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« Derrière le micro » avec FX Rallet

Depuis deux ans, il est devenu la voix du ski alpin sur Eurosport. Entretien avec FX (François-Xavier) Rallet, passionné de journalisme et de ski, qui sera derrière le micro pour nous faire vivre en live le prochain week-end de Coupe du monde du Critérium de la Première Neige à Val d’Isère.

Photo à la Une : FX Rallet à droite avec JP Vidal à gauche dans leur cabine de commentateur pour Eurosport (Photo avant COVID)

Pour celles et ceux qui ne te connaissent pas encore, peux-tu nous parler de ton parcours journalistique ?

Tout jeune, j’ai hésité à m’orienter vers le professorat de sport ou le journalisme. Après un Bac L et une licence d’histoire, je me suis naturellement, et par passion, orienté vers le journalisme.

En août 2003, je rentre chez Eurosport pour effectuer un stage d’un an à la programmation. Je voulais mettre un pied dans la porte… Avant d’intégrer en alternance, en octobre 2004, la rédaction du site internet d’Eurosport me permettant de poursuivre mes études au CFPJ (Centre de Formation et de Perfectionnement des Journalistes). On m’a confié la rubrique sports d’hiver ce qui m’a permis de toucher à toutes les disciplines (biathlon, combiné nordique, ski alpin, …).

Depuis deux ans, j’ai la chance de commenter à l’antenne d’Eurosport. Il m’arrive de travailler aussi sur d’autres sports comme le tennis, le handball et le cyclisme.

Pour autant, je continue d’être journaliste sur les supports digitaux d’Eurosport où je réalise notamment Bistrot Vélo le lundi avec Guillaume di Grazia. C’est notre bébé à tous les deux depuis trois saisons. Je tiens beaucoup à cette émission.

D’où vient ta passion pour le ski ?

Je ne suis pas du tout originaire des montagnes. Je suis né en région parisienne et ma famille est éparpillée dans toute la France. J’ai eu la chance d’avoir des parents qui nous emmenaient tous les ans mon frère et moi au ski. J’ai passé ma 1re, ma 2e étoile… jusqu’à la flèche de bronze vers 10-11 ans.

Ma passion pour la glisse est donc née en vacances. Mais j’ai aussi pris le goût du ski à l’époque où Nicolas Souchon et Christophe Josse commentaient sur Eurosport.  Puis en regardant les courses et en écoutant Alexandre Pasteur avec Franck Piccard, Jean-Pierre Vidal, Pierre-Emmanuel Dalcin, Gauthier de Tessières. Ce sont mes références, mes modèles.

Comment te prépares-tu à commenter le week-end de vitesse avec une descente et un Super-G à Val d’Isère ?

D’abord, si j’ai le temps, je revois les images des courses des années précédentes. Et pour Val d’Isère, je visionnerais les dernières épreuves de vitesse sur la Oreiller-Killy, notamment la descente 2007 restée mythique (il sourit)…

Je m’appuie aussi sur une base de données personnelles. Elle regroupe des notes, tous les résultats, les palmarès, les infos sur le matériel, les partenaires… de tous les athlètes en activité. Avec tous les skieurs les plus connus mais pas uniquement. Ce fichier est pour moi d’une richesse et d’une aide indispensables. C’est un truc de fou, mais c’est passionnant à faire.

Le soir, veille de course, dès que la starting-list est connue, le fichier est mis à jour. Ma femme m’aide, mes enfants aussi parfois. C’est génial de partager ça avec eux. C’est un beau travail d’équipe (il sourit).

Je suis bien entendu en contact durant tout l’hiver avec nos consultants. On se contacte régulièrement pour partager les dernières infos, pour prendre des nouvelles. J’aime bien aussi appeler les coureurs, les coaches, les techniciens.

Comment se déroule ta journée lorsque tu commentes une course de Coupe du monde ?

Même si le gros de mon travail de préparation a été fait en amont, je suis un lève-tôt. Avant une course importante, j’ai du mal à bien dormir. Si le départ de course est vers 10h, j’arrive à Eurosport vers 7h pour les derniers réglages. Avec le consultant, nous appelons les coaches de l’équipe de France et de certaines autres nations pour avoir les dernières infos sur la météo, la piste et sur la forme des athlètes. Pour prendre la température.

On utilise ce temps pour bien se coordonner. Rien n’est laissé au hasard, il faut tout prévoir : une éventuelle interruption de course due à la météo, une chute, … Et quand tout se déroule normalement, le fil rouge est exceptionnel, il n’y a jamais de temps mort.

Nous rendons l’antenne vers les dossards 30-40 mais nous suivons le faisceau jusqu’au dernier athlète. Et puis, si c’est un géant ou un slalom, il est l’heure de remettre mon fichier à jour avant la seconde manche. C’est un peu speed mais ça permet de ne rien rater. Les gros palmarès, on les connaît. En revanche, un Néerlandais qui se qualifie en géant, ça n’arrive pas souvent. Ce temps-là me permet de faire quelques recherches.

Quand on commente une seconde manche, avec mon consultant, on essaye de mettre de plus en plus d’intensité lorsqu’on se rapproche du passage des meilleurs. Et d’ailleurs pendant les coupures pub, on se remotive. C’est decrescendo en première manche et crescendo en seconde ! Ce fameux money time si important pour transmettre des émotions…

Qui sera en cabine avec toi samedi et dimanche pour commenter les courses du Critérium de la Première Neige ? Ou serez-vous ?

