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« Derrière le micro » avec Caroline Pflanzl

A la veille de l’ouverture de la saison de Coupe du monde à Sölden, Caroline Pflanzl, journaliste passionnée et chevronnée de la télévision autrichienne ORF, nous ouvre les portes de son parcours et de ses plus belles interviews. Entre souvenirs émouvants et grandes rencontres, Caroline partage pour TopSkiNews les coulisses de son métier, ses expériences fortes au micro d’ORF et s’élance aussi au jeu des pronostics pour la prochaine saison.

Pour celles et ceux qui ne te connaissent pas encore, peux-tu nous parler de ton parcours journalistique ?

J’ai fait des études de sport et de journalisme à l’université de Salzbourg. Ensuite j’ai commencé à travailler pour ORF et assurer des piges de droite à gauche au début de ma carrière pour d’autres chaines en Allemagne et en France.

Radio ORF Salzburg a été ma première expérience au niveau régional. Comparable à France3 Régions, j’y ai appris à faire des recherches, à rencontrer des sportifs et des entraîneurs.  

A l’époque, les sportives et sportifs de Salzbourg avaient de bons résultats, évidemment en ski alpin et nordique, mais aussi au football, judo et à la voile.

Ensuite j’ai travaillé pour Ö3 à Vienne. La radio nationale fait partie de ORF. Cela m’a permis de découvrir d’autres sports et d’autres grands évènements, comme les Jeux Olympiques, les grands tournois de tennis, la Coupe du monde de ski.

Après 3 ans, j’ai abandonné la radio pour faire de la télévision. Raconter des histoires en images me passionnait beaucoup. Et me passionne toujours !

En quoi consiste ton travail de journaliste sur le ski alpin pour ORF ?

Je réalise des interviews, des sujets, des plateaux. Il s’agit de sujets courts et longs destinés à différentes émissions : le journal télévisé, les news Sport, le magazine ou encore l’émission qui précède les courses.

A Kitzbühel et durant les grands événements, je m’occupe souvent des sujets « émotions » après les courses qui consistent par exemple à suivre le médaillé, le vainqueur… Nous avons une émission autour de la remise des prix en début de soirée. Les trois premiers des courses rejoignent le studio ORF pour un talk. Quand un Français est sur le podium, je réalise la traduction simultanée allemand/français et français/allemand pendant cette émission. Un challenge qui me plait beaucoup !

Caroline Pflanzl avec Cyprien Sarrazin, double vainqueur à Kitzbühel et Marco Odermatt, en janvier dernier après l’émission en direct d’ORF

Peux-tu partager quelques chiffres d’audience d’ORF sur le ski alpin ?

Pour les audiences, je vous laisse consulter nos meilleures depuis toujours, avec le best-of depuis 1991, puis le best-of de 2023/24. Les chiffres parlent d’eux-mêmes !

Légendes des tableaux

Rubriques : emission / Chaine (ORF1) / jour (SA = samedi, SO = dimanche, DO =jeudi, DI = mardi, MI = mercredi / date / heure / nombre de spectateurs multiplié par 1000 (2.217 = 2.217.000 spectateurs) / part du marché

ABFAHRT = descente / RTL = géant / WM = Championnats du monde / OLYMPIA = Jeux Olympiques

DG2 = 2e manche

Quelle est ton étape préférée de Coupe du monde ? Et pourquoi ?

Difficile d’en choisir une parmi plein d’étapes belles et intéressantes. Les classiques ont un petit « plus ». C’est la raison d’ailleurs pour laquelle ce sont des classiques. Il y a Wengen, Kitzbühel, Schladming, Cortina d’Ampezzo, Val Gardena, Madonna di Campiglio…

Pour n’en citer qu’une seule qui me tient à cœur, je dirais Val d’Isère. Pour moi, c’est le vrai début de l’hiver, la première course après la tournée américaine. Les spectateurs présents sont vraiment des fans de ski et c’est « sein ». La Face de Bellevarde montre ses dents. C’est ultra dur pour un début de saison. On voit une première tendance se dessiner pour les épreuves techniques.

L’étape de Coupe du monde qui tient à coeur de Caroline Pflanzl : le Critérium de la première neige de Val d’Isère avec la Face de Bellevarde « qui montre ses dents »

Quelle est l’interview ski alpin qui t’a le plus marquée depuis que tu es journaliste chez ORF ?

Là aussi, c’est difficile d’en nommer une. J’en ai tellement fait, dans des situations différentes. Je vais partager mes émotions de cette façon :

Toni Sailer, Karl Schranz, Franz Klammer, Annemarie Moser-Pröll, Marc Girardelli…. quand vous êtes assez jeune et rencontrez ces légendes  du ski alpin, le cœur bat à fond. Tout d’un coup, vous êtes face à eux. Ils deviennent « abordables » et vous avez le droit de leur poser des questions. Bien préparées. Et ces championnes et champions ont des choses intéressantes à dire à leur façon. Cela m’a marqué. Oui !

