La double championne du monde de Géant Tessa Worley s’élancera ce week-end en Suisse sur deux courses de Super-G. Depuis St Moritz, Tessa partage avec nous les principales différences entre ces deux disciplines de Coupe du monde qu’elle apprécie particulièrement.
Photo copyright Tessa Worley
Bonjour Tessa. Est-ce que le Super-G, discipline de vitesse, nécessite une préparation et des entraînements spécifiques par rapport au Géant ?
Précisons tout d’abord que le point commun technique, c’est à dire la base du Géant, est très important pour le Super-G. Ce qui est très différent, c’est l’appréhension de la vitesse. C’est important de s’habituer à skier vite, à avoir de l’engagement dans des courbes à grande vitesse.
Il faut donc faire du Super-G régulièrement ce qui n’est pas forcément évident. Un entraînement en vitesse nécessite un bon environnement pour la piste, de bonnes conditions et de la sécurité.
Donc on s’entraîne moins souvent qu’en Géant. Et quand je fais du Super-G, c’est dans l’optique de travailler sur mon engagement dans la vitesse et pour garder les fondamentaux techniques que j’ai en Géant.
Au niveau de votre matériel, quelles sont les spécificités par rapport au Géant ?
Les skis de Super-G sont plus longs que ceux utilisés en Géant. Ils mesurent entre 2m10 et 2m12. Autre différence importante : le rayon de courbe des skis pour le Géant est de 30 mètres alors qu’en Super-G, il est plutôt de 40 mètres.
Les skis de Super-G tournent moins facilement, sont plus difficiles à mettre en courbe. Mais ils ont une meilleure accélération et sont mieux adaptés à la vitesse que ceux que nous utilisons en Géant.
On peut également avoir des chaussures différentes parce qu’il y a moins d’agressivité dans une courbe de Super-G. Des chaussures qui permettent des appuis plus doux, moins agressifs.
Coté bâtons, ils sont très coudés et épousent la forme du corps pour être le plus aérodynamique possible et avoir la meilleure position de recherche de vitesse. Une position qui est plus souvent utilisée qu’en Géant !
Il y a aussi une différence sur les protections que nous portons sur le corps. En Géant, je porte une dorsale toute simple alors qu’en Super-G j’ai une dorsale qui intègre un airbag pour me protéger contre les traumatismes en cas de chute.
Le Super-G se dispute en une seule manche par rapport aux deux manches du Géant. Donc concentration maximale pendant la reco ?
La reconnaissance de la piste se fait avec la même concentration sur les deux disciplines.
Un Super-G est plus long et comme il y a plus d’espacement entre les courbes, il peut y avoir plus souvent des portes en aveugle. Il faut donc prendre plus de temps, plus de repères sur la reco d’un Super-G que sur celle d’un Géant.
On a d’ailleurs plus de temps en vitesse pour effectuer cette reco : 1 heure à comparer aux 30 à 45 minutes pour le Géant. Et ce n’est pas trop !
Ce que je trouve intéressant en Super-G, c’est qu’il se coure en une manche et qu’il n’y a pas d’entraînement avant la course comme en descente. Il faut donc avoir une bonne visualisation du tracé et de la vitesse. Il faut aussi laisser parler son instinct et avoir une bonne réaction si on commet des erreurs.
Quelques chiffres pour caractériser une piste de Super-G…
La durée moyenne d’une course de Super-G est d’environ 1mn30s alors que celle d’une manche de Géant se situe autour d’1mn10s.
Les portes de Super-G sont espacées de 50 m environ alors qu’en Géant on est plutôt à 26-27m selon les tracés.
Quant à la vitesse, on peut atteindre 100 à 110 km/h sur un tracé de Super-G.
« Pour préparer St Moritz, on a pu réaliser des entraînements de bonne qualité en Italie à Cervinia. Cette station est intéressante pour la vitesse avec des courbes assez longues ce qui permet de faire des enchaînements complets ».
Tessa Worley
Quelles sont les pistes de Super-G que vous appréciez particulièrement sur le circuit ?
Il y en a trois qui me viennent en tête. Tout d’abord, Lake Louise car c’est sur cette piste que j’ai signé ma meilleure performance en Super-G. Bien que sur le papier, elle ne me corresponde pas vraiment avec une zone de plat pas évidente à négocier, j’aime bien cette piste car on prend de la vitesse, il y a des passages pentus avec pas mal d’engagement.
Ensuite St Moritz car c’est un vrai Super-G avec des mouvements de terrain et de la vitesse.
Et enfin Cortina où je prends du plaisir sur la piste.
Pourquoi être au départ du Super-G de St Moritz à une semaine de l’important rendez-vous de Courchevel et de ses deux Géants ?
Le Super-G est certes ma seconde discipline mais cela a toujours été un objectif important pour moi. Parce que j’y prends du plaisir et que je crois que j’ai matière à y progresser. Je n’ai pas encore réussi à utiliser tout mon potentiel dans cette discipline.
Ces deux dernières années, je n’ai pas pu faire une programmation Super-G telle que je la souhaitais. Pour cette saison, j’ai à cœur de faire une vraie saison de Super-G, d’être à fond dans cette discipline.
C’est important pour moi de faire du Super-G et du Géant. Je suis préparé physiquement pour cela. Les deux disciplines sont complémentaires et c’est donc plutôt un atout qu’un désavantage.
Je suis très contente d’être à St Moritz et que les compétitions commencent à s’enchaîner cet hiver pour que la saison démarre vraiment.