Sous un ciel tourmenté en début de matinée et 15 900 spectateurs – un record pour un samedi à Sölden – , la Coupe du monde 2025/2026 a lancé sa saison en Autriche. Déjà en évidence l’an passé sur le glacier du Rettenbach, Julia Scheib a cette fois transformé l’essai en remportant le premier géant de sa carrière, devant Paula Moltzan et Lara Gut-Behrami. Côté français, Clara Direz retrouve enfin le sourire avec une solide 25e place et surtout des sensations retrouvées. L’hiver est de retour, et le cirque blanc est relancé.
Infographie copyright FIS
Julia Scheib survole la première manche
Les flocons, le froid, le vent : pas de doute, l’hiver est de retour sur le glacier du Rettenbach. Et avec lui, le grand frisson du ski alpin. La Coupe du monde a lancé sa saison 2025/2026 ce samedi à Sölden, sur un tracé régulier et rapide, mais quelque peu marqué par un vent fort qui s’est invité sur le haut du tracé de la première manche.
Des rafales puissantes ont en effet balayé le haut du parcours dès le passage du dossard 1, la Norvégienne Thea Louise Stjernesund, rendant la visibilité aléatoire pour les premières concurrentes. Malgré cela, la lutte fut serrée : moins de trente centièmes séparaient Paula Moltzan, alors leader provisoire, et Lara Gut-Behrami, quatrième. Puis le dossard 8 a fait exploser le chronomètre. Julia Scheib, déjà troisième à Sölden l’an dernier, a livré une manche magistrale. L’Autrichienne a allié précision et engagement, notamment dans le mur final, pour s’imposer avec une seconde et 28 centièmes d’avance sur Moltzan. Une performance éclatante qui confirme son aisance en début de saison.

Autre satisfaction du jour : le retour encourageant de Mikaela Shiffrin. Partie avec le dossard 20, l’Américaine s’est classée sixième. Encore prudente, mais plus relâchée que ces derniers mois, la quintuple lauréate du gros globe semble retrouver des sensations rassurantes à l’aube d’une nouvelle saison. On notera également que Sofia Goggia a chuté lors de ce premier run créant un peu de frayeur dans le clan italien en zone mixte où Federica Brignone était présente.
Côté tricolore, un chiffre à retenir : 1/4, car seule une Française sur 4 a réussi à se qualifier pour la seconde manche. Clara Direz sauve l’honneur. Vingt-troisième à l’issue de la première manche, la Française, souriante à son arrivée en zone mixte, s’est félicitée de sa manche solide :« Je suis très contente de ma première manche, c’est une manche solide. Je suis allée chercher ce que je voulais. J’ai réussi à me mettre dans ma bulle et à me concentrer sur ce que j’avais à faire », confiait-elle, le sourire retrouvé.
Une éclaircie bienvenue pour la skieuse des Saisies après une saison 2024 compliquée, marquée par le doute. Les autres Bleues (Camille Cerutti, Doriane Escané et Axelle Chevrier), en revanche, n’ont pas rallié l’arrivée.
Julia Scheib tient bon et signe son premier succès en Coupe du monde
C’est dans la fameuse banane que tout s’est joué en deuxième manche. Cette section piégeuse a d’ailleurs plutôt souri aux Américaines, omniprésentes avec six représentantes dans le top 20. Paula Moltzan y a signé une manche d’anthologie, mais cela n’a pas suffi. Julia Scheib, fidèle à son ski précis et mesuré, a résisté à la pression pour s’imposer devant Moltzan et Lara Gut-Behrami.
Une victoire acquise sans excès, avec intelligence, dans une approche presque philosophique. Paul Valéry écrivait que la patience était la chance d’un « fruit mûr », et Scheib en a offert la plus belle illustration. Celles qui ont trop engagé, comme Moltzan ou Alice Robinson (8e), ont fini par s’y brûler les ailes.
Sous une ambiance splendide, Julia Scheib a levé les bras au ciel pour la première fois en Coupe du monde, mettant fin à une disette de près de neuf ans pour le géant autrichien : aucune victoire nationale depuis celle de Maria-Theresa Brem à Jasná en 2016.
Une récompense symbolique, célébrée sous quelques rayons de soleil perçant le manteau nuageux.

Du coté des Françaises, Clara Direz termine finalement 25ᵉ, mais l’essentiel est ailleurs. Elle le dit elle-même : « J’ai vraiment pris du plaisir toute la journée, et c’est sur ça que je veux m’appuyer. »
Le retour du plaisir et du sourire, dans un sport aussi exigeant que cruel, vaut parfois plus qu’un classement. Au micro en zone mixte, la skieuse des Saisies insistait : « Je me sens bien sur les skis, je me sens bien dans la tête, et je crois que c’est le plus important. »
Un bilan optimiste et encourageant pour la suite de la saison, surtout après les galères de l’hiver dernier.
La saison féminine est bel et bien lancée, et de la plus belle des manières. Vivement la suite.
Article rédigé par Merlin Meignan, passionné de ski alpin et étudiant à emlyon Business School.











