Pour ses 70 ans, le Critérium de la Première Neige s’apprête à écrire un nouveau chapitre. Deux week-ends, un parfum d’histoire, et la montagne comme scène éternelle d’un rituel qui traverse les générations.
Photo copyright Yann Allegre
Il suffit de lever les yeux vers la Face de Bellevarde pour comprendre : ici, rien n’est comme ailleurs. La montagne domine le village, vaste mur où les hivers ont laissé leurs traces, où les champions ont gravé leurs courbes.
Cette année, elle s’apprête à accueillir une édition qui ne ressemble à aucune autre.
Le Critérium fête ses 70 ans, le Club des Sports ses 90 printemps, et la mémoire d’Henri Oreiller, disparu trop tôt, souffle silencieusement ses 100 ans au-dessus de Val d’Isère. Trois anniversaires qui se répondent comme des sillons parallèles dans une neige fraîche.
« Le Critérium fait partie de l’histoire de Val d’Isère. On voulait que cette édition raconte d’où l’on vient », confie Ingrid Jacquemod, aujourd’hui directrice de l’épreuve et autrefois l’une de ses héroïnes.
La montagne en double résonance : technique et vitesse, hommes et femmes
Ce 70e anniversaire retrouve sa dimension la plus complète : deux week-ends, quatre courses, deux atmosphères.
Le village vibrera au rythme du géant et du slalom sur la Face de Bellevarde, et de la descente et du Super-G sur la piste OK (Oreiller Killy).
Les femmes reviennent, offrant à l’événement son harmonie pleine et entière.
Les pré-inscriptions ont afflué, plus nombreuses que d’habitude. Les Jeux olympiques approchent et les équipes élargissent leurs effectifs, attirées par l’aura d’un Critérium qui, chaque hiver, ouvre les portes de la grande saison.
Les cinq légendes : le panthéon du Critérium
Pour cette édition anniversaire, cinq figures incarnent l’âme du Critérium et l’histoire du Club des Sports.
Ces champions sont les visages d’une mémoire qui continue d’inspirer les nouvelles générations.
Henri Oreiller
Premier héros de Val d’Isère, il a offert au ski français sa première lumière olympique.
Sa fougue continue d’habiter la montagne, comme une trace fondatrice que rien n’efface. Il aurait eu 100 ans en ce mois de décembre 2025.
Marielle Goitschel
Elle a brillé aux Jeux d’Innsbruck et de Grenoble, mêlant l’argent et l’or avec une grâce souveraine.
En quittant la scène olympique au sommet, juste après l’or de 1968, elle a refermé sa carrière comme un geste parfait.
Christine Goitschel
En 1964, elle a illuminé Innsbruck par son doublé d’or et d’argent, symbole d’une maîtrise exceptionnelle.
Avec sa sœur Marielle, elle forma un duo légendaire qui a façonné le ski féminin français.
Jean-Claude Killy
À Grenoble en 1968, son triplé olympique est entré dans la légende pour toujours.
Ambassadeur éternel de Val d’Isère, il incarne l’alliance unique entre la montagne, la vitesse et le génie.
Clément Noël
Champion olympique en 2022, il a redonné au slalom français l’éclat de ses plus grandes heures.
Sa victoire sur la Face en 2021 l’a fait entrer à son tour dans le cercle des légendes de Val d’Isère.
Bellevarde, la montagne qui juge
Pour décrire la Face, mieux vaut écouter ceux qui l’ont pratiquée en course.
Victor Muffat-Jeandet en parle comme d’un poème vertical :
« La Face, c’est la plus dure, la plus raide. Une piste qui vibre, qui tape, qui demande d’être un guerrier. »
Un tunnel de départ, un virage à 90°, des vibrations qui résonnent dans les jambes, et le public qui remonte vers le coureur comme une vague compacte.
Bellevarde n’offre jamais rien, mais elle récompense ceux qui osent s’y abandonner.
Innovation : moderniser sans trahir l’esprit de la Face
Préparer Bellevarde est un art, un savoir-faire qui se transmet et s’adapte.
Cette année, les pisteurs de Val d’Isère ont testé une nouvelle machine d’injection moderne développé en Italie par Prinoth, déjà éprouvé à Crans-Montana et La Thuile, afin d’obtenir une neige plus homogène et de sécuriser le travail des pisteurs.
Un progrès technique qui s’intègre avec respect, sans jamais trahir l’exigence originelle de cette piste mythique.
Deux soirées pour célébrer le passé et nourrir l’avenir
La fête se vivra aussi en dehors des portes.
D’abord avec une soirée caritative, destinée à soutenir les jeunes du Club des Sports, symbole de la transmission chère à la station.
Puis avec la grande soirée des 70 ans, orchestrée par Alex Pasteur et Franck Ferrand, où l’histoire, les anecdotes et les visages d’hier se mêleront dans une atmosphère chaleureuse.
Une couverture médiatique en direct et en clair, reflet de l’importance de l’événement
Cette édition anniversaire bénéficiera également d’une très belle visibilité.
La chaîne L’Équipe diffusera en clair et en direct l’intégralité du premier week-end de compétition, offrant au Critérium une audience nationale et populaire, fidèle à son statut de rendez-vous majeur du début d’hiver.
Quand les premières neiges tombent, tout recommence
Quand le village blanchit et que le froid s’installe, le Critérium redevient un rituel ancré dans la mémoire collective.
Les familles montent en tribune, les fan clubs s’éveillent, et la montagne reprend son rôle de théâtre vivant. Une ferveur que l’on peut percevoir dans les regards brillants et les sourires des enfants des différents ski club qui viennent en nombre pour l’occasion.
« Notre priorité, c’est de livrer l’événement avec passion, comme toujours », résume Ingrid Jacquemod.
Et cette passion, on la sent déjà glisser sur Val d’Isère, prête à ouvrir un 70ᵉ chapitre vibrant, lumineux.
Article rédigé par Merlin Meignan, étudiant à emlyon Business School et passionné de ski alpin.
Site internet du Critérium de la Première Neige
L’entraînement de Victor Muffat-Jeandet sur la Face de Bellevarde
