Après une solide 7e place en géant à Sölden, Henrik Kristoffersen s’apprête à disputer son premier slalom de la saison à Levi, en Finlande. Le champion norvégien s’est confié à Patrick Lang sur son équilibre entre vie de famille et exigence du haut niveau, son rapport à la compétition et ses ambitions pour les saisons à venir. Avec, en ligne de mire, une ultime échéance : les Jeux Olympiques d’hiver 2030 en France.
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« La vie est belle en ce moment » — Un équilibre trouvé
A l’occasion de l’ouverture de la saison de Coupe du monde à Sölden, Henrik Kristoffersen affichait une forme de sérénité rare sur le circuit. L’été 2025 a été marqué par un grand moment personnel : son mariage avec Tonje, sa compagne de longue date, et la vie de famille qui va avec leur petit garçon de deux ans.
« Je ne sais pas si ma vie est différente, mais elle est vraiment agréable en ce moment », confie-t-il.
À 31 ans, le Norvégien semble avoir trouvé le bon dosage entre compétition et vie personnelle. Pas de révolution dans son quotidien, mais une stabilité nouvelle : « Tonje et moi sommes ensemble depuis si longtemps que le mariage ne change pas grand-chose au jour le jour. En revanche, avoir un fils plein d’énergie, ça, oui, ça change tout ! »
L’expérience, la paternité et le recul sur le sport ont visiblement adouci le compétiteur et champion norvégien sans lui ôter son exigence.
« Quand j’ai commencé, aucun Norvégien n’avait gagné depuis dix ans » — La fierté d’une génération
Kristoffersen aime rappeler d’où il vient. Quand il débute sur le circuit, la Norvège traverse une longue traversée du désert en slalom. Sa victoire à Schladming en 2014 met fin à près d’une décennie sans succès pour le ski technique norvégien.
Depuis, il a contribué à remettre son pays sur la carte du ski mondial, tout en inspirant une nouvelle génération. Beaucoup de choses ont changé dans le monde du ski : « Beaucoup ont travaillé très dur dès leur plus jeune âge, avec leurs parents et leurs clubs. Il faut leur rendre hommage. On ne peut pas juste écrémer le lait quand le produit est fini : il faut nourrir le veau dès le départ. »
Derrière la métaphore, une conviction : le ski norvégien s’est reconstruit par la base, grâce à un réseau de clubs solides et à une mentalité collective. Aujourd’hui, il fait partie des « anciens » du circuit, conscient que son expérience sert de repère à ceux qui arrivent.
« La première chose à faire, c’est de battre ses coéquipiers. Si tu ne bats pas ton équipe, tu ne gagneras pas ailleurs. Et aujourd’hui, on a une équipe très forte ! »
« J’espère que tout sera déjà joué à Hafjell » — Des Mondiaux juniors aux Finales de Coupe du monde
L’histoire entre Kristoffersen et Hafjell est presque un roman. C’est là, en 2015, qu’il s’était révélé au monde avec deux médailles d’or aux Championnats du monde juniors. Onze ans plus tard, le Norvégien y reviendra pour disputer les finales de Coupe du monde en mars 2026.
« Ce sera quelque chose de spécial. J’espère que tout sera déjà joué avant Hafjell ! »
L’an passé, Hafjel lui avait laissé un goût amer : malade, il n’avait pu défendre ses chances et était ensuite parti diminué aux Finales de Sun Valley « j’étais malade, épuisé, usé mentalement ».
Cette fois, il espère aborder cette échéance dans de meilleures conditions — pourquoi pas en candidat au globe.

« Dépasser les 100 podiums, ce serait pas mal » — A la conquête d’un palmarès à étoffer
Henrik Kristoffersen ne court plus après la reconnaissance, mais il reste habité par l’envie de performance. Depuis 2014, pas une année ne s’est écoulée sans que le Norvégien ne remporte au moinsune course en Coupe du monde ! Avec 33 victoires et 95 podiums, il vise un cap symbolique : les 100 podiums et, dans un coin de sa tête, le record d’Aksel Lund Svindal (36 victoires).
« Être cité dans la même phrase qu’Aksel, c’est déjà un honneur. Il me reste trois victoires à aller chercher pour l’égaler, quatre pour le dépasser — c’est possible ! »
La relation entre les deux champions a toujours été empreinte de respect. Kristoffersen sait ce qu’il doit à Svindal, modèle de professionnalisme et d’esprit d’équipe. Mais il veut laisser sa propre trace : celle d’un slalomeur d’exception capable de briller sur tous les terrains, de Levi à Schladming en passant par Adelboden et Kranjska Gora.

« 2030, ce sera ma dernière saison » — Une fin de carrière programmée
Lorsqu’il évoque la suite de sa carrière, on est loin des annonces floues, Kristoffersen parle avec une clarté rare : « 2030, la saison des Jeux Olympiques en France, ce sera ma dernière. C’est possible que j’arrête avant, mais pas après. »
Le plaisir est toujours là et cinq saisons encore devant lui, pour se battre, transmettre et profiter. « En cinq saisons, on peut encore faire beaucoup de choses », dit-il en souriant.
Henrik Kristoffersen sait qu’il appartient déjà à l’histoire du ski alpin, mais sans s’y complaire. Reste encore cinq hivers pour repousser ses limites, guider les jeunes Norvégiens et savourer la glisse.
Avec une ligne d’arrivée fixée, oui — mais un scénario qui reste à écrire…
Les propos d’Henrik Kristoffersen ont été recueillis à Sölden par Patrick Lang.








				
								
			


