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Downhill Skiers – La saison où la vitesse met les nerfs à vif

Dans cette nouvelle chronique « Piste aux écrans », Diane Doniol-Valcroze nous entraîne au cœur de Downhill Skiers – Ain’t No Mountain Steep Enough. Le documentaire de Gerald Salmina nous plonge dans la saison 2024/2025 de Coupe du monde. Un voyage sensoriel aux côtés de Marco Odermatt, Cyprien Sarrazin, Aleksander Aamodt Kilde, Dominik Paris, Vincent Kriechmayr et d’autres maîtres de la descente.
Entre vertige, courage, blessures, émotions et pure passion !

Photo copyright Sebastian Marko/Red Bull Content Pool

Passionnée par la reine des disciplines alpines, la descente, j’ai été immédiatement happée par Downhill Skiers – Ain’t No Mountain Steep Enough. Ce nouveau documentaire de Gerald Salmina, déjà auteur du spectaculaire Streif – One Hell of a Ride, nous entraîne au cœur de la saison 2024/2025 de Coupe du monde.

Il capte l’adrénaline brute des descentes et la tension des départs. Downhill Skiers dévoile aussi les coulisses des meilleurs descendeurs du monde. On y découvre leurs routines, leurs doutes, leurs peurs, ainsi que des moments d’extrême concentration.

Une saison de tous les défis

Des finales en 2024 aux Championnats du monde à Saalbach en 2025, le film suit les stars de la descente dans leur pèlerinage annuel.

De Beaver Creek à Kitzbühel, en passant par Bormio et Wengen, on traverse une année entière de glisse à grande vitesse avec eux. Une année tissée de froid, de vertige et de pure obsession. Une année qui façonne, élève, éreinte et parfois brise les champions.

Les visages de la vitesse : un casting de titans

Salmina a braqué sa caméra sur les meilleurs descendeurs du moment : Marco Odermatt, Cyprien Sarrazin, Dominik Paris, Aleksander Aamodt Kilde, Vincent Kriechmayr, Justin Murisier, Stefan Rogentin, Franjo von Allmen, Alexis Monney.

On les voit régler chaque détail de leurs équipements au millimètre, répéter inlassablement leurs lignes idéales, scruter la texture de la neige, affiner leurs stratégies avec leurs entraîneurs.
Tout, dans leur quotidien, respire la concentration absolue.

Le film esquisse aussi une forme de duel à distance entre Odermatt et Sarrazin. Ce « choc des titans » capture parfaitement l’esprit de cette saison. Il met également en valeur la personnalité charismatique de Vincent Kriechmayr, ainsi que le fascinant Dominik Paris, qui trouve refuge dans la musique Heavy Metal avec son groupe Rise of Voltage, pour chasser la tension des départs.

Dominik Paris dans la partie finale de la Streif à Kitzbühel – Photo copyright © Red Bull Content Pool/Joerg Mitter

Le film montre également la convalescence de Aleksander Aamodt Kilde après son gros crash juste avant l’arrivée du Super-G de Wengen en janvier 2024. « C’est arrivé si vite. Je n’ai jamais eu une douleur aussi forte dans mon épaule ou même dans mon corps. Et je me suis juste dit : ok, c’est là que je vais mourir. » explique le champion Norvégien.

Bormio, ou le monstre de la Stelvio

Chaque descente devient ainsi un ballet de vitesse et de tension, un combat contre soi-même et contre la montagne, où la moindre erreur peut coûter cher.

Le documentaire atteint l’un de ses sommets dramatiques lors de la chute terrible de Cyprien Sarrazin sur la piste mythique de Bormio. La Stelvio, filmée dans toute sa brutalité, apparaît comme un personnage à part entière : bosses invisibles, compressions violentes, zones d’ombres, transitions de neige brutales et redoutables. Autant d’obstacles qui rendent l’équilibre précaire.
Les athlètes le disent sans détour : « La Stelvio est un monstre. »

Salmina ouvre alors un débat rarement exprimé devant la caméra : cette descente met-elle inutilement en danger ceux qui osent s’y mesurer ? Entraineurs et athlètes s’expriment avec force.

Cyprien Sarrazin en piste sur la Stelvio à Bormio – Photo copyright Agence Zoom/Christophe Pallot

Les instants fragiles : Sarrazin face à lui-même

L’une des séquences les plus poignantes du film se déroule loin des pistes, dans une salle calme où Sarrazin en convalescence réapprend à se concentrer après son accident qui a failli lui coûter la vie. Assis à une table, il doit classer des formes colorées sur une feuille quadrillée.
« Je peux me tromper un peu ? », demande-t-il.
« Non, prends ton temps… mais sois sûr de toi », lui répond la thérapeute.
Dans ce moment suspendu, la fragilité du champion apparaît avec une intensité bouleversante. On le voit douter mais aussi refuser de renoncer avec un désir brulant de réussite.

