Auteure du seul podium de l’équipe canadienne en Coupe du monde cette saison, Marie-Michèle Gagnon revient pour TopSkiNews sur sa saison qui l’a vu faire une très belle progression dans les deux disciplines de vitesse que sont la descente et le Super-G.
Copyright photo Marie-Michèle Gagnon
Que retiens-tu globalement de ta saison en descente ?
En descente, j’ai réussi de très belles manches d’entraînement avec de bons chronos. J’étais presque toujours dans le Top 5 ou le Top 10. J’ai eu aussi deux sorties de piste à St Anton et Crans Montana, et j’ai fait quelques erreurs qui m’ont coûté. Cela a joué sur mon classement actuel.
En début de saison, j’étais 30e mondial en descente et je suis maintenant 16e. C’est une très belle progression et je suis vraiment contente.
Et en super-G ?
Mon podium à Garmisch a été super et génial. Je progressais tranquillement dans cette discipline et je ne m’attendais pas de passer de la 13e place au Super-G de Crans Montana à la 3e à celui de Garmisch ! Cela m’a montré qu’il n’y a pas beaucoup de différence entre mes niveaux d’engagement en course.
Comment expliques-tu ta progression dans les disciplines de la vitesse ?
Il y a plusieurs facteurs qui l’explique. D’abord, c’est la 3 ou 4e année consécutive où je progresse. Passer des disciplines techniques vers celles de la vitesse, cela demande du temps pour apprendre à bien tester son matériel et avoir de l’expérience sur des skis de vitesse. Et comme je me suis blessée la première année, cela a ralenti encore ma progression.
Ensuite, mon changement d’entraîneur a été pour moi très bénéfique. Je communique bien avec Hans-Joerg Plankensteiner. Dès la première semaine, j’ai fait de très gros progrès. J’étais en pleine confiance avec lui.
Enfin, j’ai changé mes skis. Dans une carrière, c’est bon de changer d’équipementier pour avoir quelque chose de nouveau. Les skis Head correspondaient bien à mon style sur la neige pour me permettre de mieux pousser sur mes skis en vitesse. Pour moi, cela a été le bon timing pour changer.
Cette saison, les changements ont été hyper positifs pour moi. J’ai réalisé une très belle progression en vitesse.
Tu as couru un seul géant cette saison à Sölden : pour quelle raison ?
J’avais décidé de ne pas courir cette saison le circuit de géant. Pendant la pré-saison, je me suis beaucoup entraînée en géant et j’ai vraiment bien skié.
Comme j’étais en Europe et comme Sölden est très tôt dans la saison, je ne perdais rien à essayer. Malheureusement, cela ne s’est pas très bien passé pour moi [Mitch n’a pas réussi à se qualifier pour la 2e manche].
Après Sölden, je me suis rendu compte que cela ne valait pas la peine de courir des géants dans la saison. J’ai ensuite fait une excellente saison en vitesse et je n’ai aucun regret.
Quelques mots sur les championnats du monde à Cortina ?
Pour moi, les mondiaux, c’était très bien. On peut toujours faire mieux car aux championnats du monde, on ne se souvient que des médailles.
Je fais une très belle performance en Super-G avec une 6e place. En descente, j’ai commis une erreur après le Tofana Schuss où j’ai failli chuter. Je me suis reprise et je termine 13e. C’est dommage parce que je crois que j’aurais été une bonne candidate sur cette piste-là !
Sur le combiné alpin, le slalom était trop glacé et j’ai fait DNF. Je n’avais pas assez d’entraînement et le « set-up » pour une piste aussi glacée. Cela n’était pas vraiment équitable pour celles qui ne s’entrainent pas beaucoup dans cette discipline !
Quel a été le meilleur moment de ta saison ?
Mon podium au Super-G de Garmisch. Je n’avais pas fait de podiums depuis 5 ans. Cela a été un long moment mais ma blessure a retardé ma progression.