Pierre-Emmanuel Dalcin commentera la descente samedi et le Super-G dimanche à Val d’Isère. Nous serons en cabine (chacun la nôtre, compte tenu des règles sanitaires) chez Eurosport en région parisienne. C’est un vrai régal de commenter avec lui. Il a ce côté un peu chambreur mais il est profondément respectueux de ce sport. Depuis trois saisons, je suis chanceux d’être entouré par ces consultants si talentueux.

FX Rallet retrouvera Pierre-Emmanuel Dalcin (à droite) ce week-end pour commenter les épreuves de vitesse à Val d’Isère

Quel est ton meilleur souvenir de commentateur pour le ski ?

Quand tu commentes sur place, tu ressens beaucoup plus les choses que lorsque tu es en cabine à Issy les Moulineaux chez Eurosport. Bien évidemment. J’ai un souvenir très particulier d’un Super-G à Kitzbühel il y a deux saisons quand Johan Clarey fait 2e.

La veille de la course, je suis malade comme un chien, je ne dors pas de la nuit. Le matin, je me demande comment je vais pouvoir commenter. Pour une fois, je n’ai pas de médicament et JP Vidal, avec qui je suis en Autriche, part à l’hôtel de l’équipe de France récupérer ce qu’il faut pour me soigner auprès du médecin des Français.

Quand le live démarre, je vais toujours aussi mal mais c’est la magie de ce métier : mon cerveau opère alors un blackout total. Et pendant l’heure et demie de retransmission, seule la course m’importe. On ne pense à rien d’autre. Vraiment.

Je vis alors quelque chose d’extraordinaire au sens premier du terme. Parce que je suis dans la Mecque du ski à Kitzbühel. Devant moi, il y a 50 000 fans dans l’aire d’arrivée. L’impression d’être dans un chaudron, la cabine vibre, c’est impressionnant, magique. Mémorable.

La course est extraordinaire, Johan Clarey fait deuxième et on passe un moment de fou à commenter cela. Ce podium m’a vraiment marqué, un Français qui brille à Kitz, on ne peut pas l’oublier !

Au pied de la mythique Streif à Kitzbuhel avec Jean-Pierre Vidal.

Il y a aussi le titre de champion du monde d’Alexis Pinturault à Are en combiné alpin. C’est hyper émouvant. On est sur place, c’est un Français qui gagne. On rend l’antenne, je descends avec JP Vidal voir Alexis dans la zone mixte pour avoir ses premiers commentaires. J’ai choisi cette vocation de journaliste pour être au contact des athlètes. Et là je me dis : « FX, tu fais le plus beau métier du monde ! »

Championnats du monde 2019 à Are en Suède, FX Rallet avec Alexis Pinturault (au centre)
et Jean-Pierre Vidal (à droite).

Et ton plus mauvais souvenir ?

Pour moi, c’est les blessures. Un des derniers souvenirs que j’ai, c’est à Val d’Isère. Steve Missilier se blesse au talon d’Achille et on sait que cela signifie la fin de sa carrière. Je ne supporte pas quand un athlète n’a pas son mot à dire pour choisir le moment de terminer son aventure professionnelle.

Autre moment très difficile : le décès de David Poisson en 2017. Je me souviens avoir longuement appelé Blaise Giezendanner, qui n’était pas à Nakiska, car blessé. C’était très dur.

Peux-tu partager quelques chiffres d’audience d’Eurosport sur le ski alpin ?

La saison dernière, sur l’ensemble des courses de Coupe du monde, l’audience d’Eurosport a progressé de 49% (En Year to Year). Les équipes éditoriales et en régie font un travail remarquable. On a battu aussi tous les records d’audience de ces cinq dernières années, avec notamment un pic à 300 000 téléspectateurs à l’occasion de la deuxième manche du Géant de Garmisch. Un grand merci aux gens passionnés qui nous suivent tout l’hiver. Car ces records, c’est surtout grâce à eux.

Ton pronostic pour le gros globe de cristal hommes et dames cette saison ?

L’absence de combinés cet hiver en Coupe du monde ne plaide pas en faveur de Pinturault. Mais le Français, archétype de la polyvalence, a pris du plomb dans la tête l’hiver dernier, en passant si près du gros Globe.

Il a compris qu’il ne pouvait pas se contenter de ne viser que la victoire ou le podium à chaque fois. Une 4e ou 5e place rapporte de gros points (souvenirs de Chamonix…) et quand il parle de “faire le dos rond parfois”, il fait évidemment référence à ce genre de courses qu’il ne peut pas gagner mais qu’il doit gérer de la meilleure des façons d’un point de vue comptable.

Avec 11 slaloms au programme, Kristoffersen va se régaler. Le plus sérieux rival pour le Français. Ce début de saison a montré que Marco Odermatt était aussi un candidat crédible. Lundi, on a vibré lors de sa victoire à Santa Caterina. Très grand moment.

Chez les dames, si Mikaela Shiffrin dispute 80% des courses, il n’y aura pas match. Absente à Sölden, dominée à Levi, elle part avec un léger retard. Aux autres et Petra Vhlova en particulier d’en profiter.

Y a de la joie dans l’équipe Eurosport : ici FX Rallet avec Gauthier de Tessières (à droite).