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Alexis Pinturault : « Le ski est un des rares sports où la sécurité se dégrade »

Dans une interview accordée à Radio Courchevel en début de semaine, Alexis Pinturault a abordé un sujet régulièrement d’actualité sur le circuit Coupe du monde : la sécurité des athlètes. Le skieur de Courchevel est revenu sur ce thème lors d’un point presse organisé ce vendredi, évoquant notamment l’évolution constante de la vitesse et des conditions de course.

Photo copyright Agence zoom/Christophe Pallot

Les athlètes vont en effet de plus en plus vite, non seulement parce qu’ils sont mieux préparés, mais également grâce à un matériel (skis, chaussures, combinaisons, etc.) qui a énormément évolué. Toutefois, cette progression technologique et physique n’est pas sans risques. Pinturault a souligné que les mouvements de terrain sur les pistes sont de plus en plus nombreux, une tendance qui représente un réel danger. En effet, ils peuvent déséquilibrer les athlètes et, à grande vitesse, un simple déséquilibre peut entraîner de lourdes chutes et des blessures graves.

https://twitter.com/Eurosport_FR/status/1897977891159187883
Heureusement, parfois, il y a des miracles…

Lors de ce point presse, Alexis Pinturault a précisé qu’il avait adressé un document sur ce thème de la sécurité peu après sa chute à Kitzbühel en janvier dernier, à Johan Eliasch, Président de la Fédération Internationale de Ski et de Snowboard (FIS). « J’expliquais quelles étaient selon moi les différentes causes de ces multiples blessures. C’est du multifactoriel, et quoi qu’il en soit, le ski est un sport dangereux, il y aura toujours des accidents », a expliqué Pinturault.

Avant d’ajouter « Je trouve que le ski fait partie de ces rares sports où la sécurité se dégrade et on voit l’intégrité physique des athlètes qui est de moins en moins bonne. Avec des blessures plus graves, avec des athlètes qui mettent plus de temps pour revenir et avec des blessures avec des fréquences plus élevées ».

La plus grande problématique : la vitesse alliée au déséquilibre

Quand les athlètes sont sur du plat et qu’il y a des mouvements de terrain et qu’ils ne vont pas très vite, ils sont rarement déséquilibrés et poussés à la faute. « À l’inverse, lorsque la vitesse est élevée et qu’il y a des mouvements de terrain, on peut être déséquilibré et impacté, on peut perdre la ligne optimale et cela peut nous amener à la faute », a souligné Alexis Pinturault.

Il a donné l’exemple de sa chute à Wengen l’année dernière pour illustrer son propos. « J’atterris d’un mouvement de terrain, je n’ai pas la ligne idéale. Je dois essayer de corriger. Résultat : comme je suis déséquilibré en réception de saut, et que malgré tout, j’ai une contrainte plus importante, j’essaye de récupérer la porte et je me fais mal ! »

Ce type de situation, selon Alexis Pinturault, n’est malheureusement pas un cas isolé. « Des exemples comme celui-ci, c’est la majorité », a-t-il ajouté.

Quelles solutions ?

Au-delà du constat, Alexis Pinturault préconise des solutions simples et rapides à mettre en place. « Ma première recommandation, c’est soit de réduire la vitesse, soit de trouver des solutions pour que les mouvements de terrain, qu’ils soient artificiels, naturels ou que le damage, soient de meilleure qualité. »

On remarque d’ailleurs que les mouvements de terrain naturels posent peu de problèmes, contrairement à ceux qui sont artificiels, où les accidents peuvent se multiplier au sein même d’une course.

Ce serait extrêmement simple de réduire la vitesse selon Alexis Pinturault qui recommande d’agir sur les combinaisons. « Avoir des combinaisons qui seraient beaucoup moins performantes pourrait permettre de faire perdre une seconde à une seconde et demie sur une descente de Coupe du monde ! ».

Autre solution préconisée par Pinturault : « Améliorer le damage pourrait aider dans l’immédiat. Et avoir des mouvements de terrain artificiels qui soient moins prononcés, ou alors même arrêtons ce genre de pratiques, ce qui permettra de diminuer significativement le nombre de blessures ».

On reconnaît ici le pragmatisme du skieur de Courchevel, qui plaide pour des solutions à court terme et facilement applicables sur le circuit Coupe du monde. Il n’évacue toutefois pas la question du matériel. « Cela nécessitera un peu plus de recherche, et il y a des pistes intéressantes. »

Sur ce sujet en particulier, Alexis Pinturault a indiqué avoir échangé avec le Président de la FIS dont la préconisation est de trouver des solutions plus techniques et innovantes, comme par exemple l’amélioration des airbags qui pourraient être « connectés » aux fixations des skis. En cas de chute, l’airbag, devenu un système intelligent fonctionnant de manière très efficace, pourrait également déclencher les fixations. « Ce type de solution relève de la recherche et du développement, et ce sont des projets qui ne se réalisent pas en un an. Avant que cela soit déployé sur le circuit de Coupe du monde, en étant réaliste, on parle de 5 à 10 ans ! » conclut Alexis Pinturault.