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Alexis Pinturault : « Le juge de paix, ce sera mon retour sur les skis »

Dans cette interview estivale, Alexis Pinturault fait un point d’étape sur le chemin de son retour après sa grave blessure de Wengen, nous dévoile le scénario envisagé pour rechausser ses skis et les deux changements dans son équipe pour la saison à venir. Il nous parle aussi des Jeux Olympiques avec son regard sur Paris 2024, son rêve pour Milano Cortina 2026 et ce que pourrait être sa contribution pour les JOP 2030 des Alpes Françaises.

Quelles ont été les grandes étapes franchies sur ce long chemin vers ton retour, depuis notre dernier interview en avril ?

A partir de début avril, j’ai commencé tout doucement ma réathlétisation. Cela a débuté par du renforcement musculaire puisque je ne pouvais pas encore faire d’exercices nécessitant des appuis et du bondissement. Il s’agissait principalement de renforcer ma jambe et ses différents groupes musculaires. Cette période a été relativement longue !

Dans le même temps, j’ai constaté une amélioration progressive de mon genou : moins de douleurs, moins de problèmes de flexion…

Le gros changement est intervenu à partir de mi-mai où j’ai commencé à travailler avec plus d’explosivité. J’ai commencé à faire quelques appuis et à reprendre doucement la course à pied. Cela a probablement été ma plus grande étape après la reprise de la marche.

Et maintenant ! On est début août et je suis passé à une véritable préparation physique. Je dois encore adapter un certain nombre de choses et j’ai quelques petits problèmes ici et là. Mais globalement, c’est positif.

Si on compare le niveau physique d’Alexis Pinturault d’il y a un an avec celui d’aujourd’hui, quelles sont les différences ?

Physiquement, j’ai toujours des problèmes de flexion, ce qui pourrait durer encore un moment. L’œdème persiste dans mon genou, avec toujours un peu d’eau, ce qui est normal.

La conséquence, ce sont des contractions musculaires que j’ai encore du mal à réaliser sans douleurs, surtout dans les angles bas. C’est quelque chose qu’il va falloir atténuer.

Si on parle de résultats physiques concrets, en puissance et en force pure, je suis identique jambe droite et jambe gauche, que ce soit sur les quadriceps ou les ischios. Ce qui est une très bonne nouvelle. Cependant, pour du travail plus précis et explosif, ma jambe gauche présente un déficit d’environ 15% par rapport à la droite !

Globalement, mes jambes sont en retard sur le reste de mon corps (tronc, bras…)  par rapport à mon état de forme général quand j’étais à mon meilleur niveau les années précédentes. Cela montre qu’il reste du chemin à parcourir.  

Quel scénario privilégie-tu pour ton retour en Coupe du monde ?

Aujourd’hui, je ne peux pas répondre à cette question. Le juge de paix sera le premier stage de retour sur mes skis. En fonction de ma forme actuelle, on se place dans un cas de figure où tout va bien et où on ne précipite pas les choses.

Nous envisageons un retour sur les skis fin août ou début septembre, suivi d’un départ pour Ushuaia. C’est le scénario privilégié pour l’instant.

A quel endroit planifies-tu ton retour sur les skis et, si tout se passe bien, à quelle date partiras-tu vers Ushuaia ?

Il y a deux options pour mon retour sur les skis : Saas Fee en Suisse ou Sölden en Autriche. Nous privilégions plutôt Solden, car l’accès au glacier y est beaucoup plus facile. Il ne faut pas que je dépense inutilement mon énergie en passant trop de temps chaque jour pour accéder au glacier. Mon énergie doit être mise sur mon genou et sur la récupération des efforts au fil des jours d’entraînement. A Sölden, on accède en voiture directement au glacier, ce qui nous fera gagner un temps précieux.

Pour la date, cela dépendra de la météo, mais cela devrait se faire entre fin août et début septembre. Si tout se passe bien, on a prévu de partir pour Ushuaia le 15 septembre pour trois semaines.

