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Klammer – Chasing the line

Dans cette sixième chronique « Piste aux écrans » de l’hiver, Diane Doniol-Valcroze nous plonge dans Klammer, Chasing the Line, le film d’Andreas Schmied, qui retrace la trajectoire victorieuse de Franz Klammer lors de la descente olympique d’Innsbruck en 1976.

Photo copyright epo_Samsara – Christoph Thanhoffer

Le 5 février 1976, toute l’Autriche est suspendue à son écran de télévision. À seulement 22 ans, Franz Klammer, fils de fermier, s’apprête à prendre le départ de la descente des Jeux Olympiques d’Innsbruck. 80 000 spectateurs se sont massés au Patscherkofel, dans l’espoir de voir ce jeune prodige détrôner le grand favori suisse Bernhard Russi, champion olympique en titre depuis Sapporo, quatre ans plus tôt.

LE POIDS DE TOUT UN PEUPLE SUR LES EPAULES D’UN JEUNE CHAMPION

Cette pression colossale, prête à anéantir le jeune Franz Klammer, est au cœur de Klammer, Chasing the Line. Le scénario s’intéresse aux cinq jours qui précèdent cette course historique.

Fort de ses précédentes victoires en descente, Franz se retrouve sous le feu des projecteurs, face aux attentes immenses de la presse et du public.

Le fabricant de skis et sponsor Fischer pousse Klammer, pour des raisons publicitaires, à changer de matériel juste avant la course. Il se retrouve ainsi avec des skis au design innovant, mais dont la conception lui fait dire, non sans une certaine pointe d’ironie : « Ils ont un trou… comme du fromage ! »

Dès les premières scènes, on voit Franz Klammer conduire une voiture jaune pour se rendre au village olympique. Cette couleur rappelle sa légendaire combinaison jaune jonquille qui l’a accompagné jusqu’à la victoire, comme si son destin était déjà scellé.

La scène où Franz Klammer croise pour la première fois son grand rival Bernhard Russi dans le village olympique d’Innsbruck est particulièrement marquante. La tension est palpable dans cette rencontre, et l’acteur autrichien Julian Waldner, qui incarne avec brio la complexité de son personnage, parvient à rendre avec subtilité l’admiration mêlée de crainte que Klammer ressent en apercevant celui qui domine la discipline.

A voir ou revoir :la scène où Franz Klammer croise pour la première fois son grand rival Bernhard Russi dans le village olympique d’Innsbruck

Au-delà de l’athlète, le film dépeint aussi l’espoir d’un peuple tout entier. Comme l’expliquera plus tard Russi, « Toute la montagne tremblait durant la descente de Franz. Les spectateurs l’ont poussé… il a choisi cette ligne directe qui paraissait impossible à prendre. »

UNE HISTOIRE D’AMOUR INCROYABLEMENT ROMANTIQUE

Mais Chasing the Line n’est pas seulement un récit de compétitions sportives, c’est aussi une belle histoire d’amour, incroyablement romantique, entre Franz Klammer et sa future femme, Eva. Un amour qui naît entre deux jeunes gens issus de mondes opposés : le garçon des montagnes de Carinthie et la fille d’un riche industriel viennois. Eva devient le pilier de Franz pendant ces quelques jours décisifs, apportant à la fois soutien et réconfort.

Très belle interprétation du couple Klammer (à droite) par les acteurs Valerie Huber et Julian Wagner (à gauche sur notre photo) – Photo copyright epo_Samsara – Christoph Thanhoffer

Le public s’attache vite à ce couple émouvant, à la fois humain, authentique et plein de tendresse.

Le film se termine sur une scène d’une simplicité touchante : « Est-ce que tu as toujours voulu devenir célèbre ? », demande Eva (Valerie Huber) à Franz, désormais médaillé d’or olympique. Avec un sourire satisfait, il répond : « En réalité, j’ai simplement toujours voulu faire du ski. » Une phrase à la fois modeste et pleine de sens, qui résume à elle seule l’essence de ce champion hors du commun et l’humilité qui l’a accompagné dans sa quête de gloire.

