Est-il courant de lancer un fan club pour un athlète d’un autre pays ? Probablement pas. Et pourtant, c’est exactement ce qui s’est passé en Slovaquie. Darka Sefcik partage pour TopSkiNews l’histoire inattendue qui se cache derrière la création du Fan Club Lucas Brazil, une communauté dynamique qui s’est développée pour soutenir le champion de ski Lucas Pinheiro Braathen.
Comment et quand le Fan Club Lucas Brazil a-t-il été fondé, et qui en est à l’origine ?
C’est une histoire pleine de coïncidences et de rebondissements inattendus, mais je vais essayer de résumer !
Lors de la saison 2023 à Sölden, Lucas Pinheiro Braathen a annoncé sa retraite, et les commentateurs d’Eurosport ont immédiatement commencé à spéculer sur un éventuel retour sous les couleurs du Brésil. Lors du défilé des fans clubs, où j’étais avec le fan club de Petra Vlhová, j’ai rencontré Øyvind Setnes, le président du Fan Club Feller Norvège. Nous sommes restés en contact étroit.
En janvier, Øyvind qui participait aux Masters, m’a envoyé quelques photos de ses entraînements de slalom. J’ai plaisanté en lui disant qu’il s’entraînait pour remplacer Lucas dans l’équipe norvégienne. Il m’a répondu qu’il lui faudrait sans doute représenter un autre pays pour espérer revenir en Coupe du monde. Je lui ai alors indiqué que le Brésil était très tendance en ce moment (grâce à la spéculation des médias). Il a ri et m’a envoyé un croquis, qui est devenu le logo du fan club.
À ce moment-là, j’étais à Cortina pour la Coupe du monde para-alpine, et les skieurs autour de moi ont trouvé l’idée hilarante. Ils m’ont encouragée à faire imprimer un t-shirt avec ce logo. De retour chez moi, ma fille de 5 ans (qui adore Lucas – elle s’était même déguisée en lui pour un carnaval…), et moi avons ajusté les couleurs du logo, ajouté du vernis à ongles et imprimé des autocollants juste pour le fun.
Début mars, lors d’un séjour à Alta Badia, nous avons rencontré Lucas lors d’un événement pour une marque de ski. Je lui ai donné des autocollants, il a souri, m’a remerciée.
Quelques jours plus tard, il annonçait officiellement son retour pour le Brésil. Mes amis, y compris Øyvind, m’ont immédiatement encouragée à lancer une page Instagram pour ce fan club, en disant que ce serait amusant.
Alors, je l’ai fait. Sans plan, ni attente, juste avec beaucoup de joie de voir Lucas de retour en Coupe du monde. Ce champion est incroyable !
Vous étiez déjà fan de Lucas auparavant. Pourquoi lui ?
Bien sûr. Je le suivais depuis la Coupe d’Europe 2018/2019. Il s’est rapidement fait un nom en Coupe du monde, et son énergie positive ainsi que ses amitiés solides avec Atle Lie McGrath et d’autres étaient toujours un plaisir à voir.
Lors de sa saison où il a remporté le globe de slalom, il était mon favori absolu. Décrocher le globe de cristal et le titre de Rising Ski Star en une seule saison, c’est du génie pur !
J’étais en Andorre pour les Finales avec des amis de la famille et des fans de Petra. A côté de nous se tenait un homme dans une veste rouge. Soudain, un Lucas ému s’est jeté dans ses bras. Nous avons compris que c’était son père, et nous avons pleuré avec eux. L’émotion brute qu’il dégageait nous a bouleversés.
Sur le chemin du retour, j’ai tout lu à son sujet. J’ai été conquise par son état d’esprit, ses idées, son engagement avec les jeunes, son sens artistique, son unicité, sa positivité et sa sincérité.
Je travaille dans l’éducation, et je vois tous les jours les conséquences des mauvais modèles sur les jeunes. Nous avons un besoin crucial de plus de figures inspirantes comme Lucas.
Qui compose la base de fans de Lucas, et d’où viennent-ils ? Comment la culture brésilienne a-t-elle influencé le Fan Club ?
Ses fans viennent de nombreux pays, de tous âges et de tous horizons, avec des motivations variées. Il y a des grands-mères qui le considèrent comme leur petit-fils adoptif, des parents dont les enfants le prennent comme modèle, des adolescents fascinés par son style et sa liberté d’expression, des skieurs qui admirent sa technique, des Brésiliens qui voient en lui un symbole d’identité culturelle, ou encore des personnes qui, comme lui, se sentent différentes et trouvent en lui une source d’inspiration.
Beaucoup de fans viennent de Slovaquie, d’Autriche, d’Italie, d’Allemagne, de Suisse, des États-Unis, du Royaume-Uni, de la République tchèque, de Norvège et du Brésil. Les Brésiliens sont ceux qui vivent dans des pays de ski, mais de plus en plus, il y en a qui découvrent le ski pour la première fois.
Je trouve fascinante la diversité des fans et leurs motivations. Beaucoup partagent leurs histoires avec moi, et c’est un spectre incroyable de personnes.
Lucas n’a probablement pas besoin d’un fan club organisé – les gens l’aiment et le soutiennent de toute façon. Mais les fans aiment naturellement se rassembler, partager leur passion et célébrer ensemble.