En quoi consiste un retour sur les skis après une blessure aussi sérieuse que la tienne ?

Cela sera du ski libre pour effectuer les premières glisses. Il faut aussi déverrouiller certains facteurs psychologiques. Après une blessure, il y a plein de choses que l’on ne peut plus faire, qu’on doit réapprendre. Il faut les refaire une fois pour se rendre compte qu’on en est capable. Ce qui ensuite déverrouille des portes.

Mon retour sur les skis se fera de cette manière : d’abord du ski libre, puis progressivement plus d’intensité. Une fois que je me sentirais bien, nous aborderons les tracés.

Y a-t-il des changements prévus dans ton équipe pour la prochaine saison ?

Oui, il y en a deux. Le premier concerne mes techniciens. La saison prochaine, je n’aurai plus qu’un technicien au lieu de deux comme l’hiver dernier. Avec ma blessure et mon calendrier de retour qui était incertain, il a fallu faire des choix.

Chris Krause ayant décidé de prendre du recul, j’ai choisi, en accord avec Head et mes techniciens, de disputer la saison prochaine avec un seul technicien, Michael Gmeiner.

Il connait bien les disciplines de vitesse, ayant travaillé avec Julia Mancuso et d’autres descendeurs. Chez Head, il a acquis beaucoup d’expérience au département chaussures, ce qui est très utile pour effectuer des modifications rapides sur les lieux de course. Ces deux dernières années, Michael a beaucoup appris au contact de Chris, l’un des meilleurs techniciens vitesse sur le circuit Coupe du monde.

Le deuxième changement concerne mon kiné. Nos vies d’athlètes ne sont pas faciles pour l’encadrement qui est confronté à un calendrier très exigeant. Cela demande beaucoup de sacrifices.

La saison prochaine, je m’appuierai sur un pôle de kiné plutôt que sur un seul kiné. Andreas Mitterfellner continuera de me suivre mais uniquement sur mes courses en géant. Pour la vitesse, ce sera un pool de kinés de mon partenaire Red Bull qui m’accompagnera.

Tu étais présent à Paris lors du week-end d’ouverture des Jeux Olympiques d’été 2024. Quelles ont été tes impressions ?

J’ai assisté à la cérémonie d’ouverture ainsi qu’à la 1/2 finale et la finale du Rugby à 7. J’ai vécu de superbes moments.

Quand je vois la ferveur qui existe autour de ces Jeux Olympiques, avec les stades qui sont pleins, quand je vois aussi et surtout que cela ne se déroule pas uniquement dans des endroits fermés et cloisonnés mais aussi dans des espaces ouverts et que les organisateurs ont magnifiquement mis en valeur Paris, je trouve cela formidable et novateur.

Je ne peux que les féliciter pour tout ce que j’ai vu jusqu’à aujourd’hui.

Photo copyright CNOSF/KMSP

Tu as remporté 3 médailles olympiques à ce jour. Quand tu penses à ceux de Milan Cortina en 2026, quel est ton rêve ?

Mon rêve, c’est de gagner. C’est beau de rêver, mais il y a encore un long chemin à parcourir. A l’heure où on se parle, je suis bien conscient qu’il y a un grand gap pour que ce rêve devienne réalité !

Alpes françaises 2030 : quel rôle aimerais-tu jouer pour contribuer à l’organisation de ces Jeux Olympiques et Paralympiques d’hiver ?

2030, c’est encore loin. J’aimerais bien aider à l’organisation de ces Jeux. Je serais en effet au cœur de ces JOP d’hiver, comme habitant et enfant de la montagne.

Je pourrais contribuer en aidant le comité d’organisation comme consultant par exemple, en apportant ma pierre à l’édifice grâce à l’expérience que j’ai acquise toutes ces dernières années.

Par contre, travailler à plein temps au comité d’organisation des Jeux Olympiques, j’y mets un un bémol.