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C’est fini et on est FANNY !

Ce n’est pas de la pétanque, mais du ski alpin. L’équipe de France de ski alpin rentre de Saalbach, en Autriche, avec aucune médaille après ces 48es Championnats du monde.
Cela pince un peu, et pas à cause du froid !

Lorsque l’on aime le ski, et que l’on apprécie nos championnes et champions, il est difficile de commenter un zéro pointé lors des Championnats du monde. C’est loin d’être agréable d’autant que cela n’était pas arrivé depuis 2003 aux Championnats du monde de St Moritz !

Revenons sur les faits : du 4 au 16 février, lors de 11 jours de courses de vitesse et techniques, en individuels et parfois en équipes, les skieurs tricolores n’ont remporté aucune médaille aux Mondiaux de ski alpin à Saalbach en Autriche.

Cela n’est pas forcément une énorme surprise, au regard des performances moyennes de nos athlètes depuis le début de la saison (à l’exception du slalom), mais aussi en raison de la série de blessures qui a frappé les skieurs tricolores avant leur arrivée à Saalbach (Adrien Fresquet, Cyprien Sarrazin, Blaise Giezendanner, Alexis Pinturault…). En toute logique, la rareté de podiums ou de Top 5 avant ces mondiaux pouvait-elle laisser présager une autre issue ?

Une avalanche de contre-performances en première semaine

On le sait, pour bien démarrer des Mondiaux de ski alpin, il faut réussir la première semaine. Et hélas, cela n’a pas été le cas pour la France.

Tout a commencé par le slalom parallèle en équipes, où nos skieurs ont rapidement pris le chemin de l’élimination. Pas de chance, car c’est l’Italie qui a éliminé l’équipe de France, et qui, après, a signé un parcours parfait pour décrocher l’or.

En vitesse, nos skieuses ont été décevantes, la meilleure performance ayant été réalisée par Laura Gauché, avec un Top 15 en Super-G et un Top 20 en descente.

Chez les hommes, seuls deux d’entre eux ont réussi à franchir la ligne d’arrivée en Super-G, et c’est Florian Loriot, le skieur de Megève, qui a le mieux tiré son épingle du jeu avec une 13e place pour ses premiers Championnats du monde.

Dans l’épreuve reine, la descente, les Bleus ont un peu redressé la barre. Nils Allègre, plus en allure que lors du Super-G, a signé un Top 10.

A l’issue de ces premières épreuves, c’est la Suisse qui virait en tête au nombre de médailles devant l’Autriche et l’Italie.

En résumé, une première semaine à oublier rapidement.

Sans surprise, les grandes nations du ski figuraient dans le haut du tableau en fin de première semaine.

« Soupe à la grimace », éclaircies et raté final en deuxième semaine

La deuxième semaine débutait avec une grande première pour les Championnats du monde de ski alpin : les combinés dames et hommes par équipes (une manche de descente suivie d’une manche de slalom, disputée par deux athlètes). Cependant, la première médaille française n’est pas venue de cette épreuve inédite, ni mardi, ni mercredi. Au contraire, l’équipe a poursuivi sur sa lancée de « soupe à la grimace », avec pour meilleures performances la 10e place du duo Matthieu Bailet/Victor Muffat-Jeandet et la 11e pour la paire Romane Miradoli/Marion Chevrier. Le duo qui portait l’espoir d’une première médaille, Nils Allègre associé à Clément Noël, n’a pas rallié la ligne d’arrivée, ce dernier ayant enfourché très vite sur le haut du tracé du slalom.

Au cours du géant dames de jeudi, la situation ne s’est pas améliorée. Avec seulement deux skieuses au départ sur les 109 inscrites, le cauchemar a continué. D’abord, Clarisse Brèche est tombée et s’est blessée, mettant fin prématurément à sa saison en raison d’une rupture du ligament croisé antérieur. Puis, Clara Direz s’est faite piégée en deuxième manche dès la troisième porte. Bien qu’elle n’ait pas manqué de portes, elle a stoppé sa course. Un instant difficile à comprendre dans ce type de grands événements !

Chez les hommes, la série noire des blessures s’est poursuivie avec Diego Orecchioni qui s’est fracturé l’astragale au pied droit suite à une chute à l’entraînement. Heureusement, l’éclaircie tant espérée est venue de Thibaut Favrot, qui s’est classé 6e, marquant ainsi la meilleure performance de l’équipe de France depuis le début des Mondiaux.

Bravo à Thibaut Favrot qui signe la meilleure performance tricolore pendant ces Mondiaux, une 6e place en géant – Photo copyright Agence Zoom/Alexis Boichard

Les slaloms féminin et masculin étaient donc attendus pour conclure ces 48es Mondiaux de ski alpin. Chez les dames, Marion Chevrier et Marie Lamure ont su tirer leur épingle du jeu, notamment en deuxième manche, pour aller chercher une 10e et 12e place. Une mention particulière à la reine de la Coupe d’Europe, Marion Chevrier qui pour sa première participation à des Mondiaux, signe une performance majuscule avec son Top 10 (son meilleur classement en Coupe du monde était une 14e place au slalom de Courchevel).