C’est dans ces instants-là que le film dépasse la simple chronique sportive pour toucher au plus profond de l’humain.

Dans la peau d’un descendeur

Les scènes filmées en caméra embarquée sont parmi les plus immersives jamais captées sur la descente. Grâce à la complicité de l’ancien descendeur suisse Gilles Roulin, qui a servi de doublure pour Odermatt et d’autres, les images donnent littéralement l’impression de glisser dans les couloirs glacés du Lauberhorn et de la Streif.
Roulin a dévalé ces pistes mythiques avec jusqu’à six caméras fixées sur lui : le grondement de la vitesse, les vibrations qui secouent les skis, et la neige qui fouette l’objectif comme une pluie d’étincelles.

Marco Odermatt – Photo copyright © Red Bull Content Pool/Joerg Mitter

La Suisse rayonne : Odermatt et ceux qui attendent en bas

Le documentaire montre aussi l’ascendant impressionnant des Suisses sur cette saison. Marco Odermatt y tient une place centrale mais on assiste aussi aux victoires successives de Justin Murisier à Beaver Creek, Alexis Monney à Bormio et au sacre mondial de Franjo von Allmen à Saalbach.

Le très fort esprit d’équipe transparait fortement au fil de ce partage de la plus haute marche du podium.

Mais c’est l’intervention des parents d’Odermatt qui marque profondément. Sa mère, notamment, raconte son angoisse de voir son fils plonger à plus de 140 km/h dans des couloirs de glace où la moindre imprécision peut être terrible de conséquence.
« La peur est toujours là et elle ne disparaîtra pas. Mais nous restons convaincus que tout se passera bien », confie-t-elle avec une émouvante simplicité.

Une œuvre dense, parfois répétitive, mais essentielle

Le seul bémol du film tient à son ambition : en couvrant toutes les grandes courses de la saison, la narration finit parfois par se répéter, diluant légèrement l’intensité dramatique de certains moments.

Mais Downhill Skiers réussit brillamment là où c’est essentiel : rendre la descente compréhensible et plus accessible même, pour ceux qui n’y connaissent rien. Le film parle de ski, mais surtout de passion, de courage, de peur, de dépassement et d’esprit d’équipe.

Et rien que pour cela, il mérite d’être vu.

Alors vive le ski… et tout schuss !

Visionnez la bande annonce pour vous donner envie de voir Downhill Skiers

Fiche technique : Downhill Skiers

  • Réalisateur : Gerald Salmina
  • Scénario / Concept : Tom Dauer
  • Directeurs de la photographie : Simon Huber, Matthias Lüscher, Günther Göberl, Martin Hanslmayr, Roland Chytra, Markus Barounig
  • Montage : David Hofer
  • Ingénieurs sonores : Johannes Stelzl, Robert Neumeyer
  • Design sonore : Andreas Frei
  • Musique : Manfred Plessl
  • Production : Planetwatch Film & Video Productions
  • Soutien : Red Bull Media House
  • Collaborations : Swiss Ski, ÖSV, FFS, équipes nationales

Courses filmées

Beaver Creek, Bormio, Wengen, Kitzbühel, Saalbach (Finales 2024 et Mondiaux 2025).

Sorties en salle

  • Première mondiale : Zurich Film Festival, 1er octobre 2025
  • International Mountain Film Festival de Tegernsee : 19 octobre 2025
  • Sorties cinéma :
    • 22 octobre 2025 (Suisse)
    • 23 octobre 2025 (Autriche)
    • 30 octobre 2025 (Allemagne)
  • Disponible sur Red Bull TV : janvier 2026
Crédit images Red Bull Content Pool

À propos de Diane Doniol-Valcroze

Diane Doniol-Valcroze est diplômée de l’Université de New York (Master of Fine Arts in Filmmaking). Depuis 2006, elle est scénariste à Hollywood et membre de la Writers Guild of America. Elle a travaillé comme Script Doctor à la Metro Goldwyn Mayer puis à Paramount Studios, où elle injecte idées neuves et souffle narratif dans de nombreux projets de films et de séries. Sa passion du ski vient de sa famille savoyarde : son grand-père, Pierre Cot, fut député de la Savoie de 1928 à 1951. Entre cinéma et montagnes, Diane porte le ski dans ses gènes, avec une passion intacte pour les histoires où le destin se joue sur une ligne de pente.