L’histoire récente d’Adrien Fresquet est loin d’être ordinaire. Originaire des Pyrénées et devenu skieur de haut niveau en équipe de France, il a dû affronter depuis l’hiver 2022 de graves blessures et de multiples opérations chirurgicales.
Son histoire va vous surprendre. Pourtant, elle est bien réelle, et rien ne s’est passé comme Adrien l’avait imaginé.
UNE CHUTE BRUTALE A BORMIO : LE DEBUT DE L’EPREUVE
28 décembre 2022 : c’est la quatrième fois qu’Adrien Fresquet va prendre un départ en Coupe du monde. Sur la mythique piste Stelvio à Bormio, ses deux premiers entraînements se sont bien déroulés. Mais après une quarantaine de secondes de course, sur une ligne un peu audacieuse, son genou lâche. La chute est brutale. « Je me suis retrouvé à glisser droit vers les filets avant de traverser trois rangées. J’ai fini ma course dans la forêt ! » se souvient Adrien, visiblement marqué par cette expérience.
Il parvient à se relever seul, mais son genou droit est sévèrement touché. Il faut souligner que les trois rangées de filets n’ont semble-t-il pas offert à Adrien la protection attendue sur une épreuve de Coupe du monde…
Les examens médicaux révèlent l’étendue des blessures : rupture du ligament croisé antérieur, lésion des deux ménisques, un ligament latéral externe endommagé, une fracture du condyle fémoral avec des lésions cartilagineuses et un cartilage réduit en morceaux !
« J’ai été opéré le 12 janvier 2023 à Lyon par le Docteur Fayard. Ensuite, j’ai suivi un long processus de rééducation à Hauteville et à Capbreton pendant un mois et demi, puis une réathlétisation au centre de la Fédération à Albertville », raconte Adrien.

Le skieur pyrénéen chausse à nouveau les skis en juillet 2023 à Zermatt, avant de reprendre le cours normal d’une préparation pour une saison de Coupe du monde.
UN HIVER 2023 SOUS LE SIGNE DE LA DOULEUR MAIS AUSSI DE LA RESILIENCE
La saison 2023/2024 s’annonce particulière. Entre courses de Coupe d’Europe et de Coupe du monde, Adrien souffre toujours de son genou et s’entraîne de façon minimale sur ses skis : pas de run d’échauffement, seulement des entraînements, des reconnaissances de piste et les courses elles-mêmes. « Au niveau de mon genou, cela n’allait pas du tout. Je ressentais des décharges électriques et j’avais des pertes de force », explique-t-il.
Malgré cela, Adrien parvient à grimper deux fois sur le podium en Coupe d’Europe en janvier 2024, à Saalbach (Autriche) et à Tarvisio (Italie). Mieux encore, il gagne sa place dans le Groupe vitesse pour renouer avec la Coupe du monde. En février, il marque ses premiers points en Coupe du monde, obtenant une 29e place en Super-G à Kvitfjell (Norvège).

UNE CHUTE EN NORVEGE ET UN TIBIA EN QUATRE MORCEAUX
16 mars 2024 : Adrien Fresquet est à Kvitfjell en Norvège pour les Finales de Coupe d’Europe, avec pour objectif d’aller chercher une place nominative en Super-G pour la saison de Coupe du monde qui va suivre. Lors d’un entraînement non officiel, les conditions sont difficiles avec du vent et de la neige. « Je tombe à faible vitesse, ce qui entraîne une quadruple fracture de mon tibia ! » raconte-t-il. En plus de cette fracture, il subit une petite fissure au nez et son menton est ouvert, ce qui nécessitera dix points de suture.
C’est une nouvelle intervention chirurgicale qui attend Adrien à Lillehammer. Son rapatriement de Norvège sera assez compliqué et interviendra trois jours après sa chute.

