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La belle histoire continue

A 24 ans, elle a déjà une belle histoire à nous raconter dans sa jeune vie. Elle s’apprête à en construire une nouvelle qui pourrait devenir encore plus belle. Rencontre avec Léa Chapuis qui glisse tout schuss vers un Master Marketing à Sciences Po Paris et qui va s’élancer cet hiver sur le circuit Freeride World Qualifier après avoir été membre de l’équipe de France de ski alpin.

Bonjour Léa. Pourriez-vous nous résumer votre parcours ski alpin ?
J’ai commencé à skier à Tignes à l’âge de deux ans. J’ai fait ma première compétition vers 6/7 ans. A partir de cette période, j’ai toujours continué la compétition en ski alpin dans les disciplines du géant et du slalom. J’ai étudié au ski études de Bourg Saint Maurice, au pôle espoir à Moutiers en Seconde, et au pôle France à Albertville à partir de la Première. J’ai ensuite rejoint le Comité Ski de Savoie et ma première saison en FIS s’est très bien passée.
Ce qui m’a permis d’intégrer l’équipe de France de ski alpin. Je suis montée 21 fois sur le podium dans des courses FIS et j’ai remporté le titre de championne de France de slalom et de géant en catégorie U18 en 2014, à Méribel. J’ai aussi fait beaucoup de coupes d’Europe mais ne suis pas parvenue à passer ce cap pour intégrer le circuit de la coupe du monde (je n’en n’ai réalisé qu’une seule, c’était à Courchevel).
J’ai mis un terme à ma carrière au début de l’année 2019. J’ai senti que je n’avais plus suffisamment de passion. J’avais encore de la motivation pour gagner mais pas forcément pour skier. Et puis je souhaitais découvrir encore plus de choses d’un point de vue académique. C’est ce qui m’a aidée à prendre ma décision et je n’ai aucun regret.

En équipe de France de ski alpin, Léa Chapuis a couru en Géant et en Slalom – Copyright Photo Agence Zoom

Vous vous apprêtez à suivre votre deuxième année de Master Marketing à Sciences Po Paris. Pour quelle suite ?
J’ai terminé mon Master 1 de Marketing et je suis en année de césure. Je suis actuellement en stage jusqu’à début novembre dans un mode télétravail au sein de la start-up Holaspirit, qui commercialise une solution logicielle pour aider les entreprises à aller vers un management plus agile.
Mon projet est de terminer mon Master l’an prochain. Je profite de mes stages pour explorer différents métiers afin de préciser mes préférences pour mon avenir professionnel.
Je me verrais bien dans l’avenir directrice marketing dans un grand groupe évoluant dans le sport et engagé dans l’environnement.

Dans le même temps, vous venez de décider d’écrire une nouvelle histoire de votre vie sportive…
Effectivement. J’ai un groupe d’amis à Tignes (_lariderie_ si certain(e)s veulent suivre nos aventures sur Instagram) qui m’ont progressivement embarquée dans leurs sorties de freeride. Et même au-delà de cette discipline puisque je pratique beaucoup d’escalade et je m’initie aussi à l’alpinisme et à la cascade de glace. Le freeride est une discipline très différente de l’alpin, tant dans la pratique pure que dans le système de compétitions qui gravite autour.
J’ai récemment compris que le freeride serait pour moi une occasion de mettre mon amour pour la montagne, survenu tardivement, au profit de mon esprit de compétitrice.
J’étais un peu aveuglée par les piquets et je me suis rendue compte que j’adorais la montagne et ses activités outdoor.
Je me suis donc intéressée au circuit freeride, aux compétitions qui sont organisées. J’ai pu évaluer que le niveau des filles n’est pas si inatteignable que cela et qu’avec une bonne dose de travail, notamment sur les figures, je peux avoir une belle carte à jouer.

Le freeride serait pour Léa Chapuis l’occasion de mettre son amour pour la montagne au profit de son esprit de compétitrice – Copyright Photo Clément Rajol

Comment se déroule une compétition de freeride ?
 L’ambiance a l’air beaucoup plus « cool » qu’en alpin. J’ai l’impression que c’est un peu le rendez-vous international de tous les passionnés d’outdoor à la montagne.
Concernant le déroulé de la course, les participants ont un temps déterminé pour regarder la zone hors-piste dans laquelle la compétition se déroulera. Ils peuvent observer les potentiels sauts et leur ligne idéale en étant face à la pente. L’usage de jumelles est utile car on peut mieux évaluer la faisabilité d’une ligne ou d’un saut. A la différence de l’alpin, personne ne peut faire de run de reconnaissance. La plus grande difficulté selon moi, c’est de choisir sa ligne en estimant sa faisabilité, et de réussir à la reproduire à l’identique en étant dans le sens de la descente et en voyant les différents éléments en grandeur nature et non dans des petites jumelles.
Les participants se succèdent assez lentement. L’attente est longue, mais j’imagine que c’est dans un but de sécurisation de la zone hors-piste. Même si les organisateurs et bénévoles sont nombreux sur les compétitions, il n’empêche que nous évoluons dans un secteur dangereux et qui rend les secours difficiles.


L’enjeu c’est donc de gérer l’attente et de rester concentré(e) sur toute la longueur car les conditions météo évoluant rapidement peuvent transformer la qualité de la neige et changer nos plans. Le dossard change aussi la donne car quand 20 participants sont passés sur la même ligne, c’est clair que le ressenti sous les pieds est différent. D’autant plus que personne n’est là pour remettre la zone en état avec un râteau ou une pelle comme c’est le cas en alpin par exemple.

Léa Chapuis va s’engager cet hiver sur le circuit Freeride World Qualifier – Copyright Photo Clément Rajol

Quels sont les objectifs que vous vous fixez pour cette première saison en freeride ?
Je souhaite m’engager cet hiver sur le circuit du Freeride World Qualifier, en ciblant les compétitions qui sont organisées en Europe. Mon objectif est de pratiquer le meilleur ski possible tout au long de la saison, me donner à 100% et me faire plaisir, rien d’autre.
Evidemment, je ne me lance pas dans la compétition sans avoir en tête de faire des résultats. Mais je vais plutôt considérer les résultats comme étant des conséquences de mon investissement du moment et non des buts ultimes qui seraient susceptibles de me mettre dans un mauvais état d’esprit et de m’écarter de cette volonté de rechercher le plaisir avant tout. Gagner au moins une course du Freeride World Qualifier serait la meilleure preuve de mon niveau et de ma capacité à concilier plaisir et travail.
Je n’ai aucune pression car personne ne m’attend et je gère mon projet toute seule. Cette ambiance me met à l’aise et me motive encore plus.

Avez-vous des partenaires qui vous accompagnent dans cette nouvelle aventure ?
Je démarre cette aventure en cherchant activement des sponsors et partenaires qui verraient en la skieuse alpine qui était en équipe de France et retraitée depuis deux ans, une potentielle Freerideuse de qualité.
J’ai créé dans ce but une association afin de centraliser les dons que je serais susceptible de collecter, mon budget saison se situant entre 10 et 15000 euros. Je viens d’ailleurs de lancer une campagne de communication sur les réseaux sociaux, notamment sur LinkedIn, pour rechercher ces sponsors.
Les premiers contacts que j’ai eu sont très encourageants.