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Nastasia Noens : « Je finis ma carrière en étant apaisée »

A 34 ans, Nastasia Noens a récemment mis un terme à sa carrière sportive à l’issue du slalom d’Are en Suède. Présente aux Finales de Coupe du monde à Soldeu, la skieuse niçoise est revenue pour TopSkiNews sur sa belle carrière pendant laquelle elle a été la chef de file des slalomeuses françaises pendant de très nombreuses années.

Quel regard portes-tu sur ta dernière saison en Coupe du monde ?

J’avais pris la décision l’année dernière de poursuivre encore une saison parce qu’il y avait la motivation de participer aux Championnats du monde.

Je suis complètement en paix avec cette décision. Je voulais vraiment aller chercher ce que j’avais au fond de moi et me prouver que je pouvais encore skier à haut niveau sur une saison de Coupe du monde.

Cela me tenait vraiment à cœur d’aller faire ces derniers Mondiaux en France. J’avais besoin aussi de changements et de retrouver un groupe. Je finis ma carrière en étant apaisée par rapport à l’année dernière. Je me sens beaucoup mieux !

Quel a été le meilleur moment de ta saison ?

Je pense que c’était le slalom de Zagreb. Sur cette course, j’ai pu sublimer mon ski. J’adore skier dans de telles conditions. Je termine 12e, cela reste ma meilleure performance cette saison avec celle de Killington où je fais la même place. Je cherchais à faire beaucoup mieux pour arriver avec un peu plus de confiance sur les Mondiaux.

Justement quelques mots sur Courchevel Méribel 2023 ?

J’ai senti que j’avais dans les jambes la capacité à aller chercher une place d’honneur, en tout cas dans les 7 premières. Malheureusement, la première manche ne s’est pas déroulée comme je voulais. Mais j’ai prouvé en 2e manche que j’étais encore dans le coup (Nastasia a signé le 3e chrono).

Nastasia Noens a disputé son dernier slalom en Championnats du monde à Méribel en février dernier – Photo copyright Agence Zoom/Christophe Pallot

Dans ton message de départ sur les réseaux sociaux, tu as utilisé toute une série de mots pour reparler de ta carrière. A commencer par « le ski, c’est ma vie »…

Le ski m’a guidé tout au long de ma vie parce que j’en ai fait une priorité. J’ai dû faire des sacrifices car je viens du Sud. Quand j’étais jeune, je pratiquais deux sports, la natation et le ski. J’ai dû faire un choix pour la 6e et je suis rentrée en ski étude en internat au Collège Jean Franco à Saint-Étienne-de-Tinée. Ensuite il a fallu que je fasse un choix crucial pour élever mon niveau. Je suis parti en Savoie et j’ai poursuivi mes études en seconde à Villard-de-Lans. C’est un peu le processus Savoyard habituel pour le haut niveau et je ne le regrette pas du tout.

Heureusement, mes parents étaient derrière moi pour pouvoir me donner toutes les chances pour pouvoir vivre ma passion. Je suis ensuite rentrée assez jeune à la Fédération, mais je pense que sans mon club, l’Interclub de Nice qui m’a toujours soutenu, cela aurait été très compliqué d’y arriver.

Tu as écrit que le ski, c’est ton oxygène…

Oui, j’en ai besoin pour me lever le matin pour pouvoir passer ma bouffée d’énergie. C’est sur les skis que je me sens la plus heureuse. J’ai besoin de ce sport pour pouvoir me challenger tout au long de ma journée et de ma vie.

C’est ce qui m’a transcendé tout au long de ma carrière. J’ai été privé de ski pendant quelques temps à cause de mes blessures. Et le ski me donnait envie d’aller chercher ce que j’aimais le plus au monde.

C’est sur les skis que Nastasia Noens se sent la plus heureuse – Photo copyright Instagram Nastasia Noens

Le ski, c’est aussi ton bonheur…

Je pense que cela va avec ce que j’expliquais juste avant. Cela m’a apporté énormément de choses. Quand on est sportif de haut niveau, on cherche qu’une chose : les victoires. Mais il n’y a pas que cela. Il y a d’autres challenges et d’autres choses qui rentrent en compte. 

Quand je fais le bilan de toute ma carrière, je sais que ça a été mon bonheur même si cela n’a pas été rose tous les jours.

C’est ce qui me permet aujourd’hui d’être fière de tout cela.

Le ski a été pour toi un combat ?

Oui parce qu’il faut en permanence se faire une place parmi cette élite mondiale. Quand tu viens du Sud, c’est déjà un premier combat. Ensuite malheureusement, je me suis énormément blessée. A chaque fois, c’est une remise en question et aussi un processus où tu repars complètement à zéro. Cela m’a fait énormément grandir et cela m’a redonné encore plus l’envie de revenir à mon meilleur niveau.

Ce sont des moments douloureux mais j’en avais besoin pour challenger ma vie. C’est ce qui fait que je suis devenue une personne aussi forte aujourd’hui.

En Coupe du monde, toutes les filles se battent pour monter sur la boîte. Peux-tu me donner ton podium personnel avec 3 moments de bonheur dans ta carrière ?

D’abord, il y a mon premier podium au slalom de Flachau en janvier 2011. C’est quelque chose que je cherchais à réussir et des filles de mon âge l’avaient déjà fait. Flachau restera l’endroit préféré de toute ma carrière. Il y a une ambiance dingue et on est au pays du ski, l’Autriche. Avoir réussi à faire mon premier podium là-bas avec 2 grandes championnes à mes côtés (L’Autrichienne Maria Riesch et la Finlandaise Tanja Poutiainen, toutes les deux ex-aequo) restera le plus beau souvenir de ma carrière.

Ensuite, il y a les Mondiaux de Val d’Isère en février 2009. Il s’agissait de mes premiers Championnats du monde et beaucoup de niçois avaient fait le déplacement. J’ai fait une très bonne course et à 18 ans, j’ai terminé 13e ! Il y avait une ambiance incroyable. Je n’avais qu’une envie, c’est de défendre mes chances sur cette Face de Bellevarde qui faisait assez peur. J’ai réussi à faire de mon mieux, à lever les bras en bas et faire « sauter » tout le monde.

Enfin, il y a cette saison 2015/2016 qui a été la plus belle de ma carrière. Je tournais autour du podium en terminant 4e, 5e… Je n’arrivais pas à monter sur la boîte et puis il y a eu le slalom de Crans Montana en février 2016. Les conditions étaient dantesques et la combattante qui est en moi a réussi à aller chercher cette 2e place juste derrière Mikaela Shiffrin.

As-tu déjà des idées d’activités pour ta reconversion ?

Il y a à peine quelques jours que j’ai raccroché mes skis de compétition. J’ai envie de me laisser du temps et de faire redescendre la pression. J’ai plein de projets dans la tête, je suis une hyperactive et je sais qu’il faut que je canalise tout cela. J’ai aussi besoin de me challenger et de retrouver cette adrénaline dans d’autres projets.

Maintenant, c’est le bon timing pour profiter et célébrer avec le monde du ski ma fin de carrière au Tournoi des Douanes à Morzine, aux Championnats de France aux Orres, au Super Slalom à La Plagne, au Winter Legacy à Courchevel…

Nastasia Noens a terminé sa carrière de skieuse à haut niveau de la plus belle des manières en remportant le slalom du tournoi des Douanes et en étant sacrée pour la 8e fois Championne de France Elite de Slalom.

Interview de Nastasia Noens à l’arrivée du slalom des Championnats de France aux Orres – Crédit images FFS TV