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Emma Aicher, la jeune skieuse allemande qui bouscule la hiérarchie mondiale

À 22 ans, la skieuse allemande Emma Aicher s’impose comme l’un des profils rares du circuit de Coupe du monde : une skieuse capable de performer en descente, Super-G, slalom et géant. Portrait de cette jeune pépite du ski alpin mondial qui prendra dimanche, à Gurgl en Autriche, son centième départ en Coupe du monde.

Photo copyright Agence Zoom/Jonas Ericsson

Une enfance sur les pentes suédoises

Emma Aicher a grandi à Sundsvall, en Suède, pays de sa mère, dans un environnement où le ski faisait partie du quotidien. Une piste se trouvait très proche de chez elle, ce qui lui permettait de filer skier après l’école.

Dans une interview vidéo publiée sur YouTube par la FIS, elle résume cette période fondatrice : « La première fois que je suis montée sur des skis, j’avais deux ans. Ma mère est suédoise, mon père est allemand. J’ai vécu en Suède jusqu’au cours préparatoire. Ensuite, nous avons déménagé en Suisse pour trois ans, puis nous sommes rentrés à la maison. »

Ce sont ses parents, Viktoria et Andreas, qui l’initient à la pratique du ski, une passion bientôt partagée par son jeune frère Max. Très tôt, la glisse devient une évidence pour Emma Aicher.
« Je fais du ski parce que c’est juste fun. J’aime faire toutes les disciplines et j’aimerais continuer aussi longtemps que possible. »

De la Suède à l’Allemagne : un choix sportif assumé

D’origine suédo-allemande, Aicher débute sous les couleurs de la Suède. Elle s’entraîne entre Sundsvall et Södra Berget, avant d’opérer un virage important en 2020 en rejoignant la Fédération allemande de ski (DSV). Elle explique dans le média Aftonbladet que ce choix reflète son profil polyvalent, à contre-courant d’un système suédois davantage axé sur les disciplines techniques. Et qu’il va lui offrir aussi de belles possibilités pour s’entraîner dans les Alpes bavaroises, où elle s’installe à Berchtesgaden.

Une polyvalence rare en ski alpin

Formée au slalom et au géant, Aicher se tourne ensuite progressivement vers la vitesse, guidée par une attirance naturelle pour ces disciplines. Dans l’histoire du ski alpin, cette polyvalence est rare et le succès dans toutes les disciplines l’est encore davantage. Seules quelques championnes ont réussi à s’imposer dans les cinq grandes disciplines — les Suédoises Anja Pärson et Pernilla Wiberg, l’Autrichienne Petra Kronberger, la Slovène Tina Maze, la Croate Janica Kostelić ainsi que les Américaines Lindsey Vonn et Mikaela Shiffrin.

Emma Aicher avec Lindsey Vonn lors des courses de vitesse de Kvitfjell 2025 – Photo copyright Patrick Lang

Kvitfjell 2025 : la première grande victoire d’Emma Aicher en descente

Son premier grand déclic intervient le 28 février 2025, lors de la descente de Kvitfjell. Partie avec le dossard 27, elle s’offre une performance majeure et termine 2e derrière Cornelia Hütter. Jusqu’ici, elle n’avait pas marqué le moindre point en descente cette saison.

Le lendemain, Emma Aicher passe un cap. Elle remporte sa première victoire en Coupe du monde sur la même piste. Face à un plateau relevé, elle signe un final ultra-rapide. Trois centièmes la sépare de l’Américaine Lauren Macuga, tandis que Conny Hütter monte une nouvelle fois sur le podium.

Emma Aicher a remporté sa première victoire en descente le 1er mars dernier à Kvitfjell en Norvège – Photo copyright Agence Zoom/Alexis Boichard

Elle ne s’attendait pas à obtenir sa première victoire en descente, une discipline où l’expérience pèse lourd. « C’est incroyable », dit-elle au micro de la FIS après la course. « Je ne pensais pas que cela arriverait si tôt, surtout en descente. Je pensais plutôt au slalom. »

Super-G de La Thuile : Emma Aicher confirme son statut en vitesse

Deux semaines plus tard, elle s’impose à La Thuile dans un super-G raccourci. Elle devance Sofia Goggia et Federica Brignone et décroche ainsi sa deuxième victoire de la saison. Un succès qui prend une dimension particulière pour l’équipe allemande.
« C’est la première victoire allemande en super-G depuis Victoria Rebensburg il y a six ans ! Ça signifie beaucoup. C’est un rêve qui devient réalité », confie-t-elle au micro de la FIS.
Aicher insiste aussi sur le caractère inattendu de cette réussite :
« En vitesse, je ne m’attendais pas du tout à ça. Je voulais juste progresser et me rapprocher du groupe de tête. Je n’aurais jamais imaginé réussir cela. »

Cette victoire confirme sa montée en puissance : Aicher vient d’enchaîner trois podiums en quatre courses de vitesse, preuve d’une progression rapide et maîtrisée.

