Après une grave blessure et de longs mois de rééducation, Aleksander Aamodt Kilde s’apprête à retrouver la neige, la vitesse et l’adrénaline. A l’occasion d’une interview le week-end dernier à Sölden, le champion norvégien s’est confié avec sincérité sur sa reconstruction, sa motivation retrouvée et le plaisir simple d’être de retour sur la neige.
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Après une longue période de préparation et de rééducation, le moment de retourner sur la neige en tant que coureur approche enfin. Être simplement au départ au Colorado début décembre sera déjà une sorte de victoire pour vous ?
Oui, c’est très agréable d’être ici à Sölden, de ressentir à nouveau l’ambiance, de retrouver la motivation. La saison commence à Sölden, mais pour moi, il faudra encore un peu de temps avant d’envisager vraiment le retour. Cela dit, je suis très heureux d’être là où j’en suis aujourd’hui.
J’ai le sentiment que tout avance dans la bonne direction, étape par étape. On affronte les défis, on les surmonte, et au bout du compte, j’espère pouvoir faire quelque chose de bien.
J’imagine que vous avez rêvé d’être à nouveau au départ, de vous dire « allez, c’est parti » ?
Oui, c’est vraiment quelque chose de très fort, rien que d’imaginer redescendre une piste de descente. Si j’y parviens, ce sera déjà une immense réussite pour moi, et je suis vraiment super motivé. C’est un peu comme une deuxième carrière qui commence, d’une certaine manière.

Vous devez revenir, vous battre, vous requalifier, viser les Jeux olympiques, etc. Comment abordez-vous cela ? Vous sentez-vous plus jeune ?
Un peu, oui. Repartir d’une page blanche, ce n’est pas toujours une mauvaise chose.
Je sens que la motivation que j’ai aujourd’hui, c’est quelque chose qui m’avait un peu manqué ces trois ou quatre dernières années.
J’apprécie à nouveau les petites choses de cette vie : être au sommet de la montagne le matin, me battre pour de petits objectifs, être présent pour les coéquipiers et l’équipe. Honnêtement, c’est à ça que je pense le plus. Tout le reste est un peu en arrière-plan pour le moment.
Vous aurez les premières courses, puis les grands classiques de janvier, ensuite les Jeux olympiques à Bormio. Et enfin, les finales en Norvège…
Oui, il faudra aussi se qualifier pour les finales à Kvitfjell. Et c’est un grand objectif. Kvitfjell, Hafjell… si j’ai la chance d’y être, alors la saison aura déjà dépassé toutes mes attentes, et je pourrais vraiment être heureux.
Courir à domicile, c’est toujours très spécial, surtout entouré de la famille, des amis, et Mikaela sera là aussi. Alors je croise les doigts pour que cela devienne réalité.

Quand il a arrêté la compétition, Girardelli m’a dit qu’il rêverait toujours d’avoir une piste pour lui seul, pour aller aussi vite qu’il veut. Et vous ?
C’est exactement ce que je ressens aujourd’hui. Cela fait bien trop longtemps depuis la dernière fois. Bien sûr, il y a toujours un risque, mais il sera toujours moindre que la passion et l’amour que j’ai pour ce sport. Je suis très enthousiaste.
Qu’avez-vous pensé du film-documentaire « Downhill skiers » ?
Très intense. Franchement, très intense, mais aussi très bon. Il montre ce que nous sommes vraiment, nous les skieurs des sortes de gladiateurs, en quelque sorte. Et c’est ce que j’aime dans ce film. Il montre la réalité, pas seulement la partie visible de l’iceberg, mais aussi les histoires qu’il y a derrière. Et ça, c’est quelque chose que nous devons montrer de plus en plus au monde.
Interview réalisée à Sölden par Patrick Lang.












