Header Ad

Categories

  • Aucune catégorie

Matthieu Bailet : « Trouver cette stabilité dans mon meilleur ski pour aller jouer devant »

Matthieu Bailet a rejoint depuis quelques jours l’hiver et le froid nord-américain pour un ultime stage de préparation sur les neiges de Copper Mountain au Colorado. Le skieur niçois revient pour TopSkiNews sur sa préparation marquée par un changement de matériel, sur son programme jusqu’au portillon de départ de la première descente de la saison à Lake Louise et sur ses objectifs.

Comment s’est déroulée ta préparation cet été et en ce début d’automne ?

Elle s’est très bien passée. Après mon opération fin avril à Nice qui a permis de retirer la plaque que j’avais dans mon avant-bras, j’ai pris le temps pour récupérer. J’ai pu ensuite recommencer ma préparation en même temps que tout le monde. 

Pour ma préparation physique, cela fait la deuxième année que je travaille avec Patrice Paquier. On a pu aller plus loin dans notre projet. Je me sens bienaujourd’hui et j’ai de bonnes sensations. Comme tout sportif de haut niveau, je gère des mini soucis mais pas de gros problèmes.

Sur les skis, j’ai pris la décision en fin de saison dernière de changer de matériel (de Salomon à Head). On a eu un super stage avec de très belles conditions à la Parva au Chili. C’était très important pour tous mes tests parce que j’avais besoin de beaucoup skier et les conditionsqu’on a eu cet sur les glaciers en Europe n’étaient pas vraiment favorables à cela. Au retour du Chili, j’ai également skié à Zermatt puis à Saas Fee.

Un super stage avec de très belles conditions de ski pour Matthieu Bailet a La Parva au Chili.

Tu as décidé de changer de matériel (de Salomon à Head) à l’inter-saison. Peux-tu nous expliquer en quoi consiste les tests que tu as réaliser ?

Ce changement répondait à un questionnement personnel. Cela a démarré par un sentiment de curiosité à la suite de quoi j’ai fait des tests avec ma nouvelle marque Head. 

J’ai d’abord eu pas mal de discussions et d’échangesavec mon nouveau technicien, Mateo Fattore. Le technicien, c’est la personne la plus importante au côtéde l’athlète. Quand je gagne, il gagne ; Quand je perds, il perd… C’est une relation qui doit être solide au niveau humain. J’ai passé beaucoup de temps au ski room avec lui pour échanger sur les directions à prendre, sur mes envies, sur ma vision de ma performance. Il doit y avoir une grosse confiance entre nous deux.

Matthieu Bailet a changé de marque pour son matériel en passant de Salomon à Head.

Changer de fournisseur de ski, c’est un peu comme changer de raquette en tennis ou d’écurie en Formule 1. C’était les premiers tests que je faisais car je skiais avec Salomon depuis le début de ma carrière. Il y a beaucoup de variables à ajuster avec les skis, les plaques, les fixations, les chaussures. Il y a tellement de possibilités qu’on peut vite se perdre.

J’ai donc testé progressivement mes sensations et lechrono. Cela a été très intéressant et très surprenant. Je n’imaginais pas que des marques de ski pouvaient avoir un caractère et des réactions aussi différentes entre elles !

As-tu analysé les raisons pour lesquelles certaines pistes te réussissent moins que d’autres ?

Sur le circuit, il y a quelques athlètes qui réussissent très bien partout. J’ai envie de m’inspirer d’eux pour progressivement jouer devant avec eux. 

Aujourd’hui, mes qualités sont l’engagement et l’agressivité dans la tactique et la technique. Mais il faut que je trouve un peu plus de justesse dans le dosage de certains virages, de certaines pressions sur mes skis pour que je gagne en efficacité dans les endroits où il faut être un peu plus doux… Car j’ai tendance alors à me retrouver un petit peu inactif ! D’où ma difficulté à être aussi rapide que les meilleurs sur certaines sections de pistes.

Par rapport aux autres saisons passées, comment te sens-tu à ce stade de ta préparation dans la perspective des premières épreuves de vitesse à Lake Louise ?

Aujourd’hui je me sens serein. Il y a bien entendu unparamètre inconnu car je skie sur une nouvelle marque.  À l’entraînement, il y a des points positifs avec de très bons chronos par moment. Mais je sais que la seule vérité, c’est celle de la course.

Ce qui est dur à trouver dans notre sport, c’est d’être bon dans toutes les conditions de course. J’essaye de rester très calme et d’aborder tout cela de la meilleure manière possible.

