A 40 ans, Johan Clarey vient de réaliser une superbe saison dans les deux disciplines de la vitesse que sont la descente et le Super-G. Le skieur de Tignes revient pour TopSkiNews sur sa 16e saison de Coupe du monde marquée par la meilleure performance (4e) de sa carrière dans le classement en descente.
Commençons par la descente. Que retiens-tu de ta saison en Coupe du monde ?
Je suis plutôt satisfait. C’est mon meilleur classement depuis le début de ma carrière.
C’est une super saison, je finis 4e au classement de la discipline. A mon âge, 40 ans, c’est beau d’être encore à ce niveau-là. Je suis très très content. J’ai eu des hauts et des bas mais j’ai été régulier en ne sortant quasiment pas des 10 sauf à Val Gardena.
Il y a eu cette semaine à Kitzbühel avec en point d’orgue cette 2e place. Je fais quasiment une course parfaite et il y a juste Beat Feuz qui vient me battre.
C’était beau.
Comment s’est déroulée ta saison en Super-G ?
Je suis un peu plus déçu. J’ai eu quelques problèmes de réglages avec mon matériel. Je n’étais pas vraiment en confiance. En fin de saison, cela commençait à revenir mais malheureusement avec le nombre d’annulations qu’on a eu, je n’ai pas pu le montrer.
Je ne désespère pas. Je pense que je peux revenir à un bon niveau l’année prochaine.
Quelques mots sur les championnats du monde ?
J’ai eu une superbe saison jusqu’à Cortina. Aux mondiaux, j’ai eu un gros coup de barre physique et mental. A 40 ans, c’est dur d’être en forme toute la saison et il y a forcément des trous. Je suis arrivé à Cortina très fatigué. La semaine de Kitzbühel m’a beaucoup couté. J’ai fait ce que j’ai pu pour essayer de m’adapter.
Je ne pouvais pas espérer beaucoup mieux vu dans l’état où je suis arrivé aux mondiaux.
Est-ce que le contexte dans lequel s’est couru cette saison la Coupe du monde (crise sanitaire, absence de public) a pesé sur tes performances ?
Le jour de mes courses, j’arrivais à rentrer dans ma bulle. A la longue, les tests réguliers avec le couperet qui tombait chaque semaine pour savoir si on va pouvoir courir ou pas, ont rajouté un stress supplémentaire. Quand il y a en plus l’obligation de porter en permanence un masque et de faire très attention tous les jours pour ne pas tomber malade et dans ce cas créer un cluster, c’est vraiment du stress en plus.
Ce contexte a fait qu’on était un peu plus sous pression. On a eu une saison avec beaucoup de blessures et je pense que ce n’est pas que le fruit du hasard.
Le côté fun du public m’a manqué et l’excitation que cela procure. Dans des endroits comme à Kitzhbuhel, le contraste était saisissant. C’était très spécial à vivre.
J’espère que la saison prochaine ne sera pas comme cela !
Quel a été le meilleur moment de ta saison ?
Je vais dire la première descente à Kitzbühel et ma 4e place. Je suis tombé la veille en prenant une grosse « cartouche ». J’ai eu des contusions très fortes en ayant très mal à l’épaule et au bras. Je ne savais même pas si j’allais pouvoir courir le lendemain.
J’étais très stressé sans savoir comment mon corps allait réagir. Je m’en suis super bien sorti. Cette 4e place a été un gros soulagement. C’était un super moment.
Et ton moment le plus difficile ?
Je dirais le matin du Super-G à Cortina. J’ai vu les premiers dossards s’élancer et les trois premiers sont sortis. Je n’étais pas en confiance et dans un très mauvais « mood ».
Je ne sentais pas la piste. On avait pour consigne de freiner dans ce passage où les premiers sont sortis. Me demander de freiner, c’est quelque chose d’inconcevable pour moi !
Je me suis élancé dans ce Super-G avec surtout l’envie de ne pas me faire mal.
Avec 210 départs en Coupe du monde et toute ton expérience, est-ce que tu as encore appris des choses cette saison qui te seront utiles dans l’avenir ?
J’essaye toujours d’apprendre et c’est pour cela d’ailleurs que je suis encore là. Chaque année, je ne reste pas bloqué sur mon expérience et mon ressenti. J’essaye d’être ouvert sur pas mal de choses. J’apprends techniquement et sur moi-même.
Je n’ai pas encore fait le bilan de la saison. Mais je suis persuadé qu’il y a des endroits où je peux encore progresser, que ce soit au niveau psychologique, au niveau du travail sur mon matériel. Il y aura sûrement des points qui vont me permettre de m’améliorer encore la saison prochaine.
Tant que je skierais, j’aurais des choses à apprendre, c’est une certitude.
Quel est le skieur qui t’a le plus surpris cette saison ?
Je ne vais pas dire Alexis [Pinturault] car forcément je m’y attendais. J’ai été surpris et impressionné par Marco Odermatt. On l’annoncait depuis déjà quelques temps comme un candidat pour le gros globe mais je ne pensais pas qu’il allait progresser aussi vite en vitesse comme il l’a fait cette saison.
Il est devenu très régulier. En descente, je pensais qu’il aurait du mal et il finit la saison comme un boulet de canon ! Ces aptitudes m’ont surprises. Je ne m’attendais pas à ce qu’il soit aussi rapide.
C’est impressionnant !
Comme vas-tu occuper tes journées dans les prochaines semaines ?
J’ai exprimé aux coachs le souhait de skier en avril pour pouvoir tester mon matériel. Le but serait de faire deux à trois stages d’entraînement, soit huit à dix jours de ski. J’ai encore des choses à apprendre et à faire évoluer. J’aimerais bien profiter du mois d’avril pour le faire. Compte tenu de la situation sanitaire, on a du mal à trouver des endroits pour s’entraîner.
Je vais aussi m’entretenir physiquement sans programme précis. Ce sera selon mes envies, de la randonnée, du vélo, …
Et en mai, il y aura un peu plus de repos et on verra en fonction des conditions sanitaires pour les vacances !
Saison 2020/2021 – Classement Johan Clarey
4e mondial en descente
26e mondial en Super-G
Championnats du monde de Cortina
16e en descente
DNF en Super-G