Après 14 années passées en équipe de France de ski alpin sur les pistes de vitesse, Margot Bailet s’est orientée vers la transmission de sa passion vers les jeunes du Club des Sports de Val d’Isère. Depuis le début de la saison de Coupe du monde, elle est également consultante Eurosport pour les courses de ski alpin dames. Interview avec Margot qui s’apprête à commenter le Super-G et la descente des Championnats du monde à Méribel.

Bonjour Margot. Quel a été ton parcours professionnel jusqu’à aujourd’hui ?

J’ai passé près de 14 années en équipe de France où je disputais principalement les épreuves de vitesse en Coupe du monde (Descente et Super-G). J’ai eu aussi l’occasion de courir des super combinés (descente + slalom). Je compte plusieurs Top 10 à mon actif dont deux quatrième place (descente de Lake Louise en décembre 2015 et Super Combiné à Bansko en mars 2015). J’ai également participé à deux Championnats du monde à Garmisch en 2011 et à Val/Beaver Creek en 2015.

En 2019, j’ai décidé de mettre un terme à ma carrière. C’était la fin d’une histoire et je souhaitais passer à autre chose. J’aimais toujours autant le ski mais mes valeurs de compétition n’étaient plus les mêmes.

A cette occasion, j’ai souhaité transmettre ma passion aux jeunes ce qui m’a permis de rester dans le milieu du ski. J’ai fait savoir aux clubs de ski que je voulais entraîner et je leur ai proposé mon projet. Ingrid Jacquemod, une ancienne collègue, descendeuse et amie, m’a appelé pour me proposer un poste de deuxième coach avec les U16 au sein du Club des Sports de Val d’Isère. C’est la 3e année que j’entraîne et que je transmets ma passion, désormais aux U12.

Tu commentes depuis le début de la saison le ski alpin. Comment es-tu venue jusque derrière le micro Eurosport ? Quelles sont les courses que tu as déjà commentées et quel est ton premier retour d’expérience ?

L’automne dernier, j’ai reçu un appel de FX Rallet qui m’a proposé de tenter une expérience de consultante ski alpin à Eurosport. Je ne m’y attendais pas et cela m’a fait plaisir. Je me suis laissé tenter en me disant que cela pouvait être une bonne expérience. C’est une autre facette du milieu du ski que je ne connaissais pas.

Depuis le début de la saison j’ai commenté les courses de Lake Louise, un endroit que j’affectionne énormément et une de mes pistes préférées. Je devais aussi commenter la « Speed Opening » à Zermatt Cervinia mais les deux descentes ont été annulées. Enfin, j’ai commenté les deux Super-G de St Anton à la mi-janvier.

C’était tout nouveau et je ne savais vraiment pas trop à quoi m’attendre. Cela m’a vraiment plu, c’était super chouette ! Derrière l’écran, je suis la première spectatrice des filles. Je suis aux avant-postes de ce qui se passe !

Je tiens d’ailleurs à remercier mon club de Val d’Isère qui fait toujours preuve de flexibilité pour me permettre d’exercer au mieux mes activités de consultante.

Quel est ton meilleur souvenir de commentatrice depuis le début de la saison ?

Je n’ai commenté que 2 fois depuis mon arrivée à Eurosport. Je suis encore en apprentissage.

J’ai deux très bons souvenirs. D’abord, mon premier jour chez Eurosport. J’ai tout découvert et on m’a superbement bien accueilli. L’équipe est vraiment très sympa. Ensuite, le Super-G de St Anton avec la 4e place de Tessa Worley. C’était très chouette !

Une anecdote à partager…

Pour mon premier plateau Chalet Club, j’ai eu droit à un petit bizutage de la part de Pierre-Emmanuel Dalcin (consultant ski alpin). Pierrot m’a posé une question facile sur du biathlon ou du ski de fond !

Je connais et regarde de temps en temps, mais je ne suis pas du tout experte de ces sports (sourire).

Quelles sont les courses que tu vas commenter pendant les Mondiaux de ski alpin de Courchevel Méribel ?

Je serais avec FX Rallet pour faire vivre plusieurs grands moments de ces Championnats du monde à Méribel pour les épreuves des filles. Je commenterais les entraînements vitesse, le Super-G aujourd’hui et la descente samedi.

Comment te prépares-tu à commenter samedi la descente dames qui est l’épreuve reine des Championnats du monde ?

