y a cette effervescence dans les tribunes et cette atmosphère est magique et grisante.

Donc l’ambiance de nos courses ressemblera plus à celle de nos entraînements où le public n’est pas très présent, sauf bien entendu sur la Streif à Kitzbühel.

Quand on réalise une très belle perf, c’est très sympa de partager avec le public. Ne pas pouvoir aller à la rencontre de mon fan club à Kitzbühel, qui ne pourra pas venir fin janvier dans la raquette, c’est vraiment dommage.
Mais c’est la réalité du moment et il faut faire avec.