Quel est ton programme de préparation jusqu’à la première descente de la saisonà Lake Louise ?

Je pars mercredi (interview réalisée juste avant le départ de Matthieu) pour les Etats-Unis avec le groupe vitesse Coupe du monde pour le dernier camp d’entraînement important à Cooper Mountain. C’est un super endroit pour s’entraîner en vitesse. On skie sur de la vraie neige américaine avec souvent des conditions très régulièreset stables avec du froid, de la neige et pas forcémentbeaucoup de vent. Cela fait du bien de changer d’air et de sortir de toute la routine créée pendant les entraînements de l’été.

Matthieu Bailet avant son départ pour l’aéroport et son vol pour Denver

L’idée est de faire beaucoup de jours de ski en gérant bien aussi la quantité sur chaque jour car on enchaînera très vite avec la première course à Lake louise. Ce sera un compromis entre bien s’entraîner et arriver avec de l’énergie sur le premier portillon de départ de la saison. 

Après ce camp d’entraînement à Copper Mountain, on s’envolera pour rejoindre le Canada et Lake Louise. On devrait avoir une journée de libre avant d’attaquer avec les trois premiers entraînements de descente et lacourse prévue le 25 novembre.

Y a-t-il un moment fort en particulier qui te revient de tes 3 tournées nord-américaines déjà faites dans le passé ?

C’était lors de la descente de Lake Louise le 30 novembre 2019, queques jours après la disparition de David Poisson. J’avais ses skis et le dossard était marqué avec son nom. Bien au-delà de la performance et du résultat ce jour là (Matthieu a marqué ses premiers points en Coupe du monde), cela a été un des instants les plus forts de ma carrière au niveau des sentiments partagés dans la difficulté et la douleur du moment…

Sentimentalement, il y a eu quelque chose de très fort ce jour-là.

À quoi pourrait ressembler une belle saison pour toi ? Et quels sont tes objectifs ?

La saison va commencer à Lake Louise, puis à Beaver Creek, Val Gardena, ensuite avec des descentes quej’affectionne, des descentes que me réussissent moinsbien…  je veux construire sur toutes ces courses pour me qualifier aux Championnats du monde.

Une très belle saison pour moi serait d’aller chercher ma première médaille aux Championnats du monde qui se déroulent sur notre territoire français, dans cette station de Courchevel. C’est clairement mon premier objectif, ce serait le graal pour moi cette saison. C’est ce qui me motive et qui me fait me lever chaque matin !

Pour le circuit Coupe du monde, j’ai changé un peu mon approche. Je sais qu’il y a des pistes où je suis meilleur que sur les autres. Je sais aussi qu’il y a d’autres pistes où j’ai plus de difficultés. 

Mon ski est là pour me permettre de jouer devant et aller chercher des podiums. Mais il me manque la régularité du plus haut niveau. Mon objectif est de trouver cette stabilité dans mon meilleur ski pour aller jouer devant. Devant, cela veut dire le podium sur les pistes que j’affectionne plus particulièrement et un Top 10, voire Top 15 sur les autres pistes.

As-tu des nouveaux partenaires qui t’accompagnent pour cette nouvelle saison ?

J’ai bien entendu mon nouveau partenaire matériel Head. J’ai aussi changé mon fournisseur de gants qui est désormais Level. J’espère que ce sera le début d une belle histoire. 

Concernant les autres, ce ne sont pas spécialement des nouveaux mais chaque année qui passe les liens grandissent et nous pouvons aller plus loin dans notre aventure commune. Je pense aux Douanes Françaises, à Greenweez, à Vola Racing, à Ranna Sport, à Colmar,  à la Ville de Nice. 

D’ailleurs sur ce volet là, j’avais à cœur d’intensifier mon réseau de partenaires local car je suis très attaché à ma ville de Nice. C’est désormais chose faite avec des partenaires locaux qui m’aident dans mon développement de carrière et avec qui j’ai un fort lien humain. Je citerais le concessionnaire automobile Audi Nice-Mougins, l’agence immobilière Century 21 Lafage ; ou encore l’habilleur Duncan, la pharmacie du pin, Culture Vélo Nice, qui sont pourtant de petits commerces mais pour moi, cela compte beaucoup.

D’une façon générale, au-delà de l’aide qu’un partenaire m’apporte, je recherche avant tout qu’ils adhèrent pleinement à mon projet sportif, mai aussi à mon histoire et ma personnalité. D’ailleurs j’aimerai profiter de l’occasion que vous m’offrez pour les remercier du fond du cœur.