Dès le lancement de son projet, le Comité d’organisation de Courchevel Méribel 2023 avait décidé de délivrer un événement international respectueux de l’environnement.
Un peu plus de 5 mois après la clôture de ces Mondiaux, il est intéressant d’analyser les résultats obtenus, plus particulièrement ceux liés à l’empreinte carbone, car vraiment porteurs de sens pour l’organisation des futurs grands événements de ski alpin à travers le monde.
Photo copyright Agence Zoom/Christophe Pallot
Rappelons tout d’abord que le Comité d’organisation de Courchevel Méribel 2023 a mis en place très rapidement au début de son projet une démarche collective pour un événement respectueux de l’environnement. Impliquant les parties prenantes internes et externes, toutes les actions ont été menées sous l’impulsion d’un comité RSE.
Dès la candidature de Courchevel-Méribel 2023, son Comité d’organisation a signé la charte des 15 engagements éco-responsables élaborée par le ministère des Sports et WWF. De plus, il a fait le choix d’utiliser la norme internationale ISO 20121 comme référentiel pour assurer la prise en compte des enjeux RSE dans l’ensemble des activités liées à l’évènement.
Des objectifs environnementaux ambitieux
La stratégie RSE de Courchevel Méribel 2023 s’est appuyé sur quatre grands engagements :
- Préserver la montagne et la fragilité de son écosystème en réduisant l’impact sur l’environnement et le climat, les déchets et l’impact carbone.
- Organiser un évènement responsable, qui valorise le territoire en achetant de manière responsable ainsi qu’en faisant rayonner le territoire et ses acteurs.
- Proposer un évènement festif, inclusif et accessible à toutes et à tous en assurant l’accès aux personnes en situation de handicap ainsi qu’en valorisant la parité au sein des équipes.
- Laisser un héritage positif en faveur de la transition écologique et sociétale en formant et en sensibilisant pour contribuer à l’évolution des pratiques.
Des indicateurs et des cibles ont été définis pour chacun des 15 objectifs et un bilan carbone a été effectué pour mesurer l’impact et la progression entre les Finales de Coupe du Monde 2022 et les Championnats du Monde 2023.
Après avoir pris connaissance des résultats communiqués, je résumerais les actions menées sur le bilan carbone de Courchevel Méribel 2023 de la manière suivante :
- Riche d’enseignements,
- Menées avec Sérieux,
- Engageant pour l’avenir.
L’un des premiers résultats obtenus l’a été un an avant les Mondiaux grâce à la mesure de l’empreinte carbone effectuée en mars 2022 à l’occasion des Finales de Coupe du Monde. Calculée par The Shift, un cabinet suisse basé à Lausanne, l’empreinte carbone de ces Finales s’est élevée à 1 957 tonnes CO2e, soit 192 kg CO2e par spectateur.
Ces chiffres ont été calculés grâce aux informations collectées auprès des différentes parties prenantes sur une base de 10 200 spectateurs. A titre indicatif, ce bilan carbone représente l’équivalent de 1 110 vols aller-retour entre Paris et New York.
Précisons que c’était la première fois que le Comité d’organisation menait une telle mesure ce qui lui a permis d’être encore plus précis dans la détermination du bilan carbone des Championnats du monde de février 2023.
Un autre résultat annoncé pendant les Mondiaux a constitué une première : Courchevel Méribel 2023 est, en effet, devenu le premier événement de sports d’hiver certifié ISO 20121 en France. Cette certification a été réalisée en deux étapes : un audit mené trois mois avant l’événement, suivi d’un audit réalisé avec succès pendant les Mondiaux.
Un bilan carbone réduit de 34%
L’objectif en matière d’empreinte carbone que s’était fixé le comité d’organisation pour les Championnats du monde de ski alpin était ambitieux. Réduire de 20% le bilan carbone entre l’ex-ante (bilan estimé et calculé avant les Mondiaux) et le bilan réel de l’événement, ce qui revient à ramener le bilan carbone par spectateur en dessous des 100 kgs CO2e !
Expérience aidant, le calcul s’est effectué avec plus de détails et beaucoup plus rapidement que pour les Finales puisque les résultats sont arrivés sur le bureau d’Emilie Meynet, Responsable RSE de Courchevel Méribel 2023, dès le 10 avril dernier, soit moins de 2 mois après la clôture des Mondiaux.