Après deux mois de repos, il entame un protocole de rééducation puis de réathlétisation qui se déroule bien, sans douleurs. Mais pendant le stage en Hémisphère Sud à Ushuaia, Adrien ressent de fortes douleurs au genou. « Je m’étais à nouveau abimé les ménisques qui étaient déjà suturés auparavant !
ADRIEN FRESQUET PREND SES QUARTIERS A L’HOPITAL MERMOZ A LYON
15 mai 2024 : Les douleurs persistantes au genou droit forcent Adrien Fresquet à repasser une nouvelle fois sur la table d’opération. Cette fois, le chirurgien retire un morceau du ménisque externe et recoud le ménisque interne du skieur pyrénéen.
Mais les complications ne s’arrêtent pas là. Il poursuit sa préparation et continue de rencontrer des difficultés : « Je pouvais faire un peu de préparation physique, mais tout était adapté. Je n’arrivais pas à m’entraîner normalement », confie-t-il. Ses douleurs au tendon rotulien le handicape, et il ne peut ni courir ni travailler sous certains angles. « J’ai alors pris la décision avec le chirurgien de me faire retirer les 4 vis qui servaient à tenir le clou », explique Adrien. « Mes douleurs au tendon rotulien étaient en partie dues aux vis. C’est donc pour cela qu’on a tout retiré » ajoute Adrien.
Une nouvelle opération s’impose, et c’est donc à Lyon, sous les mains expertes du Docteur Fayard, qu’Adrien prend ses quartiers le 26 août !
UNE NOUVELLE PETITE OPERATION
Sur le chemin pas toujours tranquille du retour vers le haut niveau, voilà qu’une petite cicatrice sur son genou vient à nouveau perturber Adrien. Une petite intervention est alors nécessaire : le 17 septembre 2024, un petit coup de scalpel permet de supprimer un point infecté !
Après une rééducation légère qui se passe bien, Adrien passe début octobre avec succès un test sur le « ski tapis » du centre Ineos à Courchevel. Il rechausse ensuite ses skis à Saas Fee (Suisse) dans le cadre de la cellule de réathlétisation de la FFS, puis rejoint le Groupe Coupe d’Europe à Stubai (Autriche) pour un bloc de ski libre durant lequel il s’entraîne en géant pour remettre de l’intensité dans son ski.
Tout cela marque un tournant. Ses sensations s’améliorent. « Ce stage a été plus que positif : mon tibia répond bien, mes sensations sont bonnes, et le ski aussi ! », explique-t-il.
Ce qui permet à Adrien de rejoindre le stage de son Groupe Coupe du monde à Pitztal (Autriche). Il réussit de bons entraînements et est surpris de ses chronos, après autant de temps passé sans skier ! De quoi retrouver de la confiance sur le ski produit dans la perspective du stage de Copper Mountain (Etats-Unis).