PORTER CETTE HISTOIRE EMBLEMATIQUE A L’ECRAN

Raconter l’histoire de Franz Klammer au cinéma n’a pas été une tâche facile. Plusieurs tentatives ont échoué avant que le producteur autrichien Jakob Pochlatko d’Epo-Film ne contacte le réalisateur Andreas Schmied. « J’ai grandi avec Franz Klammer », précise Schmied, soulignant l’importance de la légende vivante dans son pays natal. « Je savais à quel point Franz était un symbole. »

Le tournage a eu lieu sur plus de 30 jours, entre février et avril 2021, en Carinthie, au Tyrol et à Vienne. L’un des plus grands défis a été de recréer la célèbre course de 1976 d’une manière qui soit pertinente pour le public d’aujourd’hui. Pour le producteur Jakob Pochlatko, le choix évident était de filmer la course sur la montagne même où elle s’est déroulée : le Patscherkofel à Innsbruck.

Quand les acteurs champions prennent la pause pendant le tournage…Photo copyright epo_Samsara – Christoph Thanhoffer

Le tournage de la course de la victoire de Franz Klammer a nécessité un très gros travail logistique et technique, car en plus des prises de vue spectaculaires attendues de la course à ski, il est important de permettre de découvrir comment Franz Klammer a vécu les secondes les plus importantes de sa carrière. C’est Gérald Salmina, réalisateur du documentaire « Streif One Hell of a Ride » qui a filmé cette séquence de la course Olympique qui vient en apothéose du film, avec beaucoup de dynamisme et des plans qui renforcent la vitesse et l’adrénaline.

Tournage de la séquence de départ de la descente olympique de Franz Klammer – Photo copyright epo_Samsara – Christoph Thanhoffer

Le budget du film a atteint 5,5 millions d’euros. Dès le début, les Klammer ont apporté leur soutien au projet et ont agi en tant que conseillers. Bernhard Russi et Daron Rahlves, qui a doublé Klammer pour les scènes de ski, ont aussi été impliqués. Le couple Klammer a même visité le plateau de tournage à Innsbruck, un moment qui a ravi les habitants et renforcé la véracité du film.

Tournage de la séquence finale du film… avec Franz Klammer – Photo copyright epo_Samsara – Christoph Thanhoffer


Découvrez le Teaser du film Klammer – Chasing The Line

FICHE TECHNIQUE DU FILM KLAMMER, CHASING THE LINE

Sortie : 2021

Durée : 1h 40 min

Réalisation : Andreas Schmied

Scénario : Andreas Schmied, Elizabeth Schmied

Casting principal : Julian Waldner, Valerie Huber, Raphaël Tschudi, Robert Reinagl

Producteurs : Thomas Brunner, Dieter Pochlatko, Loredana Rehekampff, Gernot Schaffler, Andreas Schmied

Cinématographie : Xiaosu Han, Andreas Thalhammer

Montage : Gerd D. Berner 

Avant-première au Festival du Film de Zurich le 27 septembre 2021

Sortie en salles en Autriche le 28 octobre 2021

Un grand merci à Angelika Pagitz et à Anna Eisner de Cine Tyrol Film Commission pour leurs précieuses illustrations photographiques, qui ont grandement enrichi cette chronique.

À propos de Diane Doniol-Valcroze

Diane Doniol-Valcroze est diplomée de l’Université de New York (Master of Fine Arts in Filmmaking). Depuis 2006, Diane est scénariste à Hollywood et membre de la Writers Guild of America. Elle a plusieurs années d’expérience comme Script Doctor à la Metro Goldwyn Mayer et, plus récemment, à Paramount Studios. Diane améliore les scénarios de film en leur réinjectant des idées neuves, originales et novatrices pour l’emmener à bon port, vers le tournage. Elle a travaillé sur bon nombre de films et de séries à succès.

Sa passion pour le ski vient essentiellement de sa famille Savoyarde. Son grand-père, Pierre Cot, a été député de la Savoie de 1928 à 1951. Diane porte le ski dans ses gênes, entre une carrière dans le cinéma et une passion intacte pour les pistes enneigées.