Dans un mois précisément, les 24e Jeux olympiques d’hiver s’ouvriront à Pékin. Rencontre avec Manon Ouaiss qui s’entraîne sans relâche au sein de la structure Orsatus Ski Racing pour représenter au mieux son pays, le Liban, dans les disciplines techniques du ski alpin.
Bonjour Manon. Pour celles et ceux qui ne vous connaissent pas, pouvez-vous nous présenter votre parcours de skieuse alpine ?
J’ai 21 ans et j’ai commencé à skier au Liban entre 3 et 4 ans. Je suis venue à ce sport grâce à mes parents qui, même s’ils n’étaient pas de grands skieurs, m’ont mis très tôt sur les skis. Chaque année, je pratiquais le ski tous les week-ends pendant la saison d’hiver qui est courte (3 à 4 mois) au Liban. J’ai donc skié assez peu dans cette période de ma vie, environ 30 jours par an.
J’ai démarré la compétition très tôt vers 6/7 ans et j’ai suivi ensuite quelques stages en Autriche. Je dispute des courses dans les disciplines techniques du ski alpin, le géant et le slalom.
Je suis licenciée à la section Ski du Racing Club de France à Paris et j’ai intégré depuis septembre 2020 la structure Orsatus Ski Racing basée à Brides les Bains en Savoie.
Quel est votre palmarès dans ces deux disciplines ?
J’ai été médaillée d’argent au géant des championnats asiatiques de ski alpin en 2016. En 2017, j’ai décroché une médaille d’argent et de bronze à la Coupe SES (Small Evolving Ski Nations Cup).
J’ai eu l’honneur de représenter mon pays, le Liban, aux championnats du monde juniors de la Fédération Internationale de ski (FIS) à Davos (Suisse) en janvier 2018, ainsi qu’aux championnats du monde FIS à Åre (Suède) en février 2019 et à Cortina d’Ampezzo (Italie) en février 2021.
Plus récemment, j’ai remporté les 6 courses du championnat de ski du Liban en février-mars 2021.
Dans toutes les dimensions de ma vie sportive, je tiens à souligner que j’ai toujours pu compter sur ma famille et sur mon club, le Faraya Sporting Club, ainsi que sur la Fédération Libanaise de Ski (FLS) qui me soutiennent depuis tant d’années.
Quelle est la compétition dont vous êtes la plus fière ?
Il y en a deux. Tout d’abord, ma participation aux championnats du monde de Cortina d’Ampezzo en février dernier.
Je me suis élancée dans les deux disciplines techniques que sont le géant et le slalom. Avec deux disqualifications ! Je suis tombée en géant et j’ai enfourché en slalom… Mais cela a représenté pour moi une formidable expérience. C’était très impressionnant.
Ensuite, il y a eu mes courses aux championnats de ski du Liban. Elles se sont déroulées fin février-début mars à la station des Cèdres. J’ai disputé six courses et j’ai remporté les six médailles d’or. J’en garde un super souvenir car cela a représenté une étape déterminante vers ma qualification pour Pékin 2022.
Quel a été le moment le plus difficile de votre carrière ?
Je vais vous faire une réponse ancrée sur la globalité de ma carrière. Plus qu’un moment difficile, je regrette que le sport n’ait pas occupé la place que j’aurais souhaité dans ma vie et de ne pas m’y être mis plus tôt.
En parallèle avec votre carrière de skieuse, vous menez aussi un parcours académique…
J’ai mené ma scolarité au Grand Lycée franco-libanais d’Achrafié à Beyrouth. Je suis venue à Paris après le Bac pour suivre des études de droit. Après trois années passées en licence et en alternance dans un cabinet d’avocat, je poursuis cette année en Master 1 droit des affaires à l’Université Paris II Panthéon-Assas. Je suis aussi en alternance au sein du service juridique d’une galerie d’Art à Paris.
Comment conciliez-vous votre parcours universitaire avec votre carrière de skieuse ?
Cela dépend des périodes. Mon mode de vie est effectivement assez chargé. Il y a des moments où je me consacre plus aux études, d’autres comme actuellement, au ski.
J’essaye de mener de front trois types d’ambitions. Tout se déroule bien côté académique et dans mon alternance. Je me consacre actuellement beaucoup plus au ski que dans les années précédentes dans la perspective de ma participation aux Jeux Olympiques de Pékin en février prochain.
Que représente pour vous une première participation aux Jeux Olympiques ? Quels sont vos objectifs ?
Je suis très fière de représenter dans quelques semaines un pays qui traverse autant de crises en ce moment. Je veux montrer qu’il y a encore des athlètes qui ont envie de hisser le drapeau de leur pays, le Liban, qui va si mal et traverse une période très difficile de son histoire.
En ce qui concerne mon ambition pour ces Jeux Olympiques, je souhaite représenter mon pays du mieux possible. Je n’ai évidemment pas d’objectifs de médailles, ni de Top classement.
Quel est votre programme de préparation jusqu’aux Jeux Olympiques d’hiver de Pékin ?
Je vais tout faire pour me préparer au mieux pour représenter honorablement mon pays aux JO d’hiver.
Jusqu’au 20 janvier, j’ai des séances de ski pratiquement tous les jours sur les stades de slalom de Courchevel et Méribel qui sont organisées par la structure privée Orsatus Ski Racing. Je gère avec mon coach cette préparation en planifiant aussi des périodes de récupération sur cette préparation ski. Chaque week-end, je compte participer à des courses FIS.
Du 24 au 27 janvier, je serais au Liban pour quatre jours de courses pendant lesquels j’essayerais de me qualifier pour les championnats du monde de Courchevel-Méribel en 2023. Ensuite, après quelques jours de repos, je m’envolerais début février pour rejoindre Pékin et disputer à Yanqing les courses de slalom et de géant des Jeux Olympiques.