Hermann Maier, Stephan Eberharter, Alexandra Meissnitzer, Renate Götschl, Michaela Dorfmeister, Marlies Raich (Schild)… c’est avec eux que j’ai découvert la Coupe de monde de ski en continu. Chaque nom a une personnalité différente. Je les ai vu gagner, je les ai vu perdre. Je les ai vu en dehors des pistes, ce qui est plus qu’intéressant la plupart du temps.

Je n’oublierais jamais l’interview avec Johannes Strolz aux Jeux Olympiques de Pékin après sa victoire au combiné. C’est peut-être celle qui m’a marqué. C’était la grande surprise. Je crois avoir été la première à l’interviewer après sa victoire. En direct. Plein d’émotions. Avec ses larmes et les miennes que je n’ai pu retenir. J’avais la gorge serrée. C’était un beau moment, une belle histoire.

J’adore également parler avec Mikaela Shiffrin. J’aime sa sincérité. Alexis Pinturault me plait beaucoup aussi dans sa façon d’aborder les sujets.

Dans le passé, j’adorais dialoguer avec Aksel Lund Svindal avec ses pensées qui prenaient parfois un air philosophique.

Depuis le début de sa carrière, Caroline Pflanzl a interviewé de très grands noms du ski alpin. Ici, avec Dominik Paris au pied de la Streif à Kitzbühel.

Quelle serait l’interview de tes rêves ?

Celle de Jean Claude Killy, le « Sir » du ski alpin. Un des seuls 3 héros que je n’ai pas encore eu devant mon micro.

Tu seras demain avec ton micro dans la raquette d’arrivée des deux géants de Sölden. Comment te prépares-tu ?

Comme tous, je consulte les réseaux sociaux. C’est devenu une bonne source d’informations. Je parcours aussi les sites spécialisés ski alpin. Je vais ré-écouter les interviews « bilan » des finales à Saalbach-Hinterglemm. Pendant toute l’année, je suis l’actualité dans la presse écrite.

On va assister à Sölden au retour à la compétition sous les couleurs hollandaises de Marcel Hirscher et de Lucas Braathen pour le Brésil. Qu’est-ce que cela t’inspire ?

Je suis curieuse de savoir de quoi Marcel Hirscher est capable. A mon avis, il ne revient pas pour terminer 25e. On parle beaucoup de lui dans la presse autrichienne ces derniers jours. La machinerie marketing / médiatisation fonctionne à fond. On en fait un peu trop sur les spéculations de son départ dimanche prochain, ou pas.

Bien sûr, Marcel Hirscher ne fait plus parti de la fédération autrichienne de ski. Il peut faire en gros ce qu’il veut. Communiquer comme cela lui plait. Personne ne peut l’empêcher. Que cela plaise ou pas. Je trouve cela un peu dommage pour les autres skieurs qui à Sölden seront forcément un peu en retrait.  Après, cela arrangera certains…

C’est aussi une belle histoire de revenir en compétition après 5 ans. Son avantage est de ne jamais avoir eu de graves blessures. Son corps n’est pas « usé » comme celui d’autres athlètes. Et il est toujours resté dans un certain mode « entraînement », déjà en lançant sa propre marque de ski.

Et les comebacks ont toujours intéressé.

Braathen, c’est complétement autre chose. C’est un comeback. Un an sans compétition, mais sans blessure. Il n’a pas cédé face à son ancienne fédération. Il a un fort caractère. Il en a profité pour approfondir ses connaissances dans d’autres domaines, tout en continuant de s’entraîner….

Caroline Pflanzl avec Lucas Braathen, qui effectue son retour dimanche à Sölden sous les couleurs brésiliennes.

Quel est ton pronostic pour le gros globe de cristal hommes et dames cette saison ?

Chez les hommes, je vois un match entre Marco Odermatt et Lucas Braathen. Odermatt est dans la confiance totale maintenant. La seule question est sur sa santé (dos…). Braathen n’a rien à perdre et a prouvé l’avant dernière saison qu’il est capable de faire des points en dehors des courses techniques. Il n’a rien à défendre, sauf son titre aux championnats du monde.  Il reste cool et je pense que cette coupure le fait revenir encore plus fort. La pression, j’ai l’impression qu’il ne la connait pas.

Chez les femmes, je vois Mikaela Shiffrin gagner à nouveau le classement général. Avec un programme moins chargé, sans descente, mais cela devrait être suffisant.