Les Suisses ont marqué l’histoire du géant de Val d’Isère lors du 70e Critérium de la Première Neige. Loïc Meillard s’impose devant Luca Aerni et Marco Odermatt, au terme d’une course parfaitement maîtrisée. Aucun Français ne parvient à se hisser dans le Top 15.
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Première manche : Brennsteiner aux commandes, Pinturault 9e
Stefan Brennsteiner avait pris les commandes après la première manche du géant de Val d’Isère. Sur une Face de Bellevarde parfaitement préparée, l’Autrichien avait signé le meilleur chrono sur un tracé relativement facile. Vainqueur du géant de Copper Mountain en début de saison, il confirmait sa grande forme.
Brennsteiner avait devancé deux Norvégiens. Henrik Kristoffersen pointait à 28 centièmes, juste devant Timon Haugan, relégué à 33 centièmes. Tous deux restaient en embuscade avant la seconde manche programmée à 13h30.
Vainqueur du géant de Beaver Creek une semaine plus tôt, Marco Odermatt n’avait pu faire mieux que le quatrième temps. Le Suisse avait été pénalisé par une erreur sur le haut du parcours, sans conséquence majeure mais suffisante pour perdre du temps. Son compatriote Loïc Meillard, en difficulté depuis le début de saison, a montré des signes encourageants avec une cinquième place.
Côté français, Alexis Pinturault a pris la neuvième place, à 1’’07 de Brennsteiner. Avec le dossard 23, le Savoyard avait choisi une approche offensive. Il a pris des risques tout au long de la manche et s’est montré satisfait de sa prestation, malgré un léger temps perdu sur le bas de la piste.
« C’était une belle première manche, il faut continuer avec ces intentions-là. Il y a des petites fautes, mais je n’avais pas le choix, » expliquait Pinturault. « Quand on part avec le dossard 23, il faut être agressif dans les deux manches. »
Les autres Français qualifiés pour la seconde manche étaient Léo Anguenot 15e, à 1’’53, et Thibaut Favrot, 18e à 1’’55. Anguenot se montrait lucide mais confiant à l’issue de sa manche.
« Je me suis plutôt bien senti, mais j’ai été un peu gentil sur certaines portions. J’ai aussi commis des petites erreurs sur le bas qui me coûtent du temps », analysait-il. « La neige et le tracé étaient plus faciles que je ne l’imaginais. Je suis loin d’être largué, à moins d’une seconde du top 5. »
Thibaut Favrot retenait également du positif malgré un chrono perfectible. « Il y a eu de bonnes choses même si le temps n’est pas exceptionnel. J’ai fait une grosse faute au milieu qui me coûte cher. Maintenant, je me concentre sur la deuxième manche. Je m’élancerai avec une bonne visibilité. »
Deux histoires de trio en deuxième manche
La deuxième manche promettait une belle histoire française. Trois Tricolores étaient engagés sur le second tracé, dans des conditions idéales.
Grand soleil, neige compacte, public nombreux, même si l’ambiance restait étonnamment sage.
Skier à la maison devait logiquement donner des ailes à Thibaut Favrot, Léo Anguenot et Alexis Pinturault. Sur cette Face de Bellevarde qu’ils connaissent par cœur, l’espoir d’un joli coup collectif était bien réel.
Mais le scénario attendu ne s’est pas matérialisé. À l’arrivée, aucun Français ne parvient à intégrer le top 15 de ce géant.
Léo Anguenot termine 19e. Alexis Pinturault se classe 22e. Thibaut Favrot conclut à la 27e place. Un bilan forcément frustrant et cette deuxième manche n’a pas permis aux Bleus de hausser le curseur.
En zone mixte, Thibaut Favrot livrait une analyse lucide : « Je n’ai pas été bon. On est à la maison, c’est une superbe édition. Aujourd’hui, je n’ai pas répondu présent. Je vais prendre le temps de regarder ce qu’il s’est passé. »
Même sentiment du côté d’Alexis Pinturault « Je commets rapidement une faute, ensuite j’ai du mal à reprendre le rythme. Il y a de la déception, c’est la première fois cette saison que je suis très en dessous de ce que je peux faire. C’est ma moins bonne manche de la saison. On va analyser ça à tête reposée. »
Quand à Leo Anguenot, il résumait sa performance avec ses mots : « C’était une journée frustrante, le ski en deuxième manche était plutôt bon. J’ai pris des risques mais je fais des fautes d’engagement. Je suis déçu et frustré, j’aurais bien aimé faire un gros truc à la maison.
Pendant que le trio français peinait, un autre trio prenait le pouvoir. Et il était suisse. Loïc Meillard, Luca Aerni et Marco Odermatt ont renversé la hiérarchie en deuxième manche offrant au public un véritable récital collectif.
Cinquième après la première manche, Loïc Meillard était en embuscade. Il a signé la manche la plus solide des favoris. Propre, engagé et surtout très juste dans ses choix de lignes. Le Suisse s’impose sur la Face de Bellevarde. Il devance Luca Aerni de 18 centièmes de seconde. Il décroche au passage son premier podium de la saison en Coupe du monde.
Luca Aerni signe une performance remarquable. Déjà quatrième l’an dernier, il avait commis une grosse faute en première manche. Il obtient son deuxième podium en Coupe du monde, huit ans après le premier, en slalom à Madonna di Campiglio.
Troisième, Marco Odermatt termine à 33 centièmes de la victoire. Le champion suisse échoue de peu dans sa quête d’une 50e victoire en Coupe du monde. Il se console toutefois avec le dossard rouge de leader du géant, qu’il reprend en solitaire.
En tête après la première manche, Stefan Brennsteiner n’a pas résisté à la pression. L’Autrichien recule au cinquième rang final.
Deux trios, deux dynamiques opposées.
D’un côté, la frustration française à domicile.
De l’autre, la démonstration collective suisse, implacable et efficace.











