À quelques jours du début des épreuves de vitesse de Coupe du monde, Johan Clarey, désormais consultant ski alpin pour Eurosport, partage avec TopSkiNews son enthousiasme pour cette nouvelle aventure.
Dans cette interview, Johan nous détaille sa préparation minutieuse avant qu’il n’endosse le rôle de commentateur sur la chaîne du ski. Il aborde également la saison de ses anciens coéquipiers de l’Équipe de France, partage ses prévisions éclairées pour les épreuves de vitesse qu’il connaît si bien, et replonge dans un moment ski mémorable qu’il a vécu devant le petit écran.
Photo copyright FX Rallet
Tu vas commenter cette saison le ski alpin comme consultant pour Eurosport. Qu’est-ce qui t’a amené à rejoindre le micro de la chaine du ski ?
Avant même la fin de la saison dernière, FX Rallet, journaliste à Eurosport, m’avait approché pour discuter d’une possible collaboration en tant que consultant ski alpin. C’est une activité que j’ai toujours souhaité exercer car cela me permettrait d’avoir encore un pied dans le ski.
Géraldine Pons, Directrice des sports d’Eurosport France, m’a ensuite confirmé mon recrutement pour cette prochaine saison de ski alpin.
Cela me réjouit d’être consultant sur Eurosport. C’est plus par passion que par simple reconversion que je m’engage dans cette nouvelle aventure.
Quelles sont les courses que tu vas commenter cette saison ?
Je devais commenter les épreuves de vitesse de Zermatt-Cervinia mais elles ont été annulées. Paradoxalement, je vais commencer ma saison de commentateur par un slalom, celui de Madonna.
Mon calendrier inclut ensuite les épreuves de vitesse de Bormio, Kitzbühel, Chamonix, Garmisch, le géant et le slalom de Bansko et la descente et le Super-G de Kvitfjel.
Pour Kitzbühel, nous serons deux consultants derrière le micro avec FX Rallet, Pierre-Emmanuel Dalcin et moi-même.
Comment te prépares-tu à commenter ces courses de Coupe du monde ?
J’ai fait un important travail de préparation en établissant des fiches récapitulatives détaillées pour chacun des coureurs qui prendront le départ. Ces fiches comprennent des informations sur leur préparation, leur style de ski, leurs spécificités en matière de matériel, ainsi que des anecdotes personnelles…
Rien que de les avoir rédigées, cela m’a permis de me remettre dedans. Je ne sais pas si les utiliserai beaucoup. Comme c’est tout frais pour moi, c’est facile à mémoriser.
Je vais également regarder des images de retransmission de courses pour bien m’imprégner de cet exercice du commentaire.
Avant les courses, je m’interdis d’appeler les coureurs. Je sais trop ce qu’est une avant-course sur des épreuves de vitesse et je ne veux pas les déranger pendant leur préparation. J’appellerais plutôt les entraineurs en variant les interlocuteurs en fonction des courses.
Penses-tu avoir un peu de stress en rentrant dans la cabine de commentateur d’Eurosport ?
Pour l’instant, je ne ressens aucun stress. J’ai déjà une expérience des commentaires avec FX Rallet et Pierre-Emmanuel Dalcin pendant les Finales à Courchevel Méribel il y a deux ans. Je me suis rendu compte à cette occasion que ce n’est pas si évident que cela.
Au moment où je passerai au direct, je sais qu’il y aura un peu de stress. Cela devrait s’estomper au fil du temps. Je devrai gagner en aisance au fur et à mesure des courses.
Dans les épreuves de vitesse, il y a parfois des séquences difficiles à regarder comme les chutes. As-tu réfléchi à ce type de situation ?
C’est une question à laquelle j’ai réfléchi. Je me suis posé la question sur comment je vais réagir car je n’aime pas regarder ces séquences de chutes. En tant que téléspectateur, j’ai plus l’expérience d’avoir vu des chutes en géant ou en slalom car les descentes je les vivais de l’intérieur.
Je verrais sur le tas comment je réagirais !
Comment vois-tu la saison de tes copains du Groupe vitesse Coupe du monde ?
Pour ne rien te cacher, avec pas mal d’interrogations ! Je pense qu’ils ont de quoi avoir de l’espoir car il y a un gros potentiel. Il va falloir qu’ils progressent au classement pour avoir de meilleurs dossards.
Malgré la préparation compliquée qu’ils ont eue, leur début de saison sera important pour leur permettre de reprendre de la confiance et se réinstaller dans les meilleures places mondiales afin de pouvoir jouer avec les meilleurs.
Il y a un « nouveau venu » en descente dans cette équipe de France avec Alexis Pinturault. Quel conseil aurais-tu envie de lui donner ?
C’est un vrai défi que s’impose Alexis sur la discipline descente. Le conseil que je vais lui donner, c’est un conseil de descendeur et c’est une certitude : il va falloir qu’il soit patient !
Parce qu’Alexis, quoiqu’on en dise, va s’élancer avec zéro référence en descente. Malgré son statut d’immense champion, il va lui falloir un temps d’adaptation et d’apprentissage.
Je pense qu’Alexis est bien conscient de cela, que sa première saison ne sera pas forcément la plus prolifique en termes de résultats en descente.
S’il patiente et s’il fait les choses dans l’ordre, pourquoi pas, dès la saison suivante, être très performant…
Quel est ton meilleur souvenir de téléspectateur regardant une compétition de ski ?
C’est une course très récente. Il s’agissait du Super-G des Championnats du monde à Courchevel Méribel en février dernier. Je n’y participais pas et je l’ai regardé devant la télé depuis l’hôtel qui était très proche de l’aire d’arrivée.
Ce Super-G a été fantastique avec la médaille d’Alexis (Pinturault). Cela ne faisait qu’accélérer, c’était très serré et super spectaculaire.
C’était fantastique à regarder et je me suis enthousiasmé comme un « malade » !
Quelle course passée aurais-tu aimer commenter ?
La descente d’Antoine Dénériaz aux Jeux Olympiques de Turin. Cela a été un super moment. Il s’est élancé avec un dossard élevé, le 30. Personne n’y croyait plus car les conditions étaient en train de changer… et Antoine fait une course fantastique ce jour-là.
Au niveau de l’emballement et des émotions, cela aurait été génial de commenter sa course.
Quelle course rêves-tu de commenter dans l’avenir ?
Ce que je rêve de commenter un jour, c’est un triplé français [rire]. En descente bien sûr !
C’est un truc qui sera difficile à réaliser. On a réussi déjà deux fois à faire 2 et 3 ces derniers temps, notamment à Kitzbühel.
Un triplé tricolore en descente à commenter, ce serait extraordinaire. Alors pourquoi pas…
Qui vois-tu sur le podium du globe de cristal descente hommes cette saison ? Et en Super-G ?
En descente, sans risque, je dirais Kilde en 1 car je pense qu’il est encore au-dessus de tous les autres. En 2, je mets Odermatt et je lui fais gagner une place dans son classement mondial. Je le vois gagner sa première descente en Coupe du monde cette saison.
En 3, une surprise… Niels Hintermann. C’est un skieur très régulier depuis deux saisons qui ne fait que progresser. C’est un descendeur très complet, capable d’être très performant sur toutes les pistes. Il était en forme cet été et assez rapide aux entraînements…
En Super-G, Marco Odermatt premier. En 2, une petite surprise avec Alexis Pinturault. Et en 3, Vincent Kriechmayr.