Durant ce stage, Adrien monte progressivement en puissance et réussit de très bonnes journées d’entraînement. Tous les feux sont à nouveau au vert pour lui. La décision est prise par les coachs de l’aligner aux courses de vitesse de Beaver Creek, ce qui n’était pas prévu initialement !
UN ENORME SAUT SUR LA BIRDS OF PREY…
3 décembre 2024 : C’est le grand retour d’Adrien Fresquet sur le circuit de la Coupe du monde. Il prend le départ du premier entraînement de descente avec le dossard 66. Adrien réussit un bon haut de parcours et passe au 3e intermédiaire avec le 22e chrono. Arrive ensuite l’avant dernier saut, vraiment énorme depuis qu’il a été modifié par rapport aux saisons précédentes. Les organisateurs semblent avoir voulu innover en mettant plus de mouvements de terrain que d’habitude !
Et sa réception se passe mal : « J’ai ressenti une grosse douleur au tibia », raconte-t-il. Malgré tout, il termine la manche, mais une fois la ligne franchie, il ne peut plus poser le pied.
Après des examens médicaux réalisés à Vail, Adrien est ensuite rapatrié en France pour compléter le bilan médical qui indiquera une fracture très nette de son tibia.
Le gros travail physique et les soins réalisés avec les kinés ont ensuite permis à Adrien de ne plus ressentir de grosses douleurs dans la vie de tous les jours. Mais un test sur les skis effectué à Méribel n’est pas concluant.
Un communiqué fédéral diffusé le 29 janvier indiquera « qu’après des examens médicaux approfondis, il a été décidé en accord avec le staff médical, qu’Adrien ne reprendrait pas la compétition cette saison ». Le clou encore présent dans son tibia sera retiré dès que sa fracture sera entièrement consolidée. Une sage décision qui vise à préserver sa santé et à lui permettre de retrouver toutes ses capacités physiques dans des conditions optimales.
DE NOUVEAU, PASSAGE PAR LA CASE OPERATION
26 mars 2025 : Adrien a de nouveau rendez-vous avec le Docteur Fayard pour l’ablation de son matériel.
Il entamera ensuite un protocole de réathlétisation progressif, avec pour objectif de revenir en pleine forme pour la prochaine saison de Coupe du monde.
DES EPREUVES QUI L’ONT FAIT GRANDIR, SUR LES SKIS COMME DANS LA VIE
À travers ses graves blessures et ses multiples opérations, Adrien Fresquet a su faire preuve d’une résilience impressionnante. Son parcours est un modèle de détermination et de courage, même si certains moments ont été éprouvants. « Le plus difficile a été la récidive. Après une longue période de rééducation de mon genou, enchaîner sur une blessure qui a affecté mes deux jambes, ça a été une épreuve de taille », confie Adrien.
Un autre point particulièrement difficile pour lui a été de voir depuis le début de la saison ses coéquipiers du Groupe Coupe du monde prendre le départ de courses, tandis qu’il peinait, lui, depuis deux ans. Adrien a en effet suivi les courses devant sa télé : « C’était dur de ne pas être là pour soutenir mes coéquipiers, quand on sait que le moral des troupes n’était pas au top avec toutes les blessures ».
Cependant, ces difficultés ont forgé chez Adrien un mental d’acier. « Je pense que mentalement, il n’y a plus grand-chose qui peut m’affecter », affirme-t-il. Pourtant, il admet avoir été profondément marqué par la chute de son ami Cyprien à Bormio. « Curieusement, voir une chute à distance est encore plus dur que lorsqu’on y est confronté directement. Quand on est éloigné du Groupe comme c’était mon cas, on n’a pas d’information sur l’état de santé de l’athlète blessé. On doit se résoudre à attendre un communiqué fédéral. Et c’est très dur quand c’est ton super pote qui est blessé ! » souligne Adrien.

Malgré tout, ces expériences ont contribué à faire grandir Adrien, tant en tant que personne que skieur. Depuis un an, il est accompagné par un préparateur mental, Fabien Deloche, certifié par la Fédération, pour l’aider à développer cette force intérieure.
Ce parcours, bien que singulier, devrait enrichir son approche du ski à l’avenir. « Pour l’instant, je préfère avancer étape par étape : d’abord mon opération de fin mars, ensuite une bonne rééducation. Puis je repartirais sur les skis. Et après, on verra avec mes coachs quel sera mon programme pour la prochaine saison », conclut Adrien.
A propos d’Adrien Fresquet
Originaire des Pyrénées, Adrien a chaussé ses premiers skis dès l’âge de 2 ans. Il a commencé à concourir à partir de 8 ans au ski club de val Louron avant de rejoindre le club de Peyragudes en U14.
Après une première saison complète sur le Circuit de la Coupe d’Europe, Adrien a rejoint l’équipe de France B.
Spécialiste de la vitesse, sa discipline de prédilection est le Super-G. Il a décroché le titre de vice-champion de France de géant U18 en 2017, puis celui de vice-champion de France de Super-G U21 en 2019. En 2021, il est devenu champion de France Elite en Super-G.
Adrien compte 12 départs en Coupe du Monde (8 en descente et 4 en Super-G), avec pour meilleure performance une 29e place lors du Super-G de Kvitfjell en février 2024.
Pour soutenir sa carrière, le ski club de Peyragudes a récemment créé un fan club. N’hésitez pas à le rejoindre (lien ici) !
