Revenir au haut niveau après une blessure n’est jamais facile. A force de travail, Nastasia Noens a terminé sa saison de Coupe du monde aux Finales de Lenzerheide avec un Top 10. Un hiver de slaloms durant lequel la skieuse niçoise a donné le meilleur d’elle-même sans jamais rien lâcher, même dans les moments difficiles.
Copyright image Nastasia Noens
Je suppose que vous êtes satisfaite d’avoir pu courir enfin une saison complète de Coupe du monde ?
Je ne peux pas dire que cela a été une saison complète. Ma préparation a été un peu compliqué. L’été dernier, au niveau physique, j’étais encore loin de toutes mes capacités car je ressentais encore énormément de douleurs. Et pendant l’hiver, j’ai eu mal au dos. Il me manquait aussi des kilomètres en compétition et un manque de repères. Tout cela ne s’invente pas, il faut prendre des départs.
Je vais vraiment démarrer maintenant une préparation complète pour la saison prochaine. J’occupe désormais une place au classement qui, compte tenu de l’importance des dossards, sera plus libérateur pour rentrer d’abord dans les 15.
Que retenez-vous de votre saison en slalom ?
Cela été dur sur chaque slalom. Le niveau a augmenté. Comme j’ai changé ma façon de skier, je n’étais pas encore prête techniquement et il me manquait énormément de repères sur les compétitions.
Au début de la saison, j’ai manqué de confiance pour me lâcher à 100%. Cela a pris beaucoup de temps.
Cela a été dur d’enchaîner des courses avec des places au-delà des 20 premières ou sans se qualifier pour les secondes manches. Et aussi d’avoir du mal en Coupe d’Europe ou sur les courses FIS.
Et puis il y a eu un bon déclic et j’ai pu m’en servir pour continuer à construire et bien me préparer pour arriver sans complexe aux championnats du monde de Cortina.
Ce que je retiens, c’est que je n’ai rien lâché. J’ai continué à engendrer de la confiance et à donner le meilleur de moi-même. J’ai réussi à garder ma qualité première : l’engagement. Je suis resté concentrée et en confiance avec ce qu’on me disait.
Je suis contente et fière d’avoir pu me libérer en cette fin de saison après un retour de blessure.
Vous avez modifié votre façon de skier. Est-ce que c’est un succès ?
J’étais dans l’obligation de faire évoluer mon ski. Techniquement, il fallait que je change certaines choses. J’ai fait confiance à mes entraîneurs. Et pour la prochaine saison, on repart encore sur un gros projet.
Je suis encore dans la meilleure de mes manches à une seconde des meilleures. C’est donc encore loin d’être acquis. C’est ce qui est bien dans notre sport. Cela évolue et il faut s’avoir se réinventer.
Quel a été le meilleur moment de votre saison ?
Je pense que c’est les mondiaux. J’ai pris du plaisir sur cette course. Je l’avais dans un coin de ma tête depuis un moment. Cela s’est passé exactement comme je voulais au niveau de ma préparation, de la motivation, de cette envie au départ. Mais j’ai un regret sur ma 2e manche. Je termine 11e au final.
Cela a été un bon déclic qui m’a permis d’avancer vers ma fin de saison.
Et le moment le plus difficile ?
A Semmering où je n’ai pas réussi à accrocher la qualif pour la 2e manche. Je ne pensais pas être aussi loin du compte après la première manche.
Il faut se servir de ces mauvais jours pour pouvoir rebondir. Au slalom suivant, à Zagreb, je remporte la seconde manche !
Un instant où vous avez douté ?
Oui, j’ai eu des moments de gros doutes dans cette saison. Par exemple, un peu avant Levi, sur un slalom FIS qui était hyper glacé, je me suis demandé ce que je faisais là !
Il faut passer par là : avec le parcours que j’ai, il faut que je me fasse violence à chaque course. Il faut baisser la tête, travailler dans son coin et être présente le jour ou tout sera aligné !
Est-ce que les contraintes liées à la crise sanitaire et l’absence du public ont pesé sur votre performance ?
C’est difficile à dire même si je sais que j’ai besoin d’avoir pendant les courses le public et l’ambiance. En Autriche, à Flachau et Semmering, cela m’a manqué énormément. Ces courses en nocturne avec une ambiance de fou me font vibrer.
Je me sers de cela pour me transcender.
Il y a eu aussi les contraintes sanitaires, avec énormément de tests à faire durant toute la saison.
Je me suis mis dans ma bulle et on s’en est très bien sorti. Cela ne m’a pas impactée.
Qu’est-ce que vous avez appris tout au long de cette saison qui vous sera utile dans l’avenir ?
On apprend tous les jours et heureusement car je déteste la routine. J’aime bien ce qui est nouveau.
J’ai l’impression que la compétition amène des challenges à chaque fois. Je ne suis actuellement pas au niveau que je souhaite.
Cette saison m’a encore donné de l’expérience dans le retour au haut niveau après une blessure. Cela n’a pas été facile tous les jours d’être un peu seule, d’être critiquée.
Quelle est la slalomeuse qui vous a le plus surprise cette saison ?
C’est Katharina Liensberger. Mentalement et dans son ski, elle m’a beaucoup impressionné. Je vais essayer de m’en servir pour continuer à faire évoluer mon ski. Par exemple, lorsque la piste creuse, Katharina skie sur des lignes que personne ne prend et cela ne lui pose aucun souci comme en 2e manche à Lenzerheide.
Son ski est vraiment très intéressant.
Comme allez-vous occuper vos journées dans les prochaines semaines ?
J’ai arrêté le ski car c’est ce qui entretient mon mal de dos. Durant les prochaines semaines, j’ai prévu un gros bloc de physique à Albertville pour pouvoir ensuite me reposer en vacances en ayant le moins de douleurs possibles. Il y aura beaucoup de séances de musculation, de l’aérobie, de la randonnée aussi.
Pour me permettre de repartir à partir de fin mai-début juin vers la saison suivante dans de bonnes dispositions.