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Matthieu Bailet : « J’ai le feu vert pour rechausser les skis »

Au lendemain de Noël 2022, Matthieu Bailet a signé le plus gros crash de sa carrière en chutant et venant percuter de plein fouet le filet de protection au cours du premier entraînement de descente sur la Stelvio à Bormio.

Depuis la semaine dernière, il a reçu le feu vert pour remonter sur les skis à l’issue d’une phase post-opératoire de 6 mois où le skieur niçois a alterné les hauts et les bas, avec une motivation intacte pour revenir encore plus fort au haut niveau.

Entretien avec Matthieu Bailet qui nous parle du long chemin vers son retour dans un portillon de départ de Coupe du monde…

Photo copyright Instagram @Matthieu_Bailet

Retour sur la blessure de Matthieu : le 26 décembre 2022 au cours du premier entraînement de descente à Bormio en Italie, Matthieu Bailet a fait une lourde chute. Evacué en hélicoptère vers l’hôpital, il a été victime d’une commotion cérébrale et d’une rupture du ligament croisé antérieur du genou gauche.

Le skieur niçois a dû mettre un terme à sa saison et a été privé de Championnats du monde de CourchevelMéribel 2023.

Avant sa chute à Bormio, Matthieu Bailet avait réussi une beau début de saison avec notamment une 5e place au Super-G de Lake Louise au Canada – Photo copyright Agence Zoom/Christophe Pallot

Quels ont été tes premiers sentiments quand tu as repris tes esprits après ta chute ?

Ma première pensée a été une incompréhension totale. Je sortais d’un début de saison juste génial. Et je me suis réveillé sur le brancard à l’hôpital, laminaire et avec ma jambe gauche complètement bloquée sur le côté. Je ne me rappelle absolument rien. Je ne me souviens pas avoir chaussé mes skis et avoir pris le départ de cet entraînement…

Ce qui a été le plus choquant, c’est quand on m’a posé quelques questions, notamment lorsqu’on m’a demandé où je me trouvais… J’ai mis une bonne dizaine de secondes à recoller les bouts pour me rappeler que j’étais juste après Noël sur le premier entraînement de Coupe du monde à Bormio. Ce petit black-out a été effrayant.

Je me suis dit qu’il y avait un sacré truc qui avait dû m’arriver !

Quelles sont les grandes étapes que tu as déjà franchi dans ta préparation pour la prochaine saison ?

Après ma chute, mon genou était très gonflé mais je ne ressentais aucune instabilité. Les examens n’étaient pas clairs : la rupture partielle du ligament était certaine mais pas sûr qu’elle soit totale.

Après avoir discuté avec le chirurgien et le corps médical de la Fédération, on m’a fait clairement comprendre qu’il y avait beaucoup de risques à poursuivre ma saison et que cela aurait été une grosse bêtise de le faire. Ce n’est qu’une semaine plus tard qu’on a constaté qu’il y avait effectivement une rupture à mon ligament croisé antérieur au genou gauche.

Il fallait donc que je passe par la case opération…

Moralement, cela a été un très gros coup en raison des Championnats du monde de Courchevel Méribel 2023. Des Mondiaux dans son pays, cela n’arrive qu’une fois dans une carrière et j’allais les rater ! J’ai eu beaucoup de mal à le digérer…

J’ai donc été opéré du genou le 16 janvier à Lyon par le Docteur Fayard et son équipe. Au niveau de la commotion, j’ai eu un protocole dans les 2/3 premières semaines. J’ai ensuite effectué la phase post-opératoire à Hauteville (Ain) pendant une dizaine de jours. J’étais vraiment handicapé sans pouvoir poser le pied par terre. Réapprendre à marcher, alors que c’est la chose la plus naturelle au monde, a été le plus dur et restera une énorme expérience. 

Ma phase de rééducation s’est déroulée à Strasbourg jusqu’à mi-avril. Il a fallu trouver le juste milieu dans le travail car il ne s’agit pas d’un entraînement mais d’un retour de blessure. Il y a eu beaucoup de management avec le kiné et pas mal de douleurs.

Matthieu Bailet a suivi une phase de rééducation suite à sa blessure au genou gauche – Photo copyright Instagram @Matthieu_Bailet

J’ai ensuite pris 20 jours de vacances. Je suis parti avec mon sac à dos en voyage au Mexique pour m’éloigner de tout et me couper du ski. J’aime le faire chaque année, j’en ai besoin.

Dès le lendemain de mon retour, j’ai intégré la cellule réathlétisation de la Fédération à Albertville. Je termine actuellement cette phase. Cela a été compliqué ! C’est ma première grosse blessure au genou, je m’en souviendrais.

Séquence de préparation physique pour Matthieu Bailet sur son vélo – Photo copyright Instagram @Matthieu_Bailet

Est-ce que tout se déroule aujourd’hui comme tu le souhaites ?

Je suis très content. Il y a eu des hauts et des bas mais je n’ai pas rencontré de grosses difficultés. J’ai su m’entourer des bonnes personnes et mettre en place un fonctionnement qui me convenait. C’est plutôt positif d’autant que le rendez-vous avec le chirurgien qui a eu lieu la semaine dernière s’est très bien déroulé.

Les tests à 6 mois ont été validés. J’ai reçu le feu vert pour rechausser les skis !  Cela dit, il reste encore du travail car tout n’est pas encore parfait.

Quelles seront les prochaines étapes de ta préparation ?

J’ai repris le ski très tranquillement et très progressivement depuis hier à Cervinia en Italie.

Après cette reprise de 4 à 8 jours de ski, je prendrais un peu de repos et ferais aussi un peu de physique pour être parfaitement en forme pour le stage en hémisphère Sud. Si tout va bien, j’accompagnerais le Groupe Coupe du monde de vitesse de mi-août à mi-septembre à La Parva au Chili.

Enfin, au retour à l’automne, j’enchaînerais entraînement sur la neige et physique jusqu’au début de la saison de Coupe du monde.

 

Matthieu Bailet a rechaussé les skis en ce début de semaine à Cervinia en Italie – Photo copyright Instagram @Matthieu_Bailet

Ton prochain portillon de départ en Coupe du monde ?

On est mi-juillet et la route est encore longue. Même si aujourd’hui mon genou se porte bien, je n’ai pas encore passé un seul jour sur les skis ! J’essaie de rester très calme et serein. J’espère que tout va bien se passer et l’important c’est de rester humble vis-à-vis de ma blessure.

De mon côté, je fais tout pour pouvoir être au départ de l’ouverture de la saison de vitesse à Zermatt/Cervinia début novembre.

Sur ce chemin, il pourra y avoir des bonnes ou des mauvaises surprises, mais les deux descentes de Zermatt/Cervinia sont ma cible.

Si tu devais résumer ta motivation aujourd’hui en quelques mots…

Ma motivation est intacte et ce malgré mon accident qui est à ce jour le plus gros de ma carrière.

C’est une étape que j’espère pouvoir utiliser pour me rendre encore plus fort. J’ai eu du temps pour échanger, réfléchir et apprendre encore plus sur mon corps.

La plus belle de mes victoires, ce serait que dans mes interviews de fin de saison, je parle positivement de ce qui m’est arrivé après avoir réalisé plein de beaux résultats pendant l’hiver.