Nous sommes le 21 janvier 2017. Le jour se lève sur Kitzbühel en Autriche. Et ce samedi s’annonce particulièrement splendide avec un grand bleu dans le ciel de la station du Tyrol. Les dizaines de milliers de fans ne vont pas tarder à arriver de partout pour venir s’installer au pied de la mythique Streif.
Dans l’hôtel des bleus, Valentin Giraud Moine se souvient de son réveil, somme toute très inhabituel pour lui en ce jour de descente : « Je m’étais endormi très tôt la veille et ce matin-là je me suis réveillé très tôt aussi et très en forme, avant l’heure ce qui est très rare pour moi ».
Valentin est très serein et surtout très déterminé car c’est pour vivre des moments comme celui-là qu’il pratique le ski à haut niveau. Quelques jours avant Kitzbühel, Valentin publie un post sur Instagram où il écrit : « C’est la très attendue semaine de Kitzbühel et il va avoir du sport ». Effectivement, il va y avoir du sport et la reco qui précède la course le confirme. C’est une Streif préparée au millimètre, lustrée et extrême qui attend les descendeurs…
Les bleus se dirigent ensuite vers la télécabine du Hahnenkamm pour remonter tout là-haut vers le Team Hospitality où ils patienteront avant d’arriver devant le portillon et ce départ de folie. « J’étais très calme et très distant avec toute l’agitation qu’il y a à Kitz. Je ne pensais qu’à ma course et à rester centré sur moi ».
Dans les jours précédents, Valentin a en effet réussi de bons entraînements avec quelques petites erreurs certes, mais qui n’en fait pas sur la piste la plus redoutable du cirque blanc. De quoi le mettre en confiance, lui qui n’est pas trop à la fête habituellement dans ces entraînements qui précèdent les jours de course.
Quelques minutes avant le départ, une petite anecdote assez amusante vient marquée cette journée. Alors que Valentin refait la manche du haut en bas dans sa tête, Blaise (Giezendanner) joue avec une canette et vient la déposer sur sa tête !! On imagine la suite : juste avant que Valentin ne referme sa combinaison, la canette se renverse et voilà Valentin tout imbibé avec cette boisson énergisante juste avant qu’il ne s’élance sur la redoutable Streif !
Le moment de s’élancer arrive. Valentin porte le dossard 24. Tiens, c’est justement avec le 24 qu’il a réussi son seul podium de Coupe du monde : 2e de la descente de Kvitfjell en mars 2016. Et Valentin a 24 ans…
Quelques secondes avant de couper le portillon, il aperçoit sur l’écran de chronométrage que Yo (Johan Clarey) avec son dossard 20 vient de signer une superbe perf en allumant du vert quasiment du haut vers le bas. Le skieur de Tignes est deuxième provisoire derrière Dominik Paris. « Si Yo l’a fait, je suis capable de le faire. Parce qu’on a les mêmes capacités et les mêmes qualités » pense alors Valentin.
Quand il s’élance, la lumière est déjà partie et on ne voit plus grand-chose ! Très vite, les difficultés s’enchaînent devant les spatules de Valentin avec la Mausefalle, le Steilhang, … Valentin se souvient « J’ai fait quasiment tout ce que je voulais faire et surtout de la manière que je voulais le faire ». Il passe toutefois tout prêt de la correctionnelle avec ses skis qui ont failli se croiser sur le roller situé juste après le restaurant.
Valentin sait qu’il fait une très belle course, une descente très engagée construite autour de traces très propres. Mais difficile pour lui sur la piste de savoir à quel niveau il se situe. « Tant que je n’ai pas passé la ligne, je ne pense qu’à ma course », précise Valentin.
Après le saut de l’Hausbergkante qui précède le redoutable devers et le Zielschuss final, Valentin allume du vert avec 16 centièmes d’avance sur Dominik Paris. On se prend à rêver. Mais l’italien est trop fort dans les dernières secondes de course et Valentin coupe la ligne devant plus de 50000 spectateurs à seulement 21 centièmes de Dom. Magique : 2e sur la Streif et 2 français sur la boite.
« C’est inoubliable. Sur le moment je savais qu’il fallait que je savoure mais je ne savais pas à quel point. Ce moment-là restera graver à jamais dans ma mémoire ».
Ce samedi 21 janvier 2017 restera le plus beau jour de la vie de champion de ski de Valentin Giraud Moine. Un jour « mémorable », c’est le mot qu’il a choisi pour résumer au mieux cette magnifique deuxième place sur la Streif et aussi la formidable performance de l’équipe de France ce jour-là avec 6 skieurs dans les 16 premiers !
Un jour de joie aussi pour tous les fans de ski français, qu’ils aient été dans la raquette à Kitz ou bien devant leur petit écran à suivre la retransmission d’Eurosport.
Merci Valentin pour toutes ces années passées à nous faire rêver et nous faire aimer ce ski qu’on aime tant.
La Streif, de haut en bas avec Valentin
Durant l’été 2019, j’ai eu le plaisir de rencontrer Valentin durant un stage de ski de l’équipe de France qui se déroulait aux 2 Alpes. J’en ai profité pour lui demander de nous décrire la Streif.
Ecoutez Valentin nous en parler de haut en bas…