Dans le passé, Je suivais toutes les compétitions. Depuis que je suis consultante pour Eurosport, j’ai un regard encore plus attentif sur les courses dames.

En ce qui concerne la piste du Roc de Fer, je l’ai pratiqué et je la connais bien, même si quelques modifications ont été apportées pour ces Championnats du monde.

Je vais prendre des infos auprès des coachs de l’équipe de France (qui sont mes anciens coachs) et des autres équipes sur l’état de forme des filles et sur leurs entrainements pour les Mondiaux.

J’ai également préparé des fiches avec beaucoup de notes sur toutes les athlètes, leurs parcours, performances, … J’écris beaucoup, c’est ma technique pour mémoriser les données. Quand je commente, je n’ai pas du tout l’œil sur mes fiches. J’ai mémorisé avant à peu près tout ce que j’ai envie de savoir.

Je suis très concentrée sur les images et sur ce qui se passe en temps réel sur la piste.

Peux-tu nous parler du Roc de Fer, la piste dames des Championnats du monde 2023 ?

C’est une piste sur laquelle j’ai couru une descente et un Super combiné. J’avais adoré cette piste qui est très joueuse et qui offre pas mal de vitesse sur le haut. Elle est très sympa à skier.

Cela démarre par une grande partie de glisse où les filles seront pratiquement qu’en recherche de vitesse. Il faudra faire une grosse poussée, avoir des skis rapides, et skier les mouvements de terrain dans le bon timing. C’est une partie où les organisateurs ont rajouté quelques sauts. Les « glisseuses » vont vraiment pouvoir faire la différence, on devrait voir des écarts se faire dès le haut.

Ensuite on aborde une 2e partie où il faudra bien emmener sa vitesse et tailler des courbes dans une partie plus technique avec des mouvements de terrain. Tout sera dans le timing et il faudra avoir de très bons appuis avec des courbes parfaitement taillées. On entre ensuite dans la partie qu’on appelle « le goulet », une partie à l’ombre nécessitant de s’adapter à un changement de lumière. C’est très joli à skier et on tourne avec la piste.

Enfin, la dernière partie du Roc de Fer est la plus raide avec le mur final sur le stade. Il faudra que les filles conservent de la fraicheur car elles devront encore tailler des courbes dans cette pente pour accélérer jusqu’à la ligne d’arrivée.

Quelle est la course de ski déjà courue dans le passé que tu aurais aimé commenter ?

C’est le géant dames des Finales en mars 2022 quand Tessa Worley remporte le globe de cristal. C’était une journée extraordinaire et très émouvant. J’étais tellement heureuse pour Tessa. Je me souviens encore de mes émotions quand j’ai vu Tessa prendre le globe dans ses mains.

Je n’étais pas à Méribel mais j’ai vécu ce moment d’histoire retransmis par Eurosport devant mon petit écran.  C’était juste incroyable.

Et celle que tu rêves de commenter un jour ?

C’est clairement la victoire d’une française en Coupe du monde, aux Jeux Olympiques ou pourquoi pas à Méribel pendant les Mondiaux.

Lorsque je suis devant mon écran télé à regarder le ski sans commenter, j’ai déjà beaucoup d’émotions. Alors si une copine gagne lorsque je commente, les émotions seront énormes.

Commenter la victoire d’une française aux Jeux olympiques, ce serait le graal !

Quel est ton pronostic pour le podium du Super-G et de la descente dames de ces Championnats du monde ?

En descente, je vois Sofia Goggia devenir Championne du monde. Elle a tellement envie de cette victoire qu’elle va tout mettre sur cette course et prendre tous les risques. Ce serait un échec pour elle de ne pas gagner.

En deuxième position, Ilka Stuhec. Elle revient en grande forme au très bon moment et elle a déjà été deux fois championne du monde. Elle a l’expérience de ce type de courses d’un jour. La grosse partie de glisse au départ du Roc de fer devrait lui convenir. Et pour la 3e place, l’Autrichienne Myriam Puchner.

En Super-G, il y a beaucoup de filles qui peuvent prétendre au podium. Il va y avoir une grosse bataille pour les médailles. Cette course sera très belle à suivre et à commenter. Je vois Lara Gut-Behrami remporter la médaille d’or, l’italienne Elena Curtoni l’argent et la médaille de bronze pour une Française, Romane Miradoli ou Tessa Worley.