Après une pause estivale bien maîtrisée et un solide stage en Amérique du Sud, Franjo von Allmen aborde la saison de ski alpin avec lucidité. A l’occasion d’une conférence de presse organisée par Swiss-Ski et à l’aube d’un hiver qui sera marqué par les Jeux Olympiques de Milan-Cortina, le descendeur prodige suisse revient sur sa préparation estivale, ses ambitions et sa manière de gérer la pression.
Comment s’est déroulée votre pause estivale ?
Dans l’ensemble, c’était une bonne pause et un bon changement. J’ai pu passer un peu de temps avec les collègues, et l’entraînement s’est aussi très bien déroulé. On remet le corps en route, ce qui est bon non seulement physiquement, mais aussi mentalement pour s’aérer un peu la tête.
J’ai envie de faire beaucoup de choses, mais je n’ai plus assez de temps. Donc cet été, j’ai volontairement ralenti un peu, pris de la distance, pour me concentrer sur l’entraînement — et aussi pour pouvoir décrocher un peu.
Quel bilan tirez-vous de votre stage en Amérique du Sud ?
L’entraînement a été excellent. À part deux ou trois jours, nous avons eu de très belles journées. L’objectif était clair : s’entraîner. Et on a pu bien travailler !
En termes de ski, dès le premier camp, c’était actif. Il y a eu un peu de douleurs et de sensations nouvelles. Ce n’est pas toujours évident, mais on a pu tester certaines choses et maintenant, on se prépare pour les vraies courses.
Comment avez-vous reçu la nouvelle tragique du décès de Matteo Franzoso ?
C’est difficile de digérer une telle nouvelle, surtout quand on s’entraîne dans la même région. On s’est concerté avec l’équipe et on a décidé de continuer. C’est notre travail d’aller de l’avant. C’est une nouvelle tragique que je veux traiter avec respect. Mais il faut regarder devant et voir le positif. La vie continue.
Comment expliquez-vous que vous soyez aussi rapide sur les skis ?
Je pense que la clé pour moi, c’est de skier avec plaisir et de vraiment aimer cela. Si j’essaie de forcer les choses, ça ne marche pas. Alors je reste dans le plaisir…
Odermatt vous a-t-il déjà demandé votre recette pour aller aussi vite ?
Pas encore, non. « Odi » a sa propre méthode, qui marche déjà très bien pour lui !
Comment faites-vous pour vous mettre dans le bon état d’esprit ?
J’essaie de vraiment intégrer consciemment certains automatismes de l’entraînement, pour qu’il y ait un rythme connu, quelque chose de familier. C’est important parce que la journée de course est différente du quotidien.
La pression de la saison hivernale commence-t-elle à se faire sentir ?
Oui, un peu. Ce n’est pas encore le niveau de stress d’une vraie course, mais on sent que cela approche. C’est spécial. Et chaque hiver a sa propre atmosphère.
« Il faut rester calme et ne pas se prendre la tête ».
Justement, comment gérez-vous cette pression ?
J’espère que cette attente, cette pression qui a fortement augmenté ces derniers temps et la dernière saison, va un peu redescendre. Je dois apprendre à être plus indulgent avec moi-même. Et éviter de trop subir la pression extérieure.
En tant que sportif, on se met déjà suffisamment de pression tout seul parce qu’on veut montrer ce qu’on sait faire. Donc j’essaie d’ignorer un peu ce qui vient de l’extérieur, et de me concentrer sur mes propres exigences.
J’ai été Champion du monde en descente mais ce n’est pas pour autant qu’on gagne automatiquement en confiance. Il faut rester calme et ne pas se prendre la tête.

Les Jeux Olympiques sont-ils déjà dans un coin de votre tête ?
Les Jeux Olympiques, c’est encore loin pour moi. Pour l’instant, je me concentre surtout sur le début de saison, sur les premières courses. C’est là-dessus que je veux construire.
Si vous aviez le choix entre une victoire à Kitzbühel en janvier, une médaille d’or olympique en février, ou un petit globe de cristal dans une discipline de vitesse à la fin de la saison…
Je pense que si je devais suivre un plan, étape par étape, ce serait d’abord Kitzbühel, ensuite le globe de cristal, puis les Jeux olympiques. Mais honnêtement, refuser une médaille olympique, ce ne serait quand même pas très normal pour un sportif !