Après une longue saison de Coupe du monde ponctuée par les Jeux Olympiques de Pékin, Nastasia Noens a pris le temps de la réflexion avant de décider quelle suite elle entendait donner à sa carrière de sportive de haut niveau.
Entretien avec la skieuse niçoise qui nous explique comment elle a pris sa décision et ce qu’elle a décidé.
Copyright photo Nastasia Noens
Bonjour Nastasia. Dans quel état d’esprit as-tu clôturé ta saison de Coupe du monde 2021/2022 ?
La fin de saison a été difficile nerveusement. Cela faisait longtemps que je n’avais pas fait une saison complète sans souci physique. Je me suis beaucoup entraînée, j’ai énormément skié et cela m’a fait du bien.
Mentalement, j’avais vraiment besoin de faire un break. Je peux dire également que j’étais très apaisé car j’ai terminé une saison qui me correspondait mieux. J’ai pu profiter de chaque instant en vivant pleinement les finales de Courchevel-Méribel et ensuite les championnats de France chez moi. Cela m’a fait du bien de vivre de tels instants et de ne pas être envahie par le stress.
Donc j’étais soulagée, bien avec moi-même et sereine avec une grosse envie de faire une coupure avec le monde du ski.
Aux Finales de Courchevel-Méribel, puis aux championnats de France, nombreuses ont été les questions sur la suite que tu allais donner à ta carrière. Comment as-tu construit ta prise de décision ?
Cela a été difficile car en fin de saison tout le monde me posait la même question sur la suite de ma carrière. Je me suis d’ailleurs demandé pourquoi cela prenait une telle ampleur !
J’ai eu du mal à comprendre les questions qu’on me posait par rapport à mon âge, à la suite de ma carrière. Le moment a été compliqué.
Dès la fin de saison, j’ai beaucoup discuté avec mes entraîneurs et avec les personnes qui me suivent depuis le début de ma carrière. Mais au fond, il n’y avait que moi qui pouvait décider si je pouvais repartir cet été sur des gros blocs d’entraînements. Et si j’avais envie de me retrouver encore une saison toute seule en équipe de France en slalom !
Je suis ensuite partie à l’autre bout du monde et cela m’a beaucoup aidé. Pendant une semaine, j’ai réussi à me couper complétement du ski, à en oublier même que j’avais une décision importante à prendre au retour [Sourire].
Ma décision a été assez évidente. J’ai des liens très forts avec le sport de haut niveau et le ski [Nastasia est sur le circuit Coupe du monde depuis 16 ans]. Je me suis projetée vers la prochaine saison. J’ai analysé le calendrier et j’ai senti que cette prochaine saison pouvait encore constituer un bel objectif pour moi avec aussi des changements intéressants par rapport aux années précédentes.
J’ai donc décidé de repartir pour un tour.
Quand as-tu pris ta décision et à qui l’as-tu annoncé en premier ?
C’était vers le 20 mai et j’en ai fait part à Lionel Pellicier (Directeur des équipes de France féminines). J’ai ensuite contacté plusieurs de mes sponsors pour m’assurer qu’il continuerait à m’accompagner.
Et enfin, vendredi dernier, j’ai officialisé ma décision en réunion d’équipe.
Est-ce que cette décision a été la plus difficile à prendre depuis le début de ta carrière ?
Oui, c’est la décision la plus difficile que j’ai eu à prendre depuis le début de ma carrière.
J’arrive sur une fin de cycle et je n’avais jamais eu l’occasion de penser à ce type de décision. Je me suis posée beaucoup de questions : est-ce que cela ne sera pas l’année de trop ? Est-ce que mentalement je vais pouvoir encore élever mon niveau ? Quelle pourra être ma vie d’après en tant que femme ?
Est-ce qu’on peut dire que ta prochaine saison sera la dernière en Coupe du monde ?
Oui. J’ai décidé de mettre un terme à ma carrière à l’issue de la saison 2022/2023.
Quels seront les axes de travail de ta préparation qui vient de démarrer ?
Depuis deux saisons, j’ai beaucoup travaillé techniquement et je vais poursuivre cette mise en place sur trois axes.
D’abord, optimiser mon passage dans chaque porte où je perds systématiquement du temps. Ensuite, améliorer ma fin de parcours où dans les 20 dernières secondes je cède du terrain sur les autres. Et enfin, je compte travailler cet été mon mental avec un préparateur pour gagner encore de la confiance.
Quel est le calendrier de ta préparation estivale ?
Avant de parler du calendrier, l’un des points importants à mentionner est que mes entraînements en ski se feront avec le groupe fille Coupe d’Europe. Depuis toute petite, je me suis entraînée dans des groupes, en confrontation directe avec d’autres filles. Cela me motive et me donne du plaisir dans le sport que je pratique.
Pour ma préparation physique, je continue à m’entraîner comme la saison dernière. Je viens tout juste de démarrer un gros bloc physique qui va se dérouler ces prochaines semaines à Albertville, mais aussi chez moi à Nice.
Fin juillet, je reprendrais le ski à Cervinia puis au mois d’Août et en septembre, j’aurais plusieurs stages de ski d’une dizaine de jours avec le groupe Coupe d’Europe.
As-tu un rêve pour la saison prochaine ?
Je ne me mets pas trop de pression sur l’hiver prochain par rapport aux objectifs. Je sais pourquoi je repars pour cette ultime saison. Je connais aussi le niveau des filles en slalom qui a énormément progressé ces dernières années.
Mon rêve, il se passera le 10 janvier en Autriche à Flachau car c’est ma course préférée. J’ai fait un podium là-bas, c’est un slalom que j’aime bien, qui me tient à cœur.
Il y a aussi la course d’un jour sur le Roc de Fer en février avec le slalom des Championnats du monde de Courchevel-Méribel 2023.