Coup de chapeau pour Marion Chevrier qui pour sa première participation aux Mondiaux de ski alpin a signé un Top 10 en slalom – Photo copyright Agence Zoom/Alain Grosclaude

Ce dimanche, nos slalomeurs étaient attendus comme de véritables sauveurs et on devine aisément la pression associée. Clément Noël répondait dans un premier temps plus que présent en s’installant en tête après la première manche. Mais une petite partie du chemin était fait et ses principaux concurrents ont ensuite performer sur le deuxième parcours, tracé par le coach tricolore Kevin Page. La suite de l’histoire est connue : Clément fait une faute, enfourche et laisse filer la dernière chance de l’équipe de France de remporter ce qui aurait été la seule et unique médaille de ces Championnats du monde. Le meilleur tricolore, Steven Amiez, s’est classé 7e.
Cruauté du sport à haut niveau et de cette discipline où la moindre erreur se paye cash !  

Comment expliquer ces mauvais résultats ?

Enorme désillusion, déception, catastrophe, tristesse, pire bilan, cruauté, remise en question… les commentaires n’ont pas manqué, pendant la quinzaine de Saalbach, sur les résultats décevants de l’équipe de France de ski alpin.

Le classement final des médailles par nation de ces 48es Championnats du monde de ski alpin de Saalbach

Il existe certainement plusieurs explications à ces résultats, et il incombe à ceux qui sont aux responsabilités à la Fédération Française de Ski (FFS) de les analyser et de nous les expliquer. Il semble en effet important de rassurer celles et ceux qui aiment le ski et croient en nos athlètes, à un an des Jeux Olympiques de Milan-Cortina 2026. Rappelons que la FFS avait un projet « Ambition 2026 », présenté en juin 2022 lors de la dernière élection à la présidence de la FFS.

Nous nous contenterons ici de rappeler quelques orientations prises par le ski alpin français pour sa performance, plutôt que de formuler des critiques qui ont été, tout au long de la quinzaine, déjà suffisamment nombreuses.

Il suffit pour cela de consulter le document intitulé « Projet de performance fédéral 2023/2026 » (lien ici). Il y est précisé, dans la rubrique « points faibles ou de vigilance », que « des moyens financiers limités par rapport à la concurrence internationale directe qui entrainent une mise en danger de nos résultats à court et moyen terme dans nos disciplines les plus fortes ». Les résultats de l’équipe de France de ski alpin aux Mondiaux de Saalbach semblent malheureusement confirmer cette analyse.

À plusieurs reprises, des dirigeants du ski français ont d’ailleurs rappelé récemment qu’ils disposent de beaucoup moins de moyens que d’autres nations, alors que cela reste un facteur important de la performance dans le sport de haut niveau.

On peut donc comprendre que maintenir une position parmi les meilleures du classement mondial en ski alpin soit devenu un véritable défi. D’ailleurs, pour être précis, nous n’y figurons plus : à la fin de la saison de Coupe du monde 2023/2024, la France était classée sixième nation, derrière la Suisse, l’Autriche, l’Italie, la Norvège et les États-Unis. Une sixième place qu’elle occupe encore actuellement à ce stade de la saison 2024/2025.

Il faut peut-être faire un peu différemment. Compte tenu du contexte budgétaire actuel, l’instant peut sembler mal choisi pour aborder ce sujet, mais ne serait-il pas temps de doter le ski alpin français d’une nouvelle ambition en matière de partenariats ?

Attirer de nouveaux partenaires de grande envergure, par exemple, comme l’ont fait d’autres grandes nations du ski, pourrait permettre d’avoir plus de budget, donc plus d’entraîneurs, plus de jeunes et plus de densité dans les groupes relève (sans trou de générations), d’investir dans la préparation mentale, etc. En résumé, avoir plus de moyens financiers pour se doter d’une ambition plus forte dans la perspective des Jeux de 2030, qui se dérouleront dans les Alpes françaises.

Avant ces Championnats du monde, nos athlètes ont indiqué dans leurs prises de paroles qu’ils étaient en bonne forme physique, qu’ils skiaient vite à l’entraînement, avaient beaucoup d’envie… Hélas, la performance d’ensemble n’a pas suivi ces belles intentions.

Justement, dans le projet de performance fédéral, il est mentionné que « la prise en charge de la dimension mentale est à développer ». Bien que nous n’affirmions pas que nos athlètes aient faibli mentalement à Saalbach, il s’agit là d’une piste à ne pas négliger…

Pour conclure, rappelons aussi la spécificité des Championnats du monde de ski alpin, si bien résumée dans cet extrait de la préface d’Adrien Théaux du livre « 12 jours » (que nous vous invitons à lire) : « C’est la course d’un jour où tout peut arriver. C’est la course d’une vie qui peut profondément changer votre existence. Le stress peut alors vous envahir, la pression grandir, l’inattendu surgir à chaque seconde, la blessure vous anéantir, l’émotion vous submerger ».

Et on pourrait rajouter qu’il arrive parfois qu’on passe complétement à côté.

L’historique, de 2003 à 2023, des médailles de l’équipe de France de ski alpin aux Championnats du monde.