Cela a été une belle surprise car je ne l’attendais pas vraiment. Cela a été le cas de tous les podiums que j’ai pu faire depuis le début de ma carrière. Quand je suis en course, je fais de mon mieux pour bien skier et je ne pense pas au résultat.
On a pu célébrer cette 3e place et ce podium avec mon technicien et mon coach, mon coach en chef.
C’était vraiment cool de faire cela. C’était un beau moment.
Et le moment le plus difficile ?
Dans cette saison, j’ai fait trois courses d’affilée où je suis sortie : les deux à St Anton et celle de Crans Montana. Il y a eu alors un petit doute sur le fait que je pouvais rivaliser avec les meilleures au monde. J’ai ensuite un peu baissé mon intensité en course dans la 2e descente de Crans Montana et je me suis rendu compte que j’étais capable de faire presque un Top 10.
Cela m’a redonné de la confiance et la semaine qui a suivi Crans Montana, j’ai réussi mon podium à Garmisch !
Est-ce que les contraintes liées à la crise sanitaire qui t’ont éloigné très longtemps de ta famille au Canada ont pesé sur ta performance ?
Cela m’a moins affecté que mes coéquipières de notre équipe canadienne. Depuis juillet 2020 et jusqu’à la fin des Finales de Coupe du monde, je n’ai passé que 3 semaines à la maison ! J’ai eu la chance de voir régulièrement mon copain Travis car notre camp de base en Europe était situé dans le Nord de l’Italie. [Travis Ganong fait partit de l’équipe Coupe du monde de vitesse américaine].
Je me trouve très chanceuse d’avoir pu faire cela et d’avoir des amis en Europe avec lesquels j’ai pu me ressourcer dans les périodes de repos. Lorsque je suis en Europe, c’est moins un choc culturel que lorsque j’étais plus jeune.
Les autres saisons, comme je courais dans plus de disciplines, je me déplaçais beaucoup plus. Cette saison, mon calendrier était beaucoup moins chargé. La fatigue a été plus mentale que physique. Après les annulations en vitesse aux finales, j’avais vraiment hâte de retourner à la maison.
Mes bonnes performances m’ont aidé aussi dans cette période particulière de crise sanitaire. C’est plus difficile à gérer quand les résultats sont moins bons.
Qu’as-tu encore appris cette saison qui te seras utile dans l’avenir ?
Cette année, j’ai appris que les tests de ski pour une skieuse de vitesse, c’est hyper important. Il faut pouvoir le faire plusieurs fois sur la durée de la saison. Dès l’été dernier à Zermatt, on a engagé quelqu’un qui « roulait » mes paires de ski en même temps que je m’entraînais. Cela a été vraiment important pour moi et cela a fait une grosse différence.
Tester de façon professionnelle les skis et mettre l’effort là-dessus, c’est ce que j’ai le plus appris cette saison.
Quelle est la skieuse qui t’a la plus surprise cette saison ?
En début de saison, Michelle Gisin a été incroyable dans toutes les disciplines. Cela a été cool de la voir gagner en géant, en slalom et qu’elle soit régulièrement sur les podiums.
La norvégienne Kajsa Vickhoff Lie a également beaucoup de potentiels et semblait très forte. Mais hélas, elle s’est blessée gravement à Val di Fassa.
Comment vas-tu occuper vos journées dans les prochaines semaines ?
Dès que je suis rentrée des Finales de Lenzerheide, j’ai pris des vacances en Californie avec Travis. Le repos est donc déjà un peu derrière moi. Je retourne sur les skis dès cette semaine. Je vais faire un camp de printemps pendant 12 jours avec les américaines à Mammoth Mountain en Californie.
C’est une station qui est située en altitude. On va s’entraîner en vitesse et aussi un peu en Géant. Il devrait faire froid en matinée et les conditions devraient être super bonnes pour s’entraîner.
Saison 2020/2021 – Classement Marie-Michèle Gagnon
16e mondial en descente
11e mondial en Super G
Championnats du monde de Cortina
13e en Descente
6e en Super-G
DNF en Combiné alpin