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Ski alpin : vers des pistes d’entraînement mieux sécurisées ?? 

Le décès du skieur italien Matteo Franzoso ne doit pas rester comme un accident de plus. Réunie en session extraordinaire, la fédération italienne des sports d’hiver (FISI) a réclamé à la FIS des mesures de sécurité, et a mis en avant des propositions concrètes. De son côté, Adrien Théaux s’est exprimé avec force sur ses réseaux sociaux pour appeler à des solutions rapides et tangibles. Dans le même esprit, l’ancien champion Marco Büchel a répondu à la lettre ouverte de la FIS, en formulant une proposition et en soulignant l’urgence d’agir.

On ne devrait jamais perdre sa vie en pratiquant un sport de haut niveau. L’Italien Matteo Franzoso est mort le 15 septembre à la suite d’un accident survenu à l’entraînement à La Parva, au Chili. Spécialiste de la vitesse et membre de l’équipe nationale italienne, il a chuté lourdement, traversant les filets de sécurité. Transporté d’urgence à Santiago, il n’a pas survécu à ses blessures 

La disparition de ce jeune athlète, qui s’apprêtait à fêter ses 26 ans, a provoqué une onde de choc dans le monde du ski.

« Une de plus… »

Dès l’annonce de la mort de Matteo Franzoso, de nombreux skieurs ont réagi avec force et émotion. Le descendeur tricolore Adrien Théaux, lui-même grand spécialiste des disciplines de vitesse (328 départs en Coupe du monde) a livré un message sans détour : « Une de plus… Combien de disparitions tragiques allons-nous devoir vivre avant d’enfin ouvrir le débat sur le sujet de la sécurité, notamment lors des entraînements ? a t-il écrit sur ses réseaux sociaux. 

« Par respect pour ceux qui l’ont payé de leur vie, il est temps que toutes les instances se mettent autour d’une table pour trouver des solutions ! Fédérations internationale, fédérations nationales, entraîneurs, mais également les premiers concernés : les athlètes. Il est de notre devoir à tous de regarder la réalité en face et de trouver des solutions concrètes et non des subtilités qui sont loin du problème de fond ».

Adrien Théaux

Un témoignage fort en a sans doute interpellé plus d’un mais il reflète un sentiment partagé par nombre de fans de ski : celui d’une discipline qui a trop souvent pleuré ses champions sans transformer ces drames en véritables avancées en matière de sécurité.

La FISI propose un plan d’amélioration précis et structuré 

Face à l’urgence, la Fédération italienne des sports d’hiver (FISI) a réagi avec une rare fermeté. Réunie en session extraordinaire, elle a présenté un plan avec des mesures concrètes en faveur des athlètes concernant la sécurité sur les pistes d’entrainement.

Pour les compétitions internationales, la FISI veut que soit identifié un nombre limité de pistes dédiées aux entraînements de vitesse des équipes nationales de ski alpin. Ces pistes seraient homologuées au standard Coupe du monde, avec installation de filets de sécurité A, B et C répartis selon les mêmes critères que ceux utilisés en Coupe du monde), présence d’une équipe médicale complète et d’un hélicoptère de secours, entretien de la piste au standard des compétitions et contrôle régulier des évacuations et des obstacles naturels. La FISI précise également que les athlètes devraient porter les protections de sécurité exigées sur le circuit de Coupe du monde.

La FISI propose par ailleurs à la FIS la création d’un réseau de pistes d’entraînement homologuées à l’échelle mondiale. Deux sites sécurisés seraient situés dans l’hémisphère sud (pour les entraînements estivaux) et plusieurs autres en Europe et en Amérique du Nord (pour l’automne et l’hiver),

Toutes les équipes nationales auraient l’obligation de s’entraîner exclusivement sur ces pistes, selon un calendrier partagé.

Dans son communiqué, la FISI insiste aussi sur la prise en charge des coûts par la Fédération internationale. Pour elle, la sécurité des athlètes ne doit pas dépendre des budgets des fédérations nationales, parfois très inégaux.

Une lettre ouverte de la FIS !

De son côté, la Fédération internationale de ski et snowboard (FIS) a publié une lettre ouverte exprimant sa profonde tristesse et sa compassion et réaffirmant que « la recherche de la performance ne doit jamais éclipser la priorité de la sécurité ». Elle rappelle les risques inhérents au ski et promet de renforcer le dialogue avec les acteurs du ski : « Il n’est pas possible d’éliminer les risques dans la pratique du ski alpin, mais en écoutant, en sensibilisant et en incitant au dialogue pour parvenir à une action collective, nous pouvons réduire ces risques », indique la FIS dans son communiqué.

L’instance internationale du ski met en avant également ses projets technologiques pour une meilleure sécurité (casques plus résistants, airbags et fixations à déclenchements automatiques).

Dont acte, mais ce message ne manque-t-il pas de substance au regard de la tragédie de La Parva ? Là où la FISI propose un cadre détaillé de mesures, la FIS reste sur une rhétorique de sensibilisation et d’intensification du dialogue sans réellement adresser le thème de la sécurité sur les pistes d’entraînement !

« Les mots ne sauvent pas des vies… »

Dans un message publié hier sur ses réseaux sociaux, l’ancien champion du Liechtenstein Marco Buechel a réagi à la lettre ouverte de la FIS. Il écrit notamment : « Vos déclarations dans la lettre ouverte sur la culture, la sensibilisation ou le dialogue avec les parties prenantes ne suffisent plus. Les mots ne sauvent pas des vies ! »

Buechel souligne que les athlètes, ainsi que l’ensemble de la communauté du ski alpin, réclament des mesures concrètes. Il propose notamment la création urgente d’un « Fonds pour la sécurité de la FIS », destiné à aider les organisateurs et les fédérations nationales à installer des filets de protection dans les zones critiques des pistes d’entraînement.
Il ajoute : « Si la FIS finançait entre 50 % et 80 % de ces infrastructures, la sécurité s’en trouverait immédiatement renforcée. »






Extrait du message de Marco Buechel avec sa proposition

Entre émotion et impatience

La mort de Matteo Franzoso laisse un vide immense dans le ski italien et international. Mais elle pourrait révéler aussi une fracture : d’un côté des athlètes et fédérations nationales qui veulent des changements rapides et précis en matière de sécurité ; de l’autre, une fédération internationale qui semble se focaliser sur des projets technologiques moyen terme d’amélioration de la sécurité.

Pour les proches du champion disparu, comme pour l’ensemble de la communauté du ski alpin, l’enjeu est clair : éviter qu’un nouveau drame ne vienne une fois de plus révéler les failles du système. Marco Buechel le résume d’ailleurs sans détour dans la conclusion de son message :
« Chaque saison sans action met davantage de vies en danger ! »

L’avenir dira si la tragédie de La Parva sera un tournant… ou une alerte de plus laissée sans suite.