La joie de l’équipe allemande lors de la victoire d’Emma Aicher au Super-G de La Thuile en mars dernier – Photo copyright Agence Zoom/Christophe Pallot

Géant : la discipline qui résiste encore à Emma Aicher

Le géant reste aujourd’hui son chantier principal. En géant, sur 20 départs en Coupe du monde, Aicher n’a rallié l’arrivée qu’à cinq reprises ! Son meilleur résultat demeure une 15e place à Kranjska Gora en janvier 2024.

Elle en parle sans détour dans la vidéo FIS : « Le géant a toujours été la discipline dans laquelle je veux être forte. Mais ça n’a pas encore vraiment fonctionné. »

Une impression confirmée à Sölden pour l’ouverture de la saison 2025-2026 : elle termine 28e, loin (4 secondes !) de la Suissesse Lara Gut-Behrami, victorieuse en Autriche.

Slalom de Levi : un tournant en technique

Longtemps irrégulière en technique, Aicher avait multiplié les sorties de piste lors des hivers précédents. Pourtant, c’est en slalom qu’elle avait signé son premier Top 10 (Flachau en 2023), avant d’en aligner plusieurs autres.

À Levi, le week-end dernier, elle franchit un cap supplémentaire. Sur la piste Black glacée de la station finlandaise, elle prend la 3e place derrière Mikaela Shiffrin et Lara Colturi. « Je suis très satisfaite, je ne m’y attendais pas du tout », déclare-t-elle aux médias allemands.

Lena Dürr, sa coéquipière, salue un « début de saison sensationnel en slalom » et souligne la performance d’Aicher, capable de gagner quatre places lors de la seconde manche.

Cette réussite en slalom s’ajoute à un bilan déjà solide : deux victoires et une deuxième place en vitesse la saison précédente, qui l’avaient hissée dans le top 15 mondial du classement général de la Coupe du monde.

Samedi dernier à Levi, Emma Aicher est montée pour la première fois sur un podium de slalom. Sur notre photo, elle pose aux côtés de Mikaela Shiffrin (au centre) et de Lara Colturi (à gauche) – Photo copyright Agence Zoom/Christophe Pallot

Peut-elle viser le classement général de la Coupe du monde ?

Interrogé récemment sur son pronostic pour les gros globes de cristal, un skieur alpin de premier plan expliquait que celles et ceux capables de gagner dans trois disciplines peuvent viser un gros globe. Une liste courte, dans laquelle un nouveau nom pourrait s’inscrire : Emma Aicher.

Cette perspective prend d’autant plus de relief que, dans l’histoire allemande du ski, seules trois championnes ont remporté un gros globe de cristal : Rosi Mittermaier (1976), Katja Seizinger (1996, 1998) et Maria Höfl-Riesch (2011).

Interrogée par la FIS après le slalom de Levi sur sa capacité à viser cet hiver le classement général, l’Allemande restait mesurée : « C’est la première ou la deuxième course, on ne sait pas encore. On verra. » Une réponse prudente au regard de sa progression fulgurante.

Qui est Emma Aicher ?

  • 22 ans, née le 13 novembre 2003
  • 99 départs en Coupe du monde
  • Premier départ en Coupe du monde à Lech, le 13 novembre 2021 (slalom parallèle)
  • 4 podiums et 2 victoires : descente de Kvitfjell (2025), Super-G de La Thuile (2025)
  • Premier podium en slalom à Levi (novembre 2025)
  • 3 participations aux Mondiaux (2021, 2023, 2025) – 13 départs
    • Médaille de Bronze en Team Parallèle à Cortina d’Ampezzo en 2021
  • Jeux olympiques 2022 à Pékin
    • Médaille d’Argent en Team Parallèle

Avec ses performances en vitesse et ses progrès en technique, Emma Aicher s’impose comme l’un des grands espoirs du ski allemand. À l’aube de son 100e départ en Coupe du monde, la jeune skieuse semble prête à poursuivre son ascension. Reste à voir jusqu’où cette polyvalente exceptionnelle pourra grimper cette saison.

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