Et pour nous en Europe, le Brésil est fascinant et j’ai appris que les Brésiliens sont incroyablement passionnés. Ils semblent ne jamais s’arrêter de faire la fête ! J’ai découvert de la nourriture brésilienne, des boissons, et tout un nouveau monde de D’n’B brésilien. D’un autre côté, ils découvrent le ski et ses règles – ils posent des questions. L’autre jour, j’ai même dû dessiner comment skier correctement dans un virage. Je crois qu’il est important d’explorer différentes cultures de manière positive comme cela, cela aide à prévenir les stéréotypes nuisibles.
Le fan club assiste-t-il à toutes les courses de Lucas ?
Oui. Différents membres y assistent à chaque fois – une seule personne ne pourrait pas tout faire (même si j’adorerais aller partout…). Nous nous sommes fixés comme objectif, pendant les six mois précédant la saison, d’avoir le fan club présent là où c’est possible.
Nous avons des réunions en ligne avec un groupe de présidents de fan clubs et des amis d’autres pays pour nous entraider avec la logistique, les banderoles, les transports, les hébergements, les billets et la réflexion sur des idées folles. Il y en a des tonnes – certaines complètement dingues ! Et puisque Lucas est unique, nous essayons d’aborder cela de manière responsable et en harmonie avec ses valeurs. Tout n’est pas parfait, mais les gens semblent apprécier.
Comment vous connectez-vous avec les membres du fan club, et quels types d’activités organisez-vous ?
Via notre compte Instagram. J’essaie de répondre à tout le monde, et beaucoup partagent leurs idées de banderoles ou leurs expériences de rencontre avec Lucas. Nous appelons cela l’« Effet Pinheiro ». Beaucoup de personnes parlent de leurs souvenirs de rencontres avec Lucas, avec sourire.
Et pour les activités, le Brésil doit être visible ! Drapeaux, autocollants, banderoles, brigadeiro, quiz, caipirinhas, accessoires photo amusants (lunettes, cadres, bulles de texte…), capturer le vrai fun de la foule en vidéos amateurs. Quand je crée des reels, j’utilise des photos et vidéos naturelles, non retouchées, envoyées par des fans – cela offre une perspective différente par rapport aux images officielles.
Les fans sont incroyablement créatifs – ils fabriquent des cadeaux, cuisinent, se peignent les ongles, dessinent, écrivent, tricotent… C’est incroyable de voir comment il les inspire.
Comment devenir membre du fan club ?
Vous êtes fan de Lucas ? Vous voulez faire partie de ce fan club ? Rejoignez-nous ! Tout le monde est invité.
Suivez-nous sur @fanclublucasbrazil. Si vous nous croisez, nous vous donnerons un autocollant ou un drapeau. Si vous allez à une course et que vous voulez un drapeau du fan club, envoyez-moi un message. Si vous voulez une banderole, téléchargez-la et imprimez-la (le lien est sur notre Instagram).
Nous collaborons avec @skiworldcupfancom en France, et nos banderoles sont disponibles gratuitement. Mais surtout – amusez-vous !
Le fan club sera-t-il présent aux Championnats du monde à Saalbach 2025 ?
Oui et nous avons hâte d’y être ! Comme le Géant aura lieu le jour de la Saint-Valentin, attendez-vous à beaucoup de passion et de cœurs.
Quelle est votre expérience la plus mémorable avec Lucas ou les fans ? Est-ce qu’il est au courant de vos activités ?
Il y en a tellement. Un moment magnifique a été de le rencontrer lors de la séance de dédicaces à Sölden, où des fans brésiliens lui ont apporté du brigadeiro. J’avais collecté un sac entier de cadeaux, lettres, … à lui donner. C’était avant sa première course, et il avait déjà créé une grande effervescence !
Un autre beau souvenir a été le défilé du fan club, où sa merveilleuse famille norvégienne et ses amis se sont joints à nous. Faire un tatouage brésilien sur la joue de sa grand-mère pendant une course a été un moment inattendu mais adorable !
Le rencontrer lors d’un entraînement à Levi, où il est venu discuter avec nous, a aussi été incroyable – nous apprécions vraiment sa gentillesse et sa chaleur envers les fans.
Et n’oublions pas notre fière membre Alessandra, la maman de Lucas ! Elle s’est tellement amusée avec nous dans les tribunes à Alta Badia, puis elle a mis l’ambiance à Madonna di Campiglio – je suis sûre que vous avez vu cela à la télé !
L’expérience du podium de Lucas à Kitzbühel a été absolument magique. Nous étions trempés jusqu’aux os, mais cela en valait tellement la peine ! Avec ce moment irréel où nous avons collaboré avec de grands médias brésiliens et même la Fédération brésilienne de ski pour des publications !
L’équipe de Lucas est au courant de nos activités et ils disent qu’ils aiment notre fun. Ils nous ont remerciés pour cela. Bien sûr, je leur ai dit que si nous franchissons une ligne ou faisons quelque chose d’inapproprié, ils doivent nous le dire immédiatement, et nous le corrigerons. Nous ne voulons rien faire de mal.
Avez-vous des moments amusants ou intéressants à partager sur le fan club ? Des souhaits pour l’avenir ?
Quand j’ai allumé la télé pour suivre la retransmission de Beaver Creek, j’ai éclaté de rire : des fans déchainés de la section américaine couraient avec un énorme drapeau du fan club et agitaient plein de banderoles, attirant l’attention des caméras et des journalistes.
Mon souhait ? Que Lucas reste en une bonne santé. J’espère qu’il continuera à écrire cette incroyable histoire. S’il est heureux, nous le serons aussi.
Et j’ai un petit rêve d’enfant – récupérer un jour l’un de ses dossards…