Pour cette nouvelle interview « Derrière le micro », je suis parti à la rencontre d’un journaliste qui va délaisser l’espace de ce week-end les commentaires de foot pour s’installer avec son micro au pied de la Face de Bellevarde à Val d’Isère.
Interview avec Adrien Courouble, journaliste à la chaine L’Equipe, qui nous fait partager son parcours, sa découverte de l’univers du ski et nous explique comment les équipes de la première chaine de sport en France se préparent pour le Critérium de la première neige.
Bonjour Adrien. Quel a été votre parcours journalistique jusqu’à aujourd’hui ?
J’ai démarré ma carrière de journaliste en 2014 dans la chaîne Sport 365 qui n’existe plus aujourd’hui. J’ai ensuite travaillé pendant 4 ans pour RMC Sport que j’ai quitté pour participer au lancement en 2020 de la chaîne Telefoot.
Depuis la disparition de cette chaine, je travaille principalement pour la chaine L’Equipe et Amazon Prime Video où je commente la ligue 1 et la ligue 2 de football, ainsi que le ski alpin.
Ce n’est que depuis l’an dernier que je me suis élancé dans les commentaires ski alpin quand la chaine L’Équipe m’a confié la mission de couvrir ce sport.
J’ai découvert un univers super passionnant.
Vous commentez le ski alpin sur la chaine L’Équipe, mais pratiquez-vous ce sport ?
J’ai appris à skier assez jeune du côté de St Pierre de Chartreuse où je passais beaucoup de mes vacances d’hiver quand j’étais enfant. Je ne suivais pas outre mesure les compétitions de ski à cette époque. J’ai toutefois des souvenirs des JO de Turin, des Mondiaux de Val d’Isère, de Jean-Baptiste Grange à Garmisch…
Etant originaire du Sud de la France, j’ai ensuite skié régulièrement avec mes parents durant les week-ends, notamment à Isola 2000. Je continue à pratiquer le ski dès que je peux.
Comment vous préparez-vous à commenter le week-end du Critérium de la Première neige ?
Avec tous les reports récents de course, il a été un peu difficile de se plonger dans cette nouvelle saison. Ce qui rend ce rendez-vous de Val d’Isère encore plus important !
Ma préparation a débuté assez tôt. C’est beaucoup moins compliqué que l’an passé où je démarrais à l’antenne. J’avais alors demandé des conseils sur la manière de commenter à nos consultants Jean Baptiste Grange et Julien Lizeroux.
J’ai commencé par écrire des fiches sur tous les skieurs, que j’actualise au fil des courses. J’écoute évidemment tout ce qui se dit sur le ski alpin, ceux qui connaissent bien ce sport et notamment ce que fait très bien Eurosport tout au long de la saison. C’est important également de se réécouter pour permettre de corriger ses erreurs. Je prépare aussi les courses avec nos consultants Jean-Baptiste Grange et Julien Lizeroux.
L’an passé, je n’ai pas raté une seule course de Coupe du Monde et des JO de Pékin. J’ai pu engranger un maximum d’informations et me préparer tranquillement pour cette nouvelle saison.
Au sein de la chaine L’Equipe, nous avons préparé l’édition 2022 du Critérium très en amont. Nous prendrons l’antenne 30 minutes avant le départ avec un « avant course » construit avec des éléments montés avec tous ceux qui travaillent à Paris dans nos studios. On va expliquer les enjeux de la course et on la fera vivre avant même qu’elle ne démarre !
Tout ce travail de préparation amont est effectué en collaboration avec Maël Seror, rédacteur en chef, Messaoud Benterki, présentateur et aussi Redouane Bennour et Virginie Petrus nos chefs d’édition.
Qui sera en cabine avec vous samedi et dimanche pour commenter les courses du Critérium de la première neige ?
Jean-Baptiste Grange sera avec moi en cabine à Val d’Isère pour commenter en direct le géant samedi et le slalom dimanche. France Pierron et Jérôme Marillier nous feront vivre les coulisses, l’ambiance qui va monter dans la raquette d’arrivée et vont recueillir les impressions des skieurs avant et après la course.
C’est très important d’être présents sur place parce que le Critérium de la première neige, c’est un des grands événements du sport français. Cela nous permet de bien comprendre cet événement afin de le retranscrire du mieux possible aux téléspectateurs.
Quel est votre meilleur souvenir de commentateur pour une course de ski ?
C’est la course de Tessa Worley au géant des Finales en mars à Méribel. Pour moi, c’était génial de vivre cela, et de le faire vivre pour ma première saison de commentateur ski alpin.
Voir Tessa Worley remporter le petit globe en géant, à domicile, en France a été un évènement extraordinaire. J’ai vécu quelque chose qui s’apparente à un moment historique du ski français avec un final dantesque.
J’avais des frissons à commenter cette course. Je me considère chanceux d’avoir pu vivre un tel moment.
Une anecdote à partager…
La veille de notre arrivée à Val d’Isère l’an passé, il avait beaucoup neigé. Avec France Pierron, nous avons rejoint Chambéry en train avant de prendre une voiture de location pour rejoindre Val d’Isère. Cela roulait très mal sur l’autoroute où il neigeait énormément. On a mis des heures et des heures à rejoindre Val d’Isère…
Et à peine arrivé, j’ai glissé sur une plaque de verglas. Je me suis mis les côtes en vrac ! J’ai eu beaucoup de mal à dormir et il m’a fallu ensuite plus d’un mois pour m’en remettre.
Je me suis demandé si ce n’était pas les dieux du ski qui m’envoyait un message du type « ce n’est pas pour toi ».
Le moins que l’on puisse dire c’est que je ne me suis pas élancé du bon pied ce jour-là ! Cela reste un souvenir qui me fait beaucoup rire.
Avez-vous été surpris des chiffres d’audience réalisés par la chaine l’Équipe la saison dernière ?
Je n’ai pas été surpris car le ski alpin est un sport génial à suivre à la télévision. Le Critérium est un événement majeur du sport français. Il était donc logique que les téléspectateurs s’y intéressent. En plus, la qaison dernière, on a eu la chance d’avoir des tricolores qui ont gagné à la maison avec Clément Noël à Val d’Isère et Tessa Worley à Méribel.
Tous les ingrédients étaient réunis pour que l’on réalise de grosses audiences.
Quelle est la course de ski déjà courue que vous auriez aimé commenter ? Et celle que vous rêvez de commenter un jour ?
Pour la course qui s’est déjà courue, j’en ai deux en mémoire qui ont eu lieu la saison dernière : la 3e place de Blaise Giezendanner en descente à Kitzbühel et le titre de vice-champion olympique de descente de Johan Clarey aux JO de Pékin.
Pour celle que je rêve de commenter, je dirais la victoire d’un Français aux Jeux Olympiques ou aux Championnats du monde, ou encore la course qui sacrerait un français pour le gros globe de cristal.
Votre pronostic pour le gros globe de cristal hommes et dames cette saison ?
Je ne vais pas trop me mouiller en vous disant que je pense à Marco Odermatt chez les hommes et Mikaela Shiffrin chez les filles.
Pour Odermatt, cela me parait évident car il survole la planète ski en ce moment. Il est exceptionnel en géant, très bon en super G et peut briller en descente. Il est donc assez inaccessible cette saison.
Chez les filles, c’est un peu la même chose. Shiffrin parait injouable car même si Petra Vlhova peut la concurrencer en technique, en vitesse elle en est très loin.