Ce bilan carbone des Championnats du monde a été de 11 300 tonnes CO2e, ce qui équivaut à 5 953 vols aller-retour entre Paris et New York. A noter une réduction massive du bilan carbone par spectateur puisqu’il est passé de 192 Kgs C02 par spectateur lors des finales de Coupe du monde à 94 Kgs CO2 par spectateur pour les Championnats du monde (sur la base d’une fréquentation de 120 000 spectateurs).
« Cette réduction de 34% du bilan carbone est une belle satisfaction. Elle a été rendue possible grâce à une multitude d’actions éco-responsables que nous avons réalisées ensemble, ainsi qu’à une plus faible part de spectateurs étrangers. Nous avons pû ainsi améliorer nos pratiques, réduire notre impact carbone et contribuer à préserver la montagne », commente Emilie Meynet.
Capitaliser sur des actions porteuses de résultats
Plusieurs actions notables ont apporté des résultats très significatifs sur le bilan carbone des Mondiaux.
A noter que 73% de ce bilan carbone provient du transport. 62% des spectateurs sont venus assister aux compétitions, soit en bus, soit en utilisant le co-voiturage. Cette part a été encore plus importante pour les équipiers puisqu’elle atteint 85%. Une navette électrique a été testée entre le Praz et Méribel et une quinzaine de navettes utilisaient du Gaz Naturel Véhicule, carburant moins émetteur de gaz à effet de serre, à la place du diesel. Par contre, la navette à hydrogène, initialement prévue, n’a pas pû être testée sur l’événement.
Autre utilisation d’un carburant écologique : celle du HVO (bio carburant à base d’huiles végétales retraitées) pour les engins de damage (pistes de compétition et d’entrainement) qui a permis de réduire de 80% l’impact carbone de cette activité. « 83 tonnes de C02 ont pu être évitées par rapport aux Finales. Et ce qui est encourageant, c’est la décision prise par la S3V qui va faire passer l’ensemble de sa flotte de damage en HVO dès l’hiver prochain. Ce sera un très bel héritage des Mondiaux », précise Emilie Meynet.
Le raccordement direct des infrastructures événementielles au réseau électrique (hors production TV), plutôt que l’utilisation de groupes électrogènes (il en aurait fallu 38), a induit une réduction de l’empreinte carbone de 950 tonnes de CO2.
Enfin, même si le chiffre est moins important, le choix d’une restauration éco-responsable avec notamment un menu 100% végétarien/semaine pour les équipiers (organisation, prestataires, bénévoles) et un choix de plat végétarien tous les jours a permis d’éviter l’équivalent de 14 tonnes de C02.
Sur le chapitre « aurait pu mieux faire », on note pour l’instant l’absence de mesures de compensation de cette empreinte carbone. Et pourtant, il y en a une qui serait rentrée durablement dans l’héritage du territoire.
Fin juillet 2022, les habitants de la vallée et les touristes présents ont observé durant plusieurs jours l’incendie de la forêt située sur le versant opposé aux bureaux du Comité d’organisation. Aussi, pourquoi ne pas avoir décider de planter quelques hectares de forêt sur cette zone ravagée par les flammes…
Outre le fait que c’est un sujet d’actualité (voir le post récent sur LinkedIn de Christophe Bréchu, Ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, qui explique que la France doit doubler le rythme de plantations si elle veut être à la hauteur des enjeux climatiques), cela nous aurait permis d’expliquer à nos enfants et petits-enfants que ce coin de forêt planté en face de l’Eclipse symbolise une partie des efforts environnementaux mis en place durant Courchevel Méribel 2023 pour réduire son empreinte carbone !
Reste désormais aux organisateurs d’événements sportifs internationaux et aux jeunes générations de capitaliser sur toute cette expérience et sur ses résultats. Car à l’instant où on parle d’une potentielle candidature française aux Jeux Olympiques et Paralympiques de 2030, on devra plus que jamais prendre en compte dans l’avenir les enjeux liés à la préservation de la biodiversité et à l’accélération du réchauffement climatique dont les conséquences sont plus fortes encore dans nos territoires de montagne.
Saluons d’ailleurs dans ce domaine l’initiative porteuse d’avenir menée par Courchevel Méribel 2023 : plus de 80 000 enfants ont été sensibilisés au développement durable en montagne grâce à la réalisation de livrets pédagogiques !