La slalomeuse Laurence St-Germain vient de réaliser la meilleure saison de sa jeune carrière en Coupe du Monde. Depuis chez elle au Canada où elle vient de reprendre ses cours en génie électrique, Laurence partage avec TopSkiNews ses commentaires sur ses belles performances réalisées cet hiver entre les jalons.
Que retenez-vous de votre saison en slalom ?
Je suis vraiment contente de ma saison. Mon objectif était de me rapprocher des 10 meilleures slalomeuses et d’être plus régulière à ce niveau. J’ai presque réussi à le faire à toutes les courses, sauf à trois d’entre elles.
Comment expliquez-vous vos bons résultats ?
Ma préparation a été très bonne. Cela faisait quatre ans que j’avais des problèmes au niveau de mes genoux. Cela me limitait notamment sur mes entraînements et sur la neige. L’été dernier avec mon entraîneur, nous avons vraiment mis l’emphase là-dessus. J’ai pu ainsi skier beaucoup plus que dans les années précédentes. Là où je faisais 4 à 6 runs dans une journée, j’ai pu en faire entre 8 à 12.
Je crois que cela a fait une grosse différence et je suis vraiment fière de ma saison cette année.
Quelques mots sur les championnats du monde à Cortina ?
Ils ont été décevants pour moi. C’est la première fois que je partais dans le Top 7 et j’avais beaucoup d’attente compte tenu de mes résultats avant les mondiaux.
Quand je suis arrivé à Cortina, je ne me sentais pas vraiment dans des championnats du monde. Il n’y avait pas l’ambiance, pas le public comme en Suède à Are.
Avec la pression et l’adrénaline, j’aurais peut-être pu mieux performer. J’ai peut-être aussi moins bien géré le stress. Je sortais d’un bloc de 5 courses en un mois et je suis arrivé à Cortina un peu fatigué. La piste était difficile, les conditions n’étaient pas faciles.
Ce qui m’a le plus déçue, c’est qu’en partant dans les 7, j’avais une belle opportunité de faire un résultat. Et je n’ai pas réussi.
Quel a été le meilleur moment de votre saison ?
Je dirais que c’était mes deux premières courses à Levi. C’était un bon moment pour moi. Même si j’étais bien à l’entraînement, je me sentais un peu nerveuse parce que je ne savais pas comment me situer par rapport aux autres skieuses.
J’ai vraiment réussi à skier avec mon plein potentiel en prenant la 6e place le premier jour et la 8e le lendemain.
Une anecdote à partager pendant votre saison ?
A Jasna, au départ de la première manche, j’ai réalisé que j’avais oublié mes protections tibia ! J’ai donc couru la manche sans mes protections. C’est un moment dont je me souviendrais longtemps [Rire].
Et le moment le plus difficile ?
C’était durant la période de Noël. Je suis arrivé en confiance après mes bonnes performances de Lévi. Dans les deux slaloms de Semmering et Zagreb, j’avais bien réussi dans le passé. Mais à l’entraînement, cela ne s’est pas très bien passé : je suis beaucoup tombé.
Sur ces deux courses, j’ai fait deux contre-performances et j’ai été très déçue [Laurence s’est classée 21e à Semmering et 19e à Zagreb].
Je me suis beaucoup questionné sur ce que je faisais de bien et de pas bien. Je me suis demandé si mes performances de Levi avaient été de la chance.
Cette séquence a été difficile mais j’ai su m’en sortir.
Est-ce que les contraintes liées à la crise sanitaire et l’absence de public ont pesé sur votre performance ?
Pour nous les canadiennes, c’était difficile. Nous avons fait deux blocs. D’abord de septembre à novembre puis retour à la maison après Levi. Puis retour en Europe de la mi-décembre jusqu’à la fin mars. J’ai donc été absente de la maison pendant 4 mois. Vivre dans des hôtels, rester loin de sa famille et ne pas pouvoir rentrer à la maison, à la longue, c’est difficile.
Tout au long de la saison, on s’est habitué aux tests PCR. Mais attendre avant chaque course de savoir si c’est OK, cela a rajouté du stress. Et avec le calendrier des slaloms, si par malheur on avait été testé positif avant Semmering, on n’aurait pas pu courir les 3 courses qui suivaient !
Je me suis senti beaucoup plus fatigué en fin de saison que d’habitude.
Qu’avez-vous appris cette saison qui vous seras utile dans l’avenir ?
J’ai beaucoup appris sur mon mental notamment dans le moment difficile que j’ai eu dans la période de Noël. Je suis plutôt quelqu’un qui peut rester calme dans les périodes stressantes. Je suis capable de gérer la pression mais là c’était plutôt l’inverse.
Il me manquait de la pression. Je n’arrivais pas à me mettre en mode course d’autant que mon objectif était d’être constante, de viser le Top 10 et d’aller chercher des gros résultats.
J’ai appris à mieux gérer la limite entre ces deux situations et l’année prochaine je vais continuer à travailler cela. C’est ce qui me manque pour franchir la prochaine étape.
Quelle est la skieuse qui vous a la plus surprise cette saison ?
C’est ma co-équipière Valérie Grenier. Elle revenait d’une grosse blessure contractée aux championnats du monde en Suède. Elle n’avait pas skié depuis quasiment deux ans.
Cela a été difficile pour elle de revenir et elle a réussi à rentrer dans les 30 cet hiver. Malgré quelques DNF en fin de saison, elle a bien skié et elle a été rapide sur ses skis.
J’ai été très contente de voir que Valérie était revenue à son plein niveau et c’est très positif pour les prochaines saisons.
Comment allez-vous occuper vos journées dans les prochaines semaines ?
Je suis rentré au Canada juste après les Finales de Lenzerheide. Au retour, j’avais deux semaines de quarantaine à faire à la maison ! A la fin de la deuxième semaine, j’avais hâte de sortir et de voir des gens.
J’ai pu faire deux jours de ski pour le plaisir avec mes amis. Il a fait très chaud ici et la neige a très vite fondu. Les stations sont déjà fermées ici au Québec.
J’étudie actuellement dans le domaine du Génie électrique à l’institut Polytechnique à Montréal. Donc j’essaye de rattraper le retard que j’ai pris cette saison dans mes cours.
Et je viens tout juste de démarrer l’entraînement physique en préparation de la saison prochaine.
Classement saison 2020/2021
8e mondial en slalom
Championnats du monde de Cortina
17e en slalom