Nils Allègre a bouclé le 8 mars un peu plus tôt que prévu à Kvitfjell sa seconde saison en coupe du monde de vitesse. Depuis Serre Chevalier, Nils nous livre ses commentaires sur cette nouvelle belle saison qui lui a permis de poursuivre sa progression dans la hiérarchie mondiale du ski alpin.
Que doit-on retenir de ta saison de vitesse en Coupe du monde ?
C’est ma deuxième saison complète en Coupe du monde et c’est la meilleure. Depuis l’an dernier, j’ai progressé petit à petit et cette année j’ai poursuivi sur la même courbe, avec une continuité dans ma progression.
En début de saison, j’ai toujours réussi à marquer des points, à la fois en Super-G et en descente. C’était mon objectif et à la fin de la séquence nord-américaine, c’est ce que j’ai réussi à faire.
Tout au long de cette saison, j’ai été régulier dans mes performances.
Grâce aux résultats que tu as obtenus, tu aurais pu participer aux Finales…
Sportivement, ne pas aller aux finales a été une grosse déception. A partir du milieu de saison, c’était mon objectif d’y aller dans deux disciplines.
Cortina, c’est un lieu que j’aime bien, j’avais envie de découvrir cette piste. C’est comme si j’avais réussi quelque chose de bien et qu’au final, je ne suis pas récompensé ! Je n’ai jamais participé à des Finales, cela aurait été une première.
Mais au vu de la situation sanitaire, c’était clairement impossible pour l’organisation de faire autrement que d’annuler.
Quel a été le meilleur moment de ta saison ?
C’était le weekend de Kitzbühel car mes parents étaient présents. C’était la première fois qu’ils venaient me voir skier en Coupe du monde. Même si je n’ai pas réalisé ma meilleure performance (14e en Super-G et 21e en descente), c’était super pour eux de découvrir Kitzbühel et cela m’a fait vraiment plaisir qu’ils viennent.
Cette année, il y avait un énorme public avec un gros engouement pour notre sport. Les conditions étaient bonnes, on pouvait vraiment s’exprimer même si c’était très difficile. Mes parents étaient émus et contents de me voir en bas. Cela reste un superbe souvenir.
Et ta plus grosse déception ?
Globalement, je n’ai pas connu d’énormes contre-performances donc pas de gros moments de déception. Ma seule véritable déception, c’est la dernière descente de la saison à Kvitfjell en Norvège. J’ai réussi à faire des superbes entraînements et mon objectif pour la course c’était de skier comme à l’entraînement… mais je n’y suis pas arrivé !
Qu’est-ce que tu as appris tout au long de cette saison qui te sera utile dans l’avenir ?
Une saison parait longue vue de l’extérieur mais quand on est dedans, tout s’enchaîne très vite. Cela donne l’impression qu’il y a deux temps, avec la séquence nord-américaine d’abord, puis ensuite la partie européenne. On dirait un deuxième début de saison quand on commence les classiques de janvier.
Le principal enseignement pour moi cette saison, c’est que quoiqu’il arrive il faut rester hyper calme et ne pas s’affoler. Il nous arrive d’avoir des conditions pas favorables au moment où on s’élance, de faire des erreurs qui nous pénalisent, mais un jour ou l’autre, quand le ski est là, même si cela ne se passe pas toujours comme prévu, il faut croire que cela va évoluer positivement.
Quel est le skieur qui t’a le plus surpris cette saison ?
Il y en a deux. Aleksander Aamodt Kilde bien sûr, mais pas sur la vitesse car on savait qu’il était très fort, mais en Géant et aussi avec ses manches de slalom notamment en combiné. On ne l’attendait pas sur ces deux disciplines !
Et Armand Marchant parce qu’il revient de nulle part après sa sévère blessure. C’est énorme ce qu’il a fait en slalom avec son Top 20 à Val d’Isère suivi d’un Top 5 à Zagreb. Même s’il n’a pas toujours été régulier, il a réussi des coups énormes et il m’a bluffé.
Comme tout le monde, tu es confiné actuellement. Que fais-tu fais de tes journées ?
Je suis actuellement à Serre Chevalier chez mes parents. En fin de saison, cette coupure est très utile et moi j’en ai particulièrement besoin.
J’ai fait le choix de ne pas m’entretenir physiquement. Bricoler à la maison avec peu de matériel pour s’entraîner, ne m’aurait pas permis de faire ce break au niveau mental.
Comme le confinement va durer, j’ai fait le choix de stopper le physique au début et de reprendre plus tôt que d’habitude l’entraînement de manière plus qualitative.
Je termine actuellement ma licence de Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives à la Fac de Grenoble. Je me concentre donc sur le travail à fournir, avec plusieurs dossiers à rendre. Il y aura ensuite des examens à passer pour lesquels on essaye de trouver des solutions : l’anglais se fera par visioconférence, pour les autres matières on verra !
Pour le reste, je fais comme tout le monde avec beaucoup d’activités à la maison qu’on n’a pas le temps de faire habituellement. Et aussi du travail manuel car je pratique la pêche à la mouche donc je prépare mes lignes pour être prêt le moment venu !
Quelle est la première chose que tu feras quand tu sortiras du confinement ?
Tout dépendra de quelle manière le déconfinement sera organisé. Quand on pourra sortir, je vais me remettre au sport, passer mes examens à la Fac si c’est possible, et j’irais pécher.
Est-ce que la motivation pour la prochaine saison est déjà là ?
J’ai vraiment besoin de couper sinon j’arriverais pas à me mettre dans le rouge au moment où il le faudra. Même si cette envie de se projeter déjà vers la saison prochaine peut être présente dans cette période de confinement, il faut encore résister.
C’est intéressant d’attendre un peu, de profiter de ce temps libre pour mieux